soulignant la stratégie à mettre en œuvre
pour le Génocide des Arméniens, 1914-1915.
Copie
Juste avant Noël, j'ai été abordé confidentiellement par quelqu'un qui déclarait qu'il y avait toujours à la Direction de la Sécurité Publique de Constantinople, un haut fonctionnaire qui avait été au Département du Ministre de l'Intérieur pendant toute la durée de la guerre, et qui avait été affecté aux archives relatives aux mesures secrètes et aux ordres secrets donnés par le Ministre de l'Intérieur suite aux décisions prises par le Comité Union et Progrès. Il me dit que juste avant l'Armistice, des hauts fonctionnaires avaient été au Département des Archives la nuit et qu'ils avaient raflé la plupart des documents, mais que les exemplaires originaux des ordres relatifs aux massacres d'Arméniens avaient été épargnés et que nous pourrions probablement nous les procurer par son intermédiaire en lui versant 10 000 livres turques en billets. Il me fit promettre le secret si je devais donner suite à cette affaire.
Au cours des quelques mois suivants, j'ai suivi cette affaire. L'homme qui avait volé ou sauvé cet exemplaire original est aujourd'hui un haut fonctionnaire à la Direction de la Sécurité Publique. Je l'ai persuadé sans grande difficulté qu'il serait de son propre intérêt de nous laisser avoir les documents sans paiement, et que s'il avait des ennuis à l'avenir, nous le protégerions.
Il y a quatre documents dans ce dossier. Le premier est ce qui est appelé « Les Dix Commandements » et est de loin le plus intéressant ; il n'est pas signé, et c'est le brouillon brut, mais la partie manuscrite dit qu'il est de Essad Bey, qui était à l'époque l'un des secrétaires confidentiels qui gardait les archives secrètes du Ministère de l'Intérieur.
Le second document, qui est le déchiffrage d'un câble expédié par Ahmed Djémal Pacha en Syrie concernant l'expulsion des Arméniens est le propre manuscrit d'Ahmed Essad, et sans aucun doute de la même écriture que les numéros 1 et 2 de ces documents turcs originaux provenant de cet unique et même homme.
Il ne reste donc plus qu'à arrêter cet individu pour prouver sans réserve l'authenticité ou non du brouillon du document « Les Dix Commandements ». Cela est extrêmement important du point de vue de la compréhension de la culpabilité de tous ces responsables des massacres des Arméniens, qui les ont dirigés plutôt que de les exécuter. Mon informateur déclare que lors de la réunion où ce brouillon a été conçu, étaient présents Talaat Pacha, le Dr. Beheddin Shakir, le Dr. Nazim, Ismail Jambolet, et le Colonel Sefi sous-directeur de la section politique du Ministère de la Guerre; il le date de décembre ou janvier 1914 ou 1915.
Mon informateur déclare que des messagers ont été envoyés aux différents Valis dans les provinces, avec des instructions de leur lire ces ordres et ensuite de rapporter les originaux qui devaient être détruits. L'analyse de ces documents « Les Dix Commandements » N° 3 et 4 montre qu'afin d'économiser leurs forces, les Turcs distinguaient les lieux où ils pourraient confier à la population la mise en œuvre des massacres sans aucune aide, et les autres localités où ils sentaient qu'ils auraient besoin de la présence de militaires au cas où la population ne se montrerait pas suffisamment zélée.
TRADUCTION TEXTUELLE
n.b. la traduction ci-dessus est textuelle. Date décembre 1914 ou janvier 1915.