Mémorandum du rédacteur de ce volume

 

Les documents réunis dans ce volume s'expliquent d'eux-mêmes pour tous les faits qui y sont mentionnés, et si le lecteur désire un aperçu des événements décrits, pour le guider dans le détail, il le trouvera dans le « Résumé Historique », à la fin du volume, en particulier dans le Groupe V.

Dans ce Mémorandum préliminaire, le rédacteur de ce volume n'a qu'à mentionner simplement les sources, la nature et la valeur des documents, et à expliquer le plan qui a été suivi.

Les sources des documents sont très variées. Quelques-uns d'entr'eux ont été directement communiqués par leurs auteurs eux-mêmes, ou, dans le cas de lettres privées, par leurs destinataires. Plusieurs de ceux concernant la distribution de secours au Caucase russe, ont été obligeamment remis au rédacteur par le « British Foreign Office ». Il en a reçu d'autres grâce à l'obligeance de personnalités telles que Lord Bryce, qui a dirigé le travail d'un bout à l'autre et a très généreusement consacré son temps et ses pensées à en faire une œuvre aussi exacte et complète que possible. Il en a reçu également de plusieurs membres de l’ « American Committee for Armenian and Syrian Relief »1 ; du Rev, G. T. Scott, secrétaire-adjoint du Conseil des Missions Etrangères de l'Eglise Presbytérienne des Etats-Unis d'Amérique ; de Mr. Archag Tchobanian ; du Dr. Herbert Adams Gibbons; du Dr. William Walter Rockwell, de l' « Union Theological Seminary » de New-York ; du Rev. Stephen Trowbridge, secrétaire du Comité de la Croix-Rouge Américaine au Caire ; du Rev. I. N. Camp, missionnaire au service du Conseil Américain de Commissaires des Missions Etrangères, actuellement résidant au Caire ; de Mr. Aneurin Williams M. P. ; du Rev. Harold Buxton, trésorier de l' « Armenian Refugees » (Lord Mayor's) Fund ; de Mr. J. D. Bourchier, correspondant du Times de Londres aux Balkans ; de Mme D. S. Margoliouth d'Oxford ; du Rév. F. N. Heazell, secrétaire de la Mission Syrienne de l'Archevêque de Canterbury ; de Mr. G. H. Paélian, citoyen américain, résidant à Londres ; de Mr. A. S. Safrastian de Tiflis, et de Mr. H. N. Mosditchian, de Londres. La presse a été aussi une source de documentation. Des dépêches, des lettres et des rapports empruntés aux journaux anglais, américains, suisses, français, russes, italiens et même allemands, ainsi qu'aux journaux arméniens, publiés à Tiflis, Londres et New-York, ont été réimprimés dans ce volume. Les éditeurs de l’Ararat, du Gotchnag et du New-Armenia se sont montrés des plus obligeants envers le rédacteur et ont gracieusement mis à sa disposition, à titre gratuit, des exemplaires de leurs publications.

Les documents sont tous publiés ici en anglais, mais le Rédacteur les a reçus écrits en différentes langues, non pas seulement en anglais, mais en français, italien, allemand et arménien. Les traductions du français, allemand et italien ont été faites par lui avec le concours de sa femme. Pour la traduction des documents arméniens, il en est redevable à M. Paélian, qui a consacré une grande part de ses rares loisirs pour lui rendre ce très grand service. Sans l'empressement et la bonne volonté de Mr Paélian, le travail eût été considérablement retardé.

La nature des documents varie avec les écrivains qui les ont produits. Quelques-uns des témoins sont des habitants indigènes du Proche-Orient, Arméniens ou Nestoriens, — eux-mêmes victimes des atrocités ou intimement liés à ceux qui ont pris part aux scènes décrites. Toutefois, la majorité des témoins sont des résidents étrangers de l'Empire ottoman, ou de la province persane d'Azerbaïdjan et tous ces témoins sont des sujets de pays neutres, américains ou européens, — missionnaires, professeurs, docteurs, infirmières de la Croix-Rouge, ou fonctionnaires. Un petit nombre d'entre les témoins (et ce sont ceux dont le témoignage a le plus de poids), sont des sujets de pays alliés de la Turquie dans la guerre actuelle.

La valeur des documents dépend naturellement de la situation et de la moralité du témoin et des occasions qu'il put avoir de connaître les faits. Le Rédacteur est intimement convaincu que tous les documents publiés ici sont des exposés sincères de la vérité et il les publie dans cette conviction. Sans doute, des erreurs seront découvertes par ci par là, mais il croit que toutes erreurs qui pourraient s'y être glissées auront été commises de bonne foi, et qu'elles ne peuvent toucher que des points de détail qui ne sauraient affecter la vérité de l'ensemble. Il se rend compte aussi que si on les considérait au point de vue de la preuve légale à faire devant un tribunal, ces documents sont de valeur inégale. A ce point de vue légal, ils peuvent être répartis en plusieurs classes :

(a) Témoignage publié par l'éditeur d'un journal allemand, en Allemagne, et supprimé par la censure impériale allemande. (Doc. 7). Ce témoignage est nécessairement au-dessus de tout soupçon de prévention contre les Turcs.

(b) Documents écrits par des Allemands, témoins oculaires des événements qu'ils décrivent (Doc. 10, 13, 37, 71) ou par des témoins oculaires neutres, résidant en Turquie, au service d'institutions philanthropiques ou de missions allemandes, ou de la Croix-Rouge allemande (Doc. 21, 22, 49, 69). Ce témoignage est également au-dessus de tout soupçon soit de partialité contre les Turcs, soit d'être favorable aux Arméniens.

(c) Documents écrits par d'autres témoins oculaires neutres, surtout des Américains et des Suisses, qui n'ont aucune attache publique ou privée avec l'Alliance Turco-Germanique ou l'Entente et qui, selon toute présomption, n'ont aucune inclination pour l'une ou l'autre des deux parties. Les documents de cette nature constituent la plus grande partie des matériaux de ce volume, et pratiquement ils sont tous des écrits de première main. Il n'y a aucun motif apparent pour ne pas leur accorder toute confiance.

(d) Documents écrits par des habitants arméniens ou nestoriens des régions en question. Ces témoignages indigènes peuvent paraître avoir moins de force que les autres, les témoins ayant souffert personnellement des horreurs qu'ils décrivent et étant exposés à être plus influencés et plus prévenus par leur émotion que des observateurs étrangers. Des erreurs de détails sont plus vraisemblables ici, surtout en ce qui concerne l'évaluation des nombres. Le Rédacteur désire cependant répéter ici qu'après avoir comparé entr'eux les divers récits de ces témoins et les avoir aussi comparés avec les documents des trois classes ci-dessus, il est convaincu de l'exactitude des témoignages dans leur essence, quelle que soit la catégorie ci-dessus à laquelle ils appartiennent.

Le nombre total des témoignages est élevé, ainsi que le montre l'épaisseur de ce volume, et ceci est d'autant plus satisfaisant que le gouvernement ottoman avait pris toutes les précautions possibles pour empêcher que les faits ne vinssent à la connaissance du monde, hors de l'Empire. Les communications privées postales et télégraphiques étaient supprimées entre Constantinople et les provinces, ainsi que celles des diverses provinces entr'elles. On établit une censure sévère à la sortie de tous les courriers et on défendit même aux Consuls des pays neutres de télégraphier en chiffre ; les voyageurs sortant de Turquie étaient fouillés et on saisissait tous les bouts de papier écrits ou blancs qu'on trouvait sur eux. Une citation d'une lettre écrite par l'auteur d'un de nos documents2, immédiatement après qu'elle eut passé saine et sauve la frontière ottomane, donnera une idée de la sévérité de cet « embargo » officiel mis sur les nouvelles de toutes sortes :

« Comme je venais de sortir des mains du censeur, on m'a demandé de vous écrire pour vous renseigner sur la situation réelle dans notre partie du monde; à mon avis, la censure est maintenant pire qu'elle n'était autrefois, car maintenant elle a des hommes très exercés. Un de nos censeurs avait eu cinq années d'expérience au bureau de poste de New York. Si nos lettres semblent dire peu, veuillez vous rappeler que les censeurs ont les ordres les plus sévères de ne laisser rien passer sur la politique, la guerre et même sur la misère. La moindre phrase touchant ces sujets est découpée, ou marquée ou effacée à l’encre. Une dame allemande avait écrit à un de ses amis en Allemagne, lui parlant dé la misère à BM. et lui demandant de lui envoyer des secours ; elle avait intentionnellement évité de mentionner les causes de cette misère, se contentant de mentionner cet état de choses. Les seules parties de la lettre qui parvinrent à son ami étaient des phrases du commencement et de la fin de la lettre ; les ciseaux avaient emporté le reste. Et comme Mme E. me l'a dit : « Je vous prie de dire à nos amis d'Amérique que lorsqu'en écrivant nous parlons de concerts, de réunions à la campagne de choses de ce genre, cela ne veut pas dire que le pays soit sûr, ou que le travail marche comme à l'ordinaire : nous n’écrivons que cela, parce qu'il ne nous est permis d'écrire rien d'autre. »

En conséquence, presque tous les témoignages viennent de résidents en Turquie qui ont assisté, comme cette dame, aux événements survenus dans un ou plusieurs districts et qui ensuite ayant quitté la Turquie, pour passer dans quelque autre pays, ont pu écrire ce qu'ils avaient vu, sans danger pour leur existence. Cependant, même sur un terrain neutre, ces témoins ne sont pas encore à l'abri des vengeances turques. Beaucoup d'entr'eux désirent reprendre leur travail en Turquie à la première occasion, et presque tous ont encore des intérêts dans le pays, ou des camarades et des amis qui sont autant d'otages entre les mains du Gouvernement ottoman. Ce Gouvernement est connu pour avoir des agents en Europe et peut-être même en Amérique, chargés de dénoncer tôt ceux qui dévoilent ses méfaits. Et la bande des Jeunes Turc qui tiennent le Gouvernement Ottoman, n'ont ni honte ni scrupules à tirer vengeance par tous les moyens possibles, de ceux dont ils sont absolument impuissants à réfuter les accusations devant le Tribunal du monde civilisé. Il est donc absolument essentiel de ne pas mentionner, dans beaucoup de cas, les noms des témoins eux-mêmes, ainsi que des personnes et des localités citées dans leurs dépositions ; en fait, quelques-uns des documents n'ont été communiqués à l'auteur qu'à cette condition expresse, par exemple : le document qui lui était envoyé avec la lettre qui vient d'être citée plus haut. « Puis-je vous demander cependant, continue cette même lettre, de ne pas publier mon nom, ni celui d'aucun des missionnaires de BM., pas même le nom de BM., ou d'aucun des endroits que je mentionnerai, car la censure est si sévère et terrible maintenant, que la seule mention des noms nous met immédiatement en suspicion. Puis-je donner un exemple? Le Dr. E. et le Dr. L., qui sont l'objet de pareils soupçons, ont trouvé tant de mauvaise volonté que depuis des mois ils n'ont pas pu faire parvenir une simple lettre privée à leur famille qui se trouve en Amérique. Et toute la station AC. étant également suspectée, cela a suffi pour empêcher la plupart des lettres qui de là vous ont été écrites, ainsi qu'à Mr. N., de parvenir à destination. Nous avons la certitude que cela est dû à un rapport sur le travail musulman qui vous a été envoyé »

Miss A., l'auteur du Doc. 64, qui est un des principaux témoins pour les événements de AC., insiste elle aussi fortement sur ces mêmes considérations :

« Pour le salut des personnes laissées en Turquie et spécialement de mes orphelins, j'espère que rien ne sera publié comme venant de moi. Si un seul mot de ce que j'écris parvenait en Turquie, il en pourrait résulter de très graves conséquences pour eux.

« Quoiqu'on laissât bien peu de magazines et de journaux arriver à l'intérieur, il nous en arrivait cependant un occasionnellement ; dans les villes du littoral, on découpe des morceaux d'un journal et on les vend à des prix élevés aux Turcs. J'ai précisément quitté mon poste, parce que j'ai pensé que ma présence là pouvait devenir dangereuse pour ceux qui m'étaient confiés ; mais si on apprenait en Turquie quoi que ce soit de ce qu'on y suppose que j'ai écrit, je crois que toute ma Communauté aurait à en souffrir. Je ne crois pas que ceux qui sont hors de Turquie peuvent bien se rendre compte du danger que les lettres mêmes font courir à ceux restés dans le pays. Les autorités locales paraissaient être toujours aux aguets pour découvrir un motif de plainte contre les missionnaires et les Arméniens.

« Les malheureux réfugiés que nous avons vus à BF ; à notre passage, nous prièrent de les secourir ; mais lorsque nous arrivâmes à BJ ; les missionnaires de cette ville nous dirent qu'on leur avait défendu de leur venir en aide. Une femme avait été emmenée au Gouvernorat parce qu'on l'avait trouvée secourant des familles pauvres dans son district, qu'elle avait l'habitude de visiter depuis des années. Il y avait beaucoup de malades à BF ; et le pasteur ainsi que d'autres personnes nous adressèrent des cartes postales, nous priant d'envoyer du secours rapidement. Un homme me demanda de lui prêter un peu d'argent, disant que je pourrais me faire rembourser par son frère en Amérique. C'est le danger que je lui aurais fait courir qui m'a fait hésiter. L'argent fut finalement envoyé, mais on tremblait à la pensée des conséquences que cela pouvait avoir. Il en était de même dans tout le pays.

« Lorsqu'on voyait ces malheureux dans le besoin, on se demandait constamment : « Un secours les mettrait-il en danger ? ». On nous imposait constamment de nouvelles règles, en sorte que si quelqu'un écrivait une lettre, elle pouvait se trouver enfreindre les règlements nouveaux avant qu'elle n'arrivât à destination. Tout l'argent déposé dans les banques et toutes les propriétés appartenant aux exilés, étaient confisqués par le Gouvernement. Les gens déportés de AC. l'ignoraient, lorsqu'ils nous écrivirent, après avoir dépensé tout ce qu'ils avaient emporté avec eux. Et c'est ainsi que nous apprîmes qu'ils n'avaient plus ni argent, ni propriétés.

« Mais nous étions dans l'impossibilité de le leur faire savoir, de sorte qu'ils continuaient à nous écrire lettre sur lettre.

« Nous sentions tout le temps que nous étions entourés de pièges. Les plus courageux des Arméniens n'osaient venir me voir, pas plus que je ne pouvais allez chez eux. Nous devions nous rencontrer dans des établissements publics, s'ils avaient besoin de me voir.

« Nul vivant en liberté ne peut comprendre ce que c'était que de se trouver en Turquie pendant ces jours. »

En présence de ces faits, le lecteur verra que la publication des noms, dans les circonstances actuelles, équivaudrait souvent à un grave et périlleux abus de confiance. En conséquence, le Rédacteur a substitué des lettres choisies arbitrairement aux noms des personnes et des localités, ainsi qu'il a été fait dans la citation précédente, — en se bornant à ne le faire qu'au cas où c'était absolument nécessaire, et sans faire subir aux documents le moindre changement qui puisse en affecter la substance. Une clé complète de ces lettres conventionnelles a été préparée et communiquée confidentiellement au Foreign Office, à Lord Bryce, au Dr Barton et au Rev. G. T. Scott ; cette clé sera publiée aussitôt que les circonstances le permettront ou, en d'autres termes aussitôt que les dangers qui menaçaient les personnes visées auront cessé d'exister.

On peut s'attendre à ce que le Gouvernement ottoman, ainsi que ses alliés, dont le nom est presqu'aussi sérieusement compromis par les faits que le nom ottoman, fera tout son possible pour tirer parti des précautions qui nous sont imposées par sa propre manière d'agir envers ses sujets chrétiens, et pour contester la véracité des documents édités sous la forme que nous venons d'indiquer. C'est la ligne qu'ils ont adoptée dans le cas des témoignages relatifs à la conduite de l'armée allemande en Belgique, qui furent publiés avec les mêmes réserves, également nécessaires. Le Rédacteur peut devancer de telles critiques de mauvaise foi, en exposant clairement dès aujourd'hui les principes d'après lesquels cette suppression des noms a été faite :

(a) Les noms des personnes ne sont pas publiés dans ce volume, à moins qu'ils n'aient déjà été publiquement imprimés pour les mêmes faits, et à moins que la personne en question soit à l'abri d'une vengeance turque.

(b) Les noms des lieux sont publiés toutes les fois que cela est possible. On ne s'abstient de les mentionner, que lorsque leur publication révélerait sans aucun doute l'identité des personnes citées dans le document.

(c) Tous les noms omis sont remplacés dans le texte par des lettres majuscules de l'alphabet, ou des combinaisons de lettres majuscules. Ces lettres ne sont pas les initiales du nom en question, mais ont été choisies dans un ordre arbitraire, à mesure que les documents arrivaient entre les mains de l'auteur.

(d) Le nom de chaque endroit est toujours représenté, au cours de ce volume, par les mêmes lettres ; par exemple « X » représente la même ville, aussi bien dans le premier que dans le onzième groupe de ce volume.

(e) Dans le cas de noms de personnes, les mêmes lettres ne s'appliquent à la même personne que dans un seul groupe de ce volume. Exemple : Miss A... représente la même personne dans tous les documents du groupe XVII, mais dans les documents du groupe XI, Miss A... représente une personne différente.

Le Rédacteur désire déclarer une fois de plus que tous ces documents, dans lesquels les noms sont remplacés par des lettres, ne sont pas le moins du monde d'une valeur moindre au point de vue des preuves, que les documents dans lesquels les noms n'ont pas été supprimés.

Si le lecteur désire en avoir la confirmation, le Rédacteur donne comme référence les personnalités ci-dessus mentionnées, qui ont été en possession de la clé confidentielle.

Il y a cependant d'autres documents encore où les noms, pour des motifs identiques, n'ont pas été communiqués au Rédacteur, soit par les auteurs des documents eux-mêmes, soit par les personnes à l'entremise desquelles il les doit ; il a été fait de même pour les documents dont pour une raison quelconque, la source première est obscure. Le Rédacteur a eu soin d'indiquer ces cas aussi clairement que possible.

Lorsque dans le texte se trouve un nom, soit d'un endroit, soit d'une personne qui lui sont inconnus, il a eu soin de le laisser en blanc (……………) ; et lorsque le nom de l'auteur du document lui est inconnu, il l'a indiqué dans un renvoi du titre, qui se trouve en tête du document lui-même3.

Le Rédacteur se rend naturellement compte que ces derniers documents, qu'il ne possède que sous une forme défectueuse, ne peuvent pas être présentés par lui comme des preuves dans le sens strict, et peuvent plausiblement être répudiés par les parties dont ils décrivent les crimes ; il est d'autant plus disposé à admettre cette objection légale, que ces documents ne font que confirmer ce qui a déjà été établi par d'autres témoignages indépendant d'eux. Leur nombre ne dépasse pas 22 sur une collection de 150 documents. Et si on les met de côté, le tableau présenté par le plus grand nombre des autres documents qui ne peuvent être contestés, reste parfaitement précis et complet. Le Rédacteur les a publiés dans leur ordre naturel, avec les autres, parce qu'il n'a pas plus de doute sur leur véracité que sur celle des autres, et cela pour de bonnes raisons, car des vingt-deux documents en question, il n'y en a pas moins de onze qui lui ont été communiqués par l' « Ame rican Committee for Armenian an Syrian Relief  », composé de citoyens de haute moralité d'un pays neutre, de gentlemen d'une bonne foi impeccable. Il répète toutefois que ces vingt-deux documents ne sont nullement essentiels pour l'appréciation de l'ensemble de la cause.

Les documents sont classés en groupes, dans un ordre géographique, et disposés, autant que possible dans l'ordre chronologique dans lequel les différentes régions ont été affectées par le plan du Gouvernement Ottoman. Le premier groupe, ou section, contient des documents qui ne se rapportent pas à une seule région en particulier, mais donnent des descriptions générales d'événements survenus dans l'ensemble de l'Empire Ottoman. Ces documents, pour la plupart, sont de date plus ancienne que ceux se rapportant à des districts particuliers et sont, pour ce motif, placés au commencement. Le second groupe ouvre la série géographique avec des documents relatifs à Van, la province à l'extrême nord-est de l'Empire Ottoman, dans la direction du Caucase et d'Azerbaïdjan. Le troisième groupe concerne Bitlis, la province limitrophe de Van, à l'ouest, qui vient en second dans l'ordre des souffrances. Le quatrième est relatif à Azerbaïdjan, la province persane à l'est de Van, qui souffrit durant l'offensive turque de l'hiver 1914-15 ; le cinquième, à la Transcaucasie russe, où les réfugiés de Van et d'Azerbaïdjan cherchèrent un refuge, en août 1915. Les groupes suivants se suivent dans l'ordre géographique de l'est à l'ouest, commençant à Erzeroum, la province contiguë de Van au nord-ouest, le long de la frontière Russo-turque. Erzeroum constitue le sixième groupe ; Mamouret-ul-Aziz le septième ; Trébizonde le huitième ; Sivas le neuvième ; Césarée le dixième ; la ville de X.... le onzième ; Angora le douzième ; Constantinople et les autres districts adjacents le treizième. A partir de ce point, les groupes vont dans l'ordre inverse, du nord-ouest au sud-est, suivant le tracé du chemin de fer de Bagdad ; le quatorzième groupe se rapporte aux endroits le long de cette route, entre Adabazar exclusivement et Alep ; le quinzième à la Cilicie, la région à travers laquelle le chemin de fer de Bagdad passe à mi-chemin de son parcours, et c'est là le seul cas où l'ordre chronologique et l'ordre géographique s'excluent, car les Ciliciens ont été les premiers à souffrir ; on était en train de les déporter déjà douze jours avant qu'on eût commencé à se battre à Van. Le seizième groupe est Djébél-Moussa, un ensemble de villages touchant la Cilicie au sud ; le dix-septième se réfère aux colonies arméniennes d'Ourfa et de AC, deux villes sur la frontière de Mésopotamie ; le dix-huitième à Alep, où presque tous les convois des exilés étaient dirigés ; et le dix-neuvième à Damas et à Deïr-el-Zor, les deux districts où la plus grande partie des survivants furent finalement conduits. Un vingtième groupe aussi a été ajouté pour les documents reçus pendant que ce volume était sous presse.

Partout où une date est donnée, sans de plus amples indications, on doit la considérer comme étant du « nouveau style » ; là où deux datés alternatives sont indiquées (26 septembre, 9 octobre), la première est en vieux style et la seconde en nouveau style ; aucune date n'est donnée en vieux style seulement. Lorsque des sommes sont mentionnées en monnaie turque, ou persane, les équivalents en monnaie anglaise sont généralement ajoutés entre parenthèses. Les sommes données en dollars ont toujours été traduites en livres anglaises4.

Les noms des lieux n'ont pas été orthographiés d'après un système uniforme, car il n'y a pas de système reconnu pour l'usage général5. Le Rédacteur a simplement cherché à unifier l'orthographe de chaque nom, quel que soit le document où il est mentionné.

Un index de tous les lieux mentionnés nominalement dans les documents que le Rédacteur possède, — que le nom ait été éliminé ou non du texte — a été dressé pour lui, avec le plus grand soin, par Miss Margaret Toynbee, à qui il est reconnaissant pour cette importante et très utile addition à ce livre. Cet index est imprimé à la fin du volume. La carte qui l'accompagne a été dressée par le Rédacteur lui-même, en s'aidant de différentes sources, principalement des excellentes feuilles de l'Asie Mineure de Kiepert, consultées dans la salle des cartes de la « Royal Geographical Society », où il a reçu du personnel le plus aimable et le plus précieux concours.

suite

 

1) AMERICAN COMMITTEE FOR ARMENIAN AND SYRIAN RELIEF

70, Fifth Avenue, New-York.

Comprenant les Comités des œuvres du Secours Arménien, du Secours

de Guerre Persan et du Secours en Syrie et en Palestine.

James L. Barton.

Samuel T. Dutton.

Walter H. Mallory.

Président.

Secrétaire.

Secrétaire-Adjoint.

Charles R. Crane, Trésorier.

Arthur J. Brown.

Edwin M. Bulkley.

John B. Calvert

John D. Crimmins.

Cleveland H. Dodge.

Chartes W. Eliot.

William T. Ellis.

James Cardinal Gibbons

R.T. Rev. David H. Greer

Normand Hapgood.

Maurice H. Harris.

William I. Haven.

Hamilton Holt.

Arthur Curtiss James.

Frederick Lynch.

Chas. S. Mac Farland.

H. Pereira Mendes.

John Moffat.

John R. Mott.

Frank Mason North.

Harry V. Osborne.

George A. Plimpton.

Rt. Rev.P. Rhinelander.

Karl Davis Robinson.

William W. Rockwell

George T. Scott.

Isaac N. Seligman.

William Sloane.

Edward Lincolin Smith.

James M. Speers.

Oscar M. Strauss.

Stanley White.

Talcott Williams.

Stephen S. Wise.

2) Doc. 52

3) En d'autres termes, partout où le titre d'un document est donné sans une indication spéciale, il doit être entendu que le Rédacteur de ce volume a en sa possession le nom de l'auteur du document, même s'il n'est pas publié, mais représenté simplement par des lettres (Exemple : Dr. L), ou par une périphrase comme : (« Un résident étranger »), etc.. etc..

4) Dans la traduction elles ont été réduites en francs.

5) Dans la traduction on a adopté l'orthographe de l'Ouvrage classique de Vital Cuinet « La Turquie d'Asie. — Géographie administrative, Statistique descriptive et raisonnée de chaque province de l'Asie Mineure. »