Documents de ce groupe

GROUPE XIX
VILAYET DE DAMAS ET
SANDJAK DE DEIR-EL-ZOR

Alep ne devait pas être la destination finale des déportés arméniens. Un certain nombre d'entr'eux, parmi les premiers arrivés, furent envoyés dans le district marécageux et fiévreux qui se trouve à une courte distance au Sud et au Sud-Est de la ville, mais de beaucoup le plus grand nombre fut envoyé à plusieurs journées de distance de là.

La ville d'Alep est située sur les pentes intérieures d'un grand amphithéâtre désert qui s'appuie sur les montagnes du Liban, du Taurus et du Kurdistan et qui va en pentes douces au Sud-est vers les plaines d'alluvion du Golfe Persique, tandis qu'au Sud il atteint insensiblement les hautes terres du désert de la Péninsule Arabique. Le climat de cette région présente un contraste frappant avec celui des plateaux de l'Anatolie et de l'Arménie, qui sont le pays natal de la race arménienne. Au point de vue climatérique et géographique, l'Arménie et l'Anatolie font partie intégrante de l'Europe, tandis que la Syrie et la Mésopotamie, qui confinent à l'Arabie se rapprochent comme elle du climat Saharien de l'Afrique du Nord. La ligne de séparation entre ces deux climats est formée par les escarpements Sud du Taurus et la transition est brusque.

Le motif avoué de la déportation des Arméniens de ces contrées était de les soustraire au voisinage des frontières russes et du Littoral Méditerranéen et de les transporter au milieu d'une population musulmane compacte, de langue étrangère (arabe), où ils devaient se trouver politiquement isolés et en minorité numérique absolue. Mais le résultat fut en réalité que des populations accoutumées à un climat tempéré se trouvèrent exposées à un climat saharien et cela dans les conditions les plus mauvaises qu'on peut imaginer pour faire subir un tel changement à des malheureux manquant de vivres, de vêtements, d'abris et physiquement épuisés par des mois de marches à pied, sur les routes les plus dures.

Les deux points principaux choisis par le Gouvernement Ottoman pour la déportation furent Damas, qui est situé au sud d'Alep et qui est voisin, comme Alep même, du bord intérieur de l'amphithéâtre, et Deïr-el-Zor, qui se trouve plut à l'intérieur, à une distance considérable, à six jours de voyage en voiture d'Alep, en descendant le cours de l'Euphrate, où ce fleuve se dirige vers le désert, à travers les montagnes d'Arménie et les alluvions du Golfe. Quelques convois avaient été envoyés encore plus loin, à une journée de marche, à Mayadine, (Doc 68), et on a même signalé leur présence (Doc. 6 et 52) à 48 heures de voyage de Bagdad.

La situation de ces déportés, après leur arrivée à destination, est assez clairement exposée dans les documents du présent groupe. Le doc. 71 montre qu'au 12 juillet il y avait déjà un grand nombre de Ciliciens campés à Deïr-el-Zor, tandis qu'il ressort du Doc. 70 qu'ils ne commencèrent pas a arriver à Damas avant le 12 août 1915.

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DOCUMENT 70

Damas. - Rapport d'un résident étranger à Damas, daté du 20 septembre, mais contenant des informations allant jusqu'au 3 octobre 1916 : communiqué par le Comité Américain de Secours aux Arméniens et aux Syriens.

DOCUMENT 71

Deir-el-Zor. - lettre datée du 12 juillet 1915 de Schwester L. Mohring, missionnaire allemande, décrivant son voyage de Bagdad aux passes de l'Amanus. Publiée dans le journal allemand Sonnenaufgang, de septembre 1915.