Dossier
PÉDAGOGIQUE

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100 REPONSES - Fiches 051 à 060
fiches : 01 à 10 | 11 à 20 | 21 à 30 | 31 à 40 | 41 à 50 | 51 à 60 | 61 à 70 | 71 à 80 | 81 à 90
051 – Les gouvernements alliés de la Turquie ont-ils été complices du génocide ?

 On peut dire que l'Allemagne, en particulier, a été au moins un complice indirect et passif du génocide. En fermant les yeux sur des massacres qu'elle ne pouvait ignorer, du fait de sa présence militaire, diplomatique et missionnaire sur le terrain, pour ne pas s'aliéner un allié indispensable pour le cours de la guerre ni menacer ses intérêts économiques, elle a laissé commettre des crimes qu'elle aurait pu empêcher, comme l'atteste ses rares cas d'intervention: ainsi à Smyrne, l'intervention du général Liman von Sanders évite à la population arménienne d'être déportée. Des consuls comme celui d'Alep, Walther Rossler, et surtout le pasteur Johannes Lepsius, président des missions orientales allemandes, n'ont cessé d'alerter leur gouvernement. Mais on a aussi quelques exemples de participation active aux exactions d'officiers allemands (dont certains se retrouveront aux côtés de Hitler plus tard).
052 – Quelle a été l'attitude des puissances occidentales ?

 Les pays de l'Entente ont condamné les crimes dès qu'ils en ont eu connaissance. Au lendemain de la guerre, la Conférence de la paix essaie de résoudre la question arménienne en reconnaissant l'indépendance de l'État arménien, né le 28 mai 1918 dans le Caucase russe, après la chute du tsarisme, avec des frontières étendues aux six provinces ottomanes de l'est majoritairement peuplées d'Arméniens avant le génocide (traité de Sèvres, 10 août 1920). Mais la victoire des forces kémalistes, qui tirent profit des rivalités entre les alliés français et britanniques ainsi que de la révolution bolchevique qui entraîne la soviétisation de l'Arménie, conduit à l'annulation du traité de Sèvres. Il est remplacé par le traité de Lausanne qui crée la République turque, avec pour seule contrainte le respect des droits culturels et religieux des minorités non musulmanes restées sur le territoire. Si elles accueillent ou aident les survivants, les puissances finiront par oublier le génocide.
053 - Quel a été le rôle de la Russie ?

 En occupant l'est de la Turquie en 1916-1917, l'armée tsariste a apporté un répit tardif aux Arméniens et a permis à une partie des rescapés de retourner dans leurs foyers. Mais, lors de la révolution bolchevique d'octobre 1917, l'armée russe se débande et abandonne les Arméniens à leur sort. Les réfugiés sont à nouveau chassés par les troupes ottomanes qui reprennent le terrain perdu lors de l'avancée des Russes.
 
054 – Les Arméniens représentaient-ils une « cinquième colonne» pour la Turquie d'alors ?

 C'est ainsi que les percevaient les plus extrémistes des nationalistes jeunes-turcs au pouvoir, qui craignaient la force d'attraction des provinces arméniennes du Caucase russe et les objectifs expansionnistes de l'empire tsariste. Partagés entre deux empires rivaux, les Arméniens étaient conscients des menaces pesant sur leur communauté qui allait se retrouver au cœur du champ de bataille. Ils essayèrent, en vain, de plaider en faveur de la neutralité de l'Empire ottoman dans le conflit.
055 – Les Arméniens s'étaient-ils effectivement ralliés à la Russie, ennemie de la Turquie ?

 Non. Les Arméniens furent massivement mobilisés dans les armées respectives des empires dont ils faisaient partie (plus de 200 000 soldats de part et d'autre). Mais ils avaient refusé d'organiser un mouvement de subversion contre les Russes, comme le leur avaient demandé les Jeunes-Turcs, tandis qu'à l'inverse, les Russes avaient réussi à constituer des groupes de volontaires arméniens (environ 5 000 hommes) pour soutenir les forces tsaristes au Caucase. Cela servira de prétexte aux accusations de trahison et d'espionnage lorsqu'avec les premières défaites ottomanes sur le front du Caucase ou à Suez, lors de campagnes menées par les ministres de la Guerre (Enver Pacha) et de la Marine (Djemal Pacha) eux-mêmes, il faudra trouver des boucs émissaires pour préserver le prestige des chefs de l'armée.
 
056 - Qu'est-il advenu des soldats arméniens dans l'armée ottomane ? Se sont-ils rebellés ?

 Non. Le ministre de la Guerre Enver Pacha a d'ailleurs manifesté officiellement sa satisfaction pour le courage au combat et la loyauté des soldats arméniens dans un message adressé au patriarche arménien d'Istanbul le 26 février 1915. Mais, au même moment, après les premières défaites ottomanes, les 200 000 à 250 000 soldats arméniens, mobilisés dans l'armée ottomane, étaient désarmés, affectés à des bataillons de travail puis exécutés en masse.
057 – Les Arméniens ont-ils de leur côté commis des massacres contre les Turcs ?

 C'est lors de l'avancée de l'armée russe fin 1916, début 1917 que des massacres (limités) de Turcs et de Kurdes ont eu lieu. Des partisans arméniens, découvrant les villages ruinés et les charniers, ont exercé des représailles contre la population civile. Ces exactions, que l'argumentaire turc utilise pour justifier le massacre des Arméniens, voire pour accuser les Arméniens de « génocide » contre les Turcs, sont bien postérieures aux événements de 1915-1916.
058 – Ces massacres de Turcs par des Arméniens sont-ils d'ampleur comparable aux massacres de 1915 ?






 Le nombre des victimes turques ou kurdes des représailles arméniennes est estimé à quelques milliers.
 
059 – Que sont devenus les Arméniens ayant survécu au génocide ?

 Outre les Arméniens d'Istanbul et de Smyrne, les rescapés (600 000 à 800 000) sont ceux qui ont pu fuir vers le Caucase, l'Iran, les Balkans ou les provinces arabes, ainsi que les femmes et enfants enlevés ou cachés par des familles turques, kurdes, bédouines, ou encore recueillis par des missionnaires. Certains ont été islamisés et sont restés en Turquie. D'autres ont été recherchés et rachetés après la guerre. L'essentiel des rescapés s'est dispersé après la création de la République turque qui a porté sur les passeports des exilés la mention « sans retour possible ».
 
060 – Quel était leur statut ?





 Ils sont devenus des apatrides. C'est, entre autres, pour donner un statut officiel à ces victimes du premier génocide du XXe siècle que la Société des Nations, l'ancêtre de l'ONU, a créé un passeport spécial dit « passeport Nansen », du nom du célèbre explorateur norvégien à la tête du Haut Commissariat aux réfugiés nouvellement créé, donnant le droit de circuler aux réfugiés, interdits de retour dans leur foyer d'origine par le régime kémaliste.