Claude Mutafian / CCAF

90 ans après
Le génocide des Arméniens

Dernière étape : le parachèvement

La reddition ottomane autorisa de vastes espoirs chez les survivants. Alors qu'à l'Est la république d'Arménie se débattait au milieu d'effroyables difficultés, la Conférence de Paix aboutissait, le 10 août 1920, au traité de Sèvres qui établissait l'existence, sur la partie orientale de l'ex-territoire ottoman, d'un état arménien et d'un Kurdistan autonome, et plaçait le monde arabe sous mandat franco-britannique.

Paradoxalement, ces conditions favorables allaient déboucher sur le parachèvement du génocide. Après Abdul-Hamid et les Jeunes-Turcs en fuite, Mustafa Kemal reprenait le flambeau du nationalisme turc, dont l'une des composantes impliquait la liquidation du reste de la présence arménienne. Face au danger bolchévique, il s'assurait l'appui des Alliés. Face à l'impérialisme franco-britannique, il s'assurait l'appui bolchévique. Il pouvait ainsi ignorer le traité de Sèvres et lancer, fin septembre 1920, ses troupes à l'est sous les ordres du général Karabekir : il s'agissait, après l'échec de 1918, d'une seconde attaque turque sur l'Arménie orientale. Ayant recours aux cadres de l'ancienne Organisation spéciale, l'armée turque massacra indistinctement toute la population arménienne des zones récemment attribuées à la république d'Arménie, forçant celle-ci à un armistice aux conditions draconiennes. Au début novembre, la chute de Kars fut marquée par une hécatombe.

Pendant ce temps, le président américain Wilson rendait public son projet de frontières occidentales d'un état arménien de taille impressionnante. De manière plus réaliste, Turcs et bolchéviques s'accordèrent en 1921 sur les frontières d'une petite Arménie destinée à être soviétique, pendant que les Alliés se préparaient à sceller la fin de toute présence arménienne en Asie Mineure.

Après 1918, beaucoup de survivants revinrent dans leurs foyers, en particulier en Cilicie sous mandat français. En 1921, la France la brada aux autorités kémalistes, provoquant l'exode de la population non turque. L'année suivante, les Grecs furent vaincus par Mustafa Kemal qui assura ainsi son pouvoir sur toute la Turquie. Commença alors l'exode des derniers survivants arméniens d'Anatolie. En septembre 1922, l'incendie de Smyrne symbolise la fin du processus de liquidation.

Cartes : la Turquie à la veille de la geurre et suite au traité de Sèvres Carte du proche orient en 1914 Carte suite au traité de Sèvres

[cliquez sur une des cartes pour l'agrandir]

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