Césarée. - Relation d'un voyageur1 de Césarée, publiée par le journal arménien « Balkanian Mamoul » de Roustchouk.

Les Arméniens des villages de Césarée, excepté de Tallas ont été déportés. A la fin de juillet, le Gouvernement avait fait la déclaration suivante aux Arméniens de Tallas et de Césarée :

1° Tous les Arméniens doivent partir par groupes de 1.000, les hommes, séparés des femmes, dans une certaine direction, et les femmes dans une autre.

2° Nul ne doit emporter plus de 200 piastres (environ 43 francs) et si, après perquisition, il se trouvait en avoir plus, il serait traduit devant un Conseil de guerre.

3° Nul n'a le droit de vendre ses biens, etc., etc.2.

A la suite des supplications, cette dernière condition fut modifiée comme suit :

« Celui qui est sans argent est autorisé à vendre de ses biens « jusqu'à 300 piastres au maximum. »

Jusqu'à présent, on a pendu à Césarée plus de 80 personnes, parmi lesquelles des médecins, des notables, entr'autres Hampartzoum, Boyadjian (Mourad) du parti Hintchakiste.

C'étaient les parents eux-mêmes qui étaient chargés de descendre de la potence le corps des leurs.

Les femmes et les jeunes filles étaient seules autorisées à se convertir à l'islamisme.

Lorsqu'on s'adressa au Gouverneur pour obtenir que les nourrissons fussent confiés à des familles musulmanes charitables, pour les empêcher de mourir en route, il a répondu :

« Je ne veux pas que l'odeur même des Arméniens reste ici ; allez dans les déserts de l'Arabie et fondez-y l'Arménie. »

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1) Nous nous abstenons de donner le nom.

2) Voir les autres versions de la Proclamation officielle dans Doc. 51 et l'Annexe C.