Revue d'histoire arménienne contemporaine II Partie IV Ernst Christoffel: témoignages, 1916-1919

3 - Les observations de Ernst Christoffel de 1916 à 1919

A - Son voyage de Constantinople à Malatia

en mars-avril 1916

Eregli, début mars 1916 — à Eregli, je suis sorti du train, car je voulais gagner Malatia via Césarée et Sivas. La location d’une voiture a posé de grands problèmes [...] La plupart des cochers étaient arméniens. Comme ils étaient les plus sûrs, on faisait habituellement appel à eux et maintenant ils manquent évidemment. En outre la plupart des voitures de transport et des camions fardiers ont été confisqués par l’administration militaire [...] Le gouverneur, à qui je me suis adressé, a promis de m’aider, mais n’a rien entrepris des jours durant. Durant ces quelques jours, j’ai fait la connaissance de quelques familles d’Arméniens qui, étant des artisans, étaient pour l’instant dispensés de déportation. Effrayés et intimidés comme ils l’étaient, ils n’osaient guère sortir et je ne leur rendais visite que le soir, pour ne pas leur causer de désagréments. Ils s’occupaient avec amour de quelques nourrissons qu’ils avaient ramassés, après le passage des chrétiens déportés, derrière des haies et des clôtures [...] Ils racontaient des choses horribles concernant les conditions de déportation et notamment que les exilés étaient entassés dans des fourgons à bestiaux — le chemin de fer de Bagdad comporte aussi des fourgons à bestiaux pour transporter des chèvres et des moutons. Ces fourgons à bestiaux sont divisés en deux parties à mi hauteur, de façon qu’il y ait un espace en haut et un en bas, pour y transporter du bétail en haut et en bas. Dans de tels wagons, les exilés étaient embarqués comme du bétail. Il leur était impossible de rester debout, seule la position accroupie était à peine possible, car les wagons étaient bondés. Hommes, femmes et enfants, personnes bien portantes et malades, tous pêle-mêle, étaient ainsi transportés pendant des jours entiers. Des malades mouraient en même temps; des femmes enceintes mettaient au monde des enfants. J’avais déja appris auparavant, à Eski Chéhir et à Konia, ce que m’y fut rapporté en détail. Quoique ces nouvelles m’aient fait grande impression, les choses affreuses que j’ai apprises et vues plus tard les ont effacées».

In Eregli verließ ich den Zug, da ich von hier aus über Césarée und Sivas Malatia erreichen wollte. Das Mieten eines Reisewagens bereitete große Schwierigkeiten [...] Die Mehrzahl der Arabadschis (Kutscher) waren Armenier. Da sie die zuverlässigsten waren, mietete man gewöhnlich einen solchen. Naturgemäß fielen dieselben jetzt ganz aus. Ferner hatte die Militärverwaltung den größten Teil sowohl der Personen- wie auch der Lastwagen beschlagnahmt [...] Der Gouverneur, an den ich mich wandte, versprach Hilfe, tat aber mehrere Tage nichts. In jenen Tagen lernte ich einige armenische Familien kennen, die, weil sie Handwerker waren, bis zu der Zeit von der Verschickung verschont geblieben waren. Verängstigt und verschüchtert wagten sie sich kaum auf die Straßen, und auch ich besuchte sie nur abends, um ihnen keine Unannehmlichkeiten zu bereiten. Mit großer Liebe verpflegten sie eine Anzahl Säuglinge, die sie nach dem Durchzug der in die Verbannung gehenden Christen am Wege hinter den Hecken und Zäunen aufgelesen hatten [...] Sie erzählten Schauriges über die Art der Verschickung, wie die Verbannten in Viehwagen eingepfercht waren. Es gibt auf der Bagdadbahn Viehwagen für den Transport von Ziegen und Schafen, dieselben sind in der Mitte so geteilt, daß ein oberer und ein unterer Raum entsteht, so daß oben und unten Tiere verladen werden können. In diese Wagen verlud man die Verbannten, gleich wie Tiere. Stehen war nicht möglich, höchstens ein Hocken, und auch das kaum, weil die Wagen überfüllt waren. Männer, Frauen und Kinder, Gesunde und Kranke, alle durcheinander, wurden auf diese Weise tagelang befördert. Kranke starben dabei, schwangere Frauen gebaren. Was mir hier ausführlich erzählt wurde, hatte ich schon früher in Eski Schehir und Konia gehört. Aber einen wie tiefen Eindruck das Gehörte auf mich machte, er wurde verwischt von dem Furchtbaren, das ich später hörte und sah (Tiefen, p. 10).

Césarée — A Césarée, il nous a fallu attendre quelques jours, avant que nous puissions louer une voiture pour aller à Sivas. Un jour j’ai fait appeler un barbier par [mon domestique] Hussein. Celui-ci se fit connaître comme étant arménien. C’est grâce à sa conversion à l’Islam qu’il avait échappé à l’assassinat. Je lui ai demandé des nouvelles d’un ami arménien de Césarée auquel j’étais très attaché, car il était un grand ami des aveugles. «Il est vivant», disait le barbier, «mais lui aussi a mis un blanc». Ce qui signifie qu’il est devenu musulman — les convertis mettaient en général un foulard blanc ou jaune autour de leur fez.

In Césarée mußten wir wieder einige Tage warten, ehe wir einen Wagen bis Sivas mieten konnten. Eines Tages ließ ich durch Hussein (Christoffels türkischer Diener, die Hrsg.) einen Barbier rufen. Der gab sich mir als Armenier zu erkennen. Er war durch den übertritt zum Islam der Ermordung entgangen. Ich fragte ihn nach einem armenischen Freunde aus Cäsarea, mit dem ich, weil er ein großes Blindenfreund war, besonders eng verbunden war. ‘Er lebt’, sagte der Barbier, ‘aber er hat auch weiß umgebunden’. Das sollte heißen: er ist Mohammedaner geworden. Die Konvertiten banden meistens nach mohammedanischer Sitte ein weißes oder gelbes Tuch um den Fes (Tiefen, p. 11).

Sivas, vers la mi-mars 1916 — Nous sommes restés une semaine à Sivas. Après la prise d’Erzeroum par les Russes, on avait transferé le consulat allemand de là à Sivas. Le représentant du consulat allemand prenait chaleureusement soin des Arméniens et aidait de son mieux la mission américaine. J’ai rendu visite à l’orphelinat suisse de Sivas, que j’avais dirigé pendant quelques années, avant l’établissement de Bethesda. La directrice arméniennne, une ancienne élève à moi, a dit: «C’est une chance que tu aies été, en tant qu’Allemand, notre directeur. Grâce à cela, nous avons osé demander son aide au consul allemand, ce qui nous a fait échapper à l’exil». à Sivas, on prenait [du reste] cette maison pour un établissement allemand. Le dimanche, j’ai fait le culte dans l’appartement du médecin américain de la mission — la chapelle protestante était transformée en hôpital militaire. Il y subsistait un petit noyau de la grande et florissante communauté protestante [de la ville]. La salle de séjour du médecin pouvait aisément contenir tous les fidèles.

In Siwas blieben wir eine Woche. Nach der Einnahme von Erserum durch die Russen war das deutsche Konsulat von dort nach Sivas verlegt. Der deutsche Konsularvertreter nahm sich der Armenier mit großer Wärme an und war auch nach Kräften der armerikanischen Mission behilflich. Ich besuchte das Sivaser schweizerische Waisenhaus, dem ich vor Gründung Bethesdas einige Jahre vorgestanden hatte. Die armenische Vorsteherin, ein früherer Zögling von mir, sagte: ‘Wie gut ist es, daß du als Deutscher unser Direktor warst. Daher haben wir den Mut genommen, die Hilfe des deutschen Konsuls anzurufen, und so sind wir der Verschickung entgangen.’ In Sivas galt das Haus als deutsches. Sonntags hielt ich Gottesdienst in der Wohnung des amerikanischen Missionsarztes. Die protestantische Kapelle war Lazarett. Ein kleines Häuflein war von der großen, blühenden, protestantischen Gemeinde übrig geblieben. Das Wohnzimmer des Arztes faßte bequem die Zuhörer (Tiefen, p. 11).

Entre Sivas et Malatia, fin mars, début avril 1916 — Près d’Aladcha Han, à quelques journées de voyage au sud de Sivas en direction de Malatia, j’ai vu les premiers cadavres non enterrés le long de la route, dans une flaque, à côté d’une porte cochère. Par la suite, il y en eut de plus en plus et finalement chaque gîte, caractérisé par des restants de feux de camp, était entouré d’un cercle de squelettes. On en trouvait dans chaque fente de la terre, parfois à peine recouverts de pierres ou superficiellement enfouis, ou encore déterrés par les chiens. Entre Hassan Badragh et Kırk Gös — un trajet de six heures au cours duquel la route caravanière traverse la partie aride de la plaine de Malatia —, la route était jonchée des cadavres de ceux qui étaient morts de faim et de soif ou qui avaient tués en chemin. Quand, quelques semaines après mon arrivée à Malatia, on signala la venue à Malatia du général en chef turc et de son état-major, les autorités de la ville envoyèrent un détachement pour effacer sur la route les traces de la mort des Arméniens et pour enterrer les cadavres. On l’a fait en premier lieu par égard pour les accompagnateurs allemands d’Enver pacha. Quand j’ai pris le même chemin, à mon retour en février 1919, les os décolorés entouraient toujours la route.

Bei Aladscha Chan, einige Tagesreisen südlich von Siwas, Richtung Malatia, sah ich die ersten unbeerdigten Leichen am Wege liegen, in einer Pfütze, neben einer Haustür. Von da an mehrten sich dieselben, bis schließlich jeder Lagerplatz, der an den Resten der Lagerfeuer kenntlich war, mit einem Kreis von Skeletten umgeben war. In jeder Erdfalte lagen sie, manchmal mit Steinen notdürftig bedeckt oder oberflächlich verscharrt, von den Hunden aber wieder ausgewühlt. Zwischen Hassan Badrek (Badragh, die Hrsg.) und Kyrk Gös, einer Strecke von sechs Reitstunden, wo die Karawanenstraße durch den wasserlosen nördlichen Teil der Malatiaebene führt, war die Straße übersät mit Leichen solcher, die am Wege verhungert, verdurstet oder erschlagen waren. Als einige Wochen nach meinem Eintreffen in Malatia die Ankunft des türkischen Generalissimus mit seinem Stabe gemeldet wurde, sandte die Behörde der Stadt ein Kommando aus, die Spuren des Todesweges der Armenier zu verwischen und die Leichen zu beerdigen, und zwar in erster Linie mit Rücksicht auf die deutschen Begleiter Enver Paschas. Als ich bei meiner Heimreise im Februar 1919 dieselbe Strecke wiederkam, da lagen die bleichenden Knochen wieder am Wege (ibid., pp. 12-13).

Hassan Badragh, 7 avril 1916 — Quels effets dévastateurs avait eu la tempête des passions raciales déchaînées! Tout au long de mon trajet, la population arménienne a été déportée ou tuée, et personne n’ose publiquement se déclarer chrétien, nulle part on ne trouve une seule communauté chrétienne. Le prêche de l’ évangile a cessé, les églises et les chapelles ont été confisquées, pillées et profanées, les croix arrachées, les cloches cassées.

Wie hatte das Unwetter entfesselter Rassenleidenschaft und entfesselten Fanatismus zerstörend gewirkt! Auf der ganzen weiten Strecke die armenisch-christliche Bevölkerung verschickt oder getötet; niemand, der es wagt sich öffentlich als Christ zu bekennen, nirgends mehr eine christliche Gemeinde. Die Predigt des Evangeliums war verstummt, Kirchen und Kapellen beschlagnahmt, ausgeraubt, geschändet, die Kreuze heruntergerissen, die Glocken zerschlagen (ibid., p. 13).

B - Malatia de 1916 à1919

Les survivants de la déportation

Les déportations à grande échelle avaient cessé dans notre contrée, aussi des massacres de grande ampleur n’avaient plus lieu. Ce travail avait en général déja été accompli. Mais il régnait une misère inexprimable. Dans chaque maison turque il se trouvait des enfants chrétiens, des filles adultes ou des jeunes femmes; beaucoup se portaient bien; beaucoup aussi étaient traités en esclaves. Le marché et les rues de la ville étaient noirs de femmes et d’enfants mendiant. La situation des Arméniens qui vivaient dispersés dans les montagnes au sud de Malatia était encore pire. Les convois de déportés venant du nord avaient dû parcourir ces montagnes pour ensuite traverser, près de Samsat, l’Euphrate et finalement gagner les plaines de Syrie et de Mésopotamie. Les Kurdes qui habitent ces montagnes vivent sous la domination de deux chefs de tribu, des frères; tous deux sont de véritables diables; ils ont commis des atrocités bestiales contre les Arméniens de passage.

Il était resté à Malatia quelques milliers de femmes, de jeunes filles et d’enfants, convertis de force. Ceux qui avaient réussi à s’enfuir des harems venaient chez nous.

Il se trouvait à Malatia relativement beaucoup de veuves avec un ou plusieurs enfants qui avaient réussi par tous les moyens à échapper au destin tragique général.

La grande majorité des chrétiens restés dans la ville s’était convertie à l’Islam et les conversions continuaient encore.

Les gens logeaient dans les ruines des maisons arméniennes, des fois à l’ombre d’un mur ou d’un mûrier, démunis de tout, malades, affamés, désespérés.

Malatia 1916-1919, Die überlebenden der Deportationen.

Größere Verschickungen hatten in unserer Gegend aufgehört, auch fanden Metzeleien größeren Maßstabes nicht mehr statt. Diese Art Arbeit war in der Hauptsache getan. Aber es herrschte unbeschreibliches Elend. In jedem Türkenhause befanden sich Christenkinder oder erwachsene Mädchen und junge Frauen, viele in erträglicher Lage, viele in Sklavenstellung. Der Markt und die Straßen der Stadt wimmelten von bettelnden Frauen und Kindern. Schlimmer noch war die Lage der Armenier, die in dem südlich von Malatia sich hinziehenden Gebirgszug zerstreut lebten. Die Kolonnen der von Norden kommenden Deportierten mußten dieses Gebirge durchqueren, um nachher bei Samsat den Eufrat zu überschreiten und die syrischen und mesopotamischen Ebenen zu gewinnen. Die diesen Gebirgszug bewohnenden Kurden stehen unter der Botmäßigkeit zweier Häuptlinge, Brüder, beide Teufel in Menschengestalt. Diese hatten unter den durchziehenden Armeniern viehisch gehaust (Tiefen, p. 28).
Es waren in Malatia einige Tausend Frauen, Mädchen und Kinder, z.T. zwangsweise zurückgeblieben. Wem es gelang, dem Gefängnis des Harems des zu entfliehen, der kam zu uns (Tiefen, p. 29).

Es waren in Malatia verhältnismäßig viele Witwen, denen es auf irgend eine Weise gelungen war, mit einem oder mehreren Kindern dem allgemeinen Verderben zu entrinnen (ibid., p. 30).
Die große Mehrzahl der in der Stadt zurückgebliebenen Christen war zum Islam übergetreten, und noch ging der Islamisierungsprozeß weiter (ibid., p. 43).
Die Leute wohnten in den Ruinen der armenischen Häuser, manchmal im Schatten einer Mauer oder eines Maulbeerbaumes, entblößt von allem, krank, ausgehungert, verzweifelt (ibid., p. 45).

La prostitution forcée — Les jeunes femmes et les filles se trouvaient dans une situation particulièrement difficile. La faim et l’absence d’abris les avaient forcées à se prostituer, au point qu’être chrétienne et être prostituée devenaient équivalents [...] La femme arménienne était mise hors la loi [...] Les femmes et les filles avaient enduré des choses terribles. Entrer en mariage légal avec un musulman, même en tant que deuxième ou troisième épouse, était le sort le plus enviable. C’étaient souvent les assassins de leurs maris qui demandaient les femmes en mariage ou en concubinage. On s’imagine ce que ces femmes ont pu éprouver. Malheur à celles qui résistaient! Malheur à la mère qui refusait de donner sa fille [...] Elles étaient ainsi en grand nombre poussées à la prostitution. Jusqu’à ce moment-là, il n’y avait pas eu de prostitution publique à l’intérieur de l’Asie mineure. Maintenant, la prostitution commençait à se répandre devant tout le monde. “La ville entière est une maison publique” se plaignaient les musulmans pieux [...] Finalement les autorités recouraient au casernement. On aménageait quelques maisons à demi-délabrées dans le quartier arménien détruit. Ce qui s’y déroulait, c’était l’enfer.

La soi-disant fabrique était un bourbier d’infamie. Il s’agissait de l’entreprise d’un Turc qui avait agrandi son atelier de tissage et sa menuiserie avec de l’argent et des matériaux dérobés, et en avait fait une grande fabrique. Les ouvriers et ouvrières étaient des Arméniens. Comme il était sous-traitant des militaires, il arrivait à libérer certains de la déportation sous prétexte qu’il avait besoin de main-d’œuvre. Il avait en effet préservé des centaines d’hommes et de femmes de la déportation et finalement de la mort. Le plus souvent il se faisait payer cher pour cela. Les femmes et les filles étaient psychiquement et physiquement ses esclaves. Les Turcs l’appelaient Hamid de Malatia, par référence au sultan Abdul-Hamid II. Il employait des fois sept à huit cents personnes, en majorité des femmes.

Parmi les femmes arméniennes, j’ai trouvé des héroïnes, et ce qu’elles ont fait alors, en endurant tout et en travaillant pour leur survie et celle de leurs enfants, prouve la valeur du peuple arménien. Que beaucoup d’entre elles ne soient pas parvenues à mener cette lutte inhabituelle, aient cedé et se soient abondonnées au vice, qui osera les condamner pour cela? On ne ressent que de la pitié pour elles. Je n’oublierai jamais cette fille qui se plaignait en gémissant «Mais je n’avais rien à manger», ou cette veuve de pharmacien, une femme instruite, qui n’arrivait pas à gagner sa vie et celle de ses enfants de façon honnête, et me dit: «Effendi, j’ai cinq enfants, doivent-ils mourir de faim?» Et son regard était celui d’un animal pourchassé.

Zwangsprostitution. In besonders schwieriger Lage waren die jungen Frauen und Mädchen. Hunger und Obdachlosigkeit trieben sie der Prostitution in die Arme, so daß schließlich Christin sein gleichbedeutend war mit Prostituierte sein (Tiefen, p. 29) [...] Die armenische Frau war vogelfrei [...] Die Frauen und Mädchen erlitten Furchtbares. Am besten waren noch diejenigen dran, die von einem Mohammedaner in eine gesetzliche Ehe eingeführt wurden, wenn auch als 2. oder 3. Frau. Vielfach waren es die Mörder der Gatten, die die Frauen zur Ehe oder Mätresse begehrten. Man stelle sich vor, was die Armen dabei empfanden. Wehe dem Mädchen, das sich widersetzte! Wehe der Mutter, die sich weigerte ihre Tochter preiszugeben [...] So wurden sie denn in Scharen in die Prostititution hineingetreiben. Das Innere Kleinasiens kannte bis dahin keine öffentliche Prostitution. Jetzt auf einmal machte sich die Unzucht in aller üffentlichkeit breit. ‘Die ganze Stadt ist ein Bordell’, klagten die frommen Mohammedaner [...] Schließlich schritt die Behörde zur Kasernierung. Einige halbverfallende Häuser in einem zerstörten armenischen Viertel wurden eingerichtet. Was dort bereitet wurde, war ein Stück Hölle (ibid., p. 55).
Ein sittlicher Sumpf war die sogenannte Fabrik. Es war das ein Unternehmen eines Türken, der mit zusammengeraubtem Gelde und Material seine Weberei und Schreinerwerkstätte zu einem großen Betriebe ausgebaut hatte. Die Arbeiter und Arbeiterinnen waren Armenier. Da er Militärlieferungen hatte, konnte er jeden von der Deportation losbitten, unter dem Vorwande, daß er Arbeiter gebrauche. Er hat wirklich Hunderte von Männer und Frauen vor der Verschickung bewahrt und damit vom Tode errettet. Meistens ließ er sich dafür schwer bezahlen. Die Frauen und Mädchen waren ihm mit Leib und Seele verfallen. Die Türken nannten ihn den Hamid von Malatia, in Erinnerung an Sultan Abdul Hamid II. Er beschäftigte manchmal 7-800 Personen, davon die Mehrzahl weibliche (Tiefen, p. 55).
Ich habe Heldinnen unter den armenischen Frauen kennengelernt, und das, was sie in jener Zeit geleistet haben im Erdulden und in der Arbeit fürs tägliche Brot für sich und ihre Kinder, ist ein Beweis von der Tüchtigkeit des armenischen Volkes. Daß viele in dem ungewohnten Kampf erlahmten, die Waffen streckten und in den schmutzigen Strudeln des Lasters untergingen, wer wollte es wagen, sie zu verurteilen? Man kann nur Mitleid mit ihnen empfinden. Ich vergesse nicht wie mir ein Mädchen jammernd klagte: ‘Ich hatte doch nichts zu essen.’ Oder jene Apothekerswitwe, eine gebildete Frau, die nicht fähig war, sich und ihre Kinder auf ehrliche Weise zu ernähren. ‘Effendim’, sagte sie, ‘ich habe 5 Kinder, sollen die verhungern?’ In ihren Augen hatte sie den Ausdruck eines gejagten Wildes (ibidem).

La misère des enfants — Au cours des déportations de 1915, les autorités de Malatia avaient rassemblé beaucoup d’enfants abandonnés, mais également enlevé des enfants à leurs mères sous prétexte de les élever dans un orphelinat. Dans la plupart des cas, les mères avaient volontairement donné leurs enfants, car c’était le seul moyen de sauver leurs chéris. On avait ainsi rassemblé près de huit mille enfants chrétiens qui étaient hébergés dans des écoles, des églises et des maisons inhabitées. On appelait ces maisons orphelinats, mais elles étaient tout sauf des orphelinats [...] La situation dans ces maisons était terrible. Le nombre des enfants diminuait chaque jour du fait de la famine et des épidémies. Les femmes arméniennes et les fonctionnaires turcs qui devaient s’occuper des enfants dérobaient généralement tout ce qui leur était destiné. Certains se sont véritablement enrichis de cette manière. On employait quelques femmes spécialement pour retirer à l’aide d’une corde, le matin venu, les cadavres de ceux qui étaient morts pendant la nuit. Elles les jetaient dans les jardins qui entouraient la maison, où les chiens les déchiquetaient. Jusqu’à maintenant ces jardins sont jonchés d’os humains. Après quatre mois, il n’est plus resté que quatre cents enfants sur les huit mille [du début]. Ils ont été sauvés grâce au maire, un humaniste qui les envoya dans les villages kurdes des alentours. Une partie de ces enfants est venue plus tard à Bethesda.

La misère des enfants était également due à l’adoption en masse par des musulmans des enfants chrétiens abandonnés. Beaucoup de musulmans ont sans doute adopté des enfants chrétiens pour les motifs les plus nobles. Dans ces cas-là, ils les ont traités comme leurs enfants naturels. Mais il y avait d’innombrables garçons et filles qui vivaient comme des esclaves, qui étaient achetés et vendus, ou chassés dans la rue après avoir été exploités. J’en ai accueilli beaucoup à Bethesda [...] La misère matérielle des enfants était inexprimable, mais leur misère morale encore pire. Un grand nombre de garçons et de filles asservis servaient à contenter les appétits sauvages de leurs maîtres et de leurs maîtresses. Un vieillard gardait quinze filles de moins de douze ans. On a par la suite découvert les cadavres de certaines d’entre elles dans la rue, tandis que les autres avaient été chassées. La prostitution des enfants: essayez de comprendre ce que cela signifie. Il faut avoir vu ces enfants, vu comment ils rôdaient dans les rues avec un regard audacieux et entendu ou traînaillaient à l’entrée des casernes.

Kinderelend. Bei den Deportationen im Jahre 1915 hatte die Behörde von Malatia viele herrenlose Kinder gesammelt, andere ihren Müttern weggenommen unter dem Vorwande, sie in Waisenhäusern zu erziehen. In den meisten Fällen gaben die Mütter ihre Kinder willig her, da es der einzige Weg war, ihre Lieblinge zu retten. So waren gegen 8000 Christenkinder zusammengebracht und in Schulen, Kirchen und leerstehenden Häusern untergebracht worden. Man nannte diese Häuser Waisenhäuser. Sie waren aber alles andere, nur nicht dieses [...] Die Zustände in den Häusern waren furchtbar. Hunger und Seuchen verringerten die Zahl der Kinder täglich. Die armenischen Frauen und türkischen Beamten, welche die Kinder betreuen sollten, nahmen meistens das, was diesen zukam. Einige haben sich auf diese Weise direkt bereichert. Es waren besondere Frauen angestellt, die des Morgens die Leichen der in der Nacht Gestorbenen an einem Strick herausschleifen mußten. Sie warfen dieselben in die das Gebäude umgebenden Gärten, wo die Hunde sich über den Leichen zerbissen. Heute noch sind die Gärten übersät mit Menschenknochen. Nach Ablauf von vier Monaten waren von den 8000 Kindern noch vierhundert vorhanden. Diese wurden durch den menschenfreundlichen Bürgermeister gerettet, indem er sie in die umliegenden Kurdendörfer verteilte. Ein Teil von ihnen fand später den Weg nach Bethesda (ibidem, p. 57).

Kinderelend wurde auch verursacht durch die Massenadoption der herrenlosen Christenkinder von seiten der Mohammedaner. Es ist zweifellos, daß viele Mohammedaner aus den edelsten Motiven armenische Kinder adoptierten. In solchen Fällen wurden sie wie wirkliche Kinder gehalten. Dann aber lebten ungezählte, Knaben und Mädchen, in einem entsetzlichen Sklavenverhältnis, wurden gekauft und verkauft, oder nach Ausnutzung auf die Straße gejagt. Viele solcher haben wir in Bethesda aufgenommen [...] Unsagbar war das materielle Elend der Kinder, größer aber das moralische. Viele versklavte Knaben und Mädchen dienten den bestialischen Gelüsten ihrer Herren und Herrinnen. Ein alter Mann hielt sich 15 Mädchen unter 12 Jahren. Nachher fand man die Leichen eines Teiles in der Straße, die anderen wurden weggejagt. Kinderprostitution — man suche zu verstehen, was in diesen Worten liegt. Man muß diese Kinder gesehen haben, wie sie mit frechen wissenden Augen die Straßen durchstrichen und vor den Kasernen lungerten (Tiefen, p.59).

Les quartiers arméniens — Dans la ville, on vendait les maisons arméniennes abandonnées pour les démolir et brûler leur bois, même lorsqu’il s’agissait de belles maisons toutes neuves. Les quartiers arméniens étaient de vastes amas de décombres, comme s’ils avaient été lourdement bombardés Die armenischen Viertel. In der Stadt wurden die verlassenen armenischen Häuser auf Abbruch verkauft und das Holzwerk verfeuert. Auch die schönsten, ganz neuen Häuser machten da keine Ausnahme. Die armenischen Viertel waren ein Trümmerhaufen, als ob sie ein schweres Bombardement erlitten hätten (Tiefen, p. 33).

La famine et la misère dans la ville — La dévaluation des billets turcs fut accompagnée par une augmentation extraordinaire du prix des denrées. Le pain coûtait cent fois plus cher qu’avant la guerre, l’orge cinquante fois plus.

La faim, ce fléau horrible, a tué des milliers et des milliers d’enfants chrétiens et musulmans. C’est indescriptible. Je frémis encore lorsque défilent dans ma tête certaines scènes, et encore étions-nous habitués à pas mal de choses atroces [...] Près de Bethesda, il y avait un magasin de vivres. Pendant la journée, on y embarquait du blé pour l’envoyer au front. [L’entrée] de ce magasin était toujours bloquée par des femmes et des enfants affamés, chrétiens et musulmans, qui cherchaient des grains dans la poussière de la rue. Ils se précipitaient même sur les crottins pour y chercher des grains d’orge qui, lorsqu’il s’en trouvait, étaient voracement avalés. Les gens affamés venaient en foule pour dévorer tous les chaumes verts des champs environnant Malatia [...] Devant l’abattoir de la ville attendait toujours une foule d’enfants qui, avec les récipients apportés, recueillaient le sang des bêtes abattues et le buvaient avec avidité ou disputaient aux chiens les viscères jetés des animaux.

Ainsi notre vie [à Bethesda] n’était pas aisée, mais supportable en comparaison de la famine qui régnait dehors. Il m’apparaît encore plus à présent comme un miracle de la multiplication des pains le fait que nous soyons parvenus à nourrir une telle foule de gens dans des conditions pareilles et avec des moyens aussi réduits.

L’acquisition de combustibles posait de grands problèmes [...] Nous avons d’ailleurs eu infiniment froid. Quand il faisait trop froid l’hiver, je faisais rester tout le monde au lit, même pendant la journée.

Hunger und Not in der Stadt. Mit der Entwertung des türkischen Papiergeldes war eine unnatürliche Steigerung der Lebensmittelpreise verbunden. Der Brotpreis stieg auf das hundertfache des Normalpreises vor dem Kriege. Gerste kostete das fünfzigfache (Ibidem, p. 34). Der Hunger! Dieser entsetzliche Würger hat tausend und abertausend junge Menschenkinder umgebracht, Christenkinder und mohammedanische. Das kann man nicht schildern. Mir stehen Szenen vor Auge, vor denen es mir bis heute noch schaudert, und wir waren doch an allerlei gewöhnt [...] In der Nähe Bethesdas war ein Militär-Proviantmagazin. Dort wurde über Tag Getreide verladen und an die Front geschickt. Dasselbe war stets umlagert von hungernden Frauen und Kindern, Christen und Mohammedanern, die aus dem Straßenstaub die Getreidekörner suchten. Auch stürzten sie sich auf den frischen Pferdekot und durchsuchten ihn nach Gerstenkörnern, die dann gierig verschlungen wurden. In Scharen kamen die Hungernden auf die Bethesda umgebenden Felder und verschlangen jedes grüne Hälmchen. [...] Vor dem städtischen Schlachthof stand jederzeit ein Schar Kinder mit allerlei Gefäßen, in denen sie das Blut der geschlachteten Tiere auffingen und gierig tranken, oder sie stritten sich mit den Hunden um die weggeworfenen Eingeweide der Tiere (Ibidem, p. 60).
So war unser Leben (in Bethesda, die Hrsg.) kein üppiges, aber im Vergleich mit der draußen herrschenden Hungersnot erträglich. Mir ist es heute noch wie ein stehendes Speisungswunder, daß wir unter de n Verhältnissen, mit den geringsten Mitteln eine so große Schar von Menschen am Leben erhalten haben (Ibidem, p. 33)
Eine große Schwierigkeit bot die Beschaffung von Brennmaterial [...] Im übrigen haben wir unendlich gefroren. Wenn es im Winter gar zu kalt wurde, ließ ich auch am Tage alle in den Betten (Ibidem, p. 33).

C. La situation physique et mentale des Arméniens à Malatia

Le rapport de Christoffel comprend également des détails précieux concernant les problèmes médicaux et psychiques dont souffraient les survivants, qu’il nous semble à propos de présenter ici.

Maladies — Mis à part la faiblesse physique générale dont souffraient la plupart des nouveaux venus, et qui imposait des soins spéciaux, chacun souffrait de n’importe quelle maladie. Ainsi Bethesda avait souvent l’air d’être plus un hôpital qu’un établissement pour des bien-portants [...] Tous les nouveaux venus, sans exception, étaient complètement couverts de poux, à un point tel que moi-même, qui séjournais depuis longtemps en Orient, je ne l’aurais pas jugé possible [...] Un autre ennemi à combattre constamment était la gale. Il me semble qu’il ne s’agissait pas d’une gale ordinaire. Les Arméniens la nommaient la maladie de l’exil et chaque déporté en souffrait [...] Les mains, les bras et les jambes étaient les plus atteints. Des plaies profondes et purulentes apparaissaient. Les mains et les pieds étaient très gonflés, les doigts et les orteils déployés [...] La plupart des filles adultes souffraient de maladies abdominales [...] Nous avons aussi accueilli et soigné beaucoup de malades souffrant de la dysenterie. Souvent la maladie était à un stade tellement avancé, que la guérision n’était plus possible [...] La teigne des enfants, due à la déportation, était très répandue, posait de grands problèmes et nécessitait beaucoup de travail [...] Par suite de la déportation et de la sous-alimentation consécutive, la tuberculose avait connu une propagation terrible, particulièrement parmi les enfants. Il y en avait un grand nombre chez nous, qui se fanaient comme des plantes qui manquent d’air et de soleil [...] La malaria était la maladie la plus répandue. Avant la guerre, il y avait peu de cas. Mais alors, tous ceux qui arrivaient souffraient de malaria chronique. Ce fut particulièrement tragique pour les enfants faibles qui, pour cette raison, n’arrivaient plus à se rétablir.

Scorbut, fièvres, typhus, dysenterie, malaria, choléra et gale faisaient des ravages. Il n’y avait pas de traitements médicaux, encore moins de médicaments, et la diète.

Comme la plupart des gens arrivaient chez nous à demi-morts de faim et sous-alimentés, ils auraient eu besoin d’une nourriture particulièrement riche. Beaucoup souffraient de maladies des intestins et auraient dû suivre un régime. Il était déchirant de ne pas pouvoir leur donner le nécessaire à chacun. Le manque de lait était particulièrement funeste [...] C’est la triste raison pour laquelle nous ne sommes pas parvenus à sauver la vie d’un seul de nos nourrissons et que les enfants faibles mouraient malgré des soins attentifs et tous les efforts possibles.

Krankheiten. Abgesehen davon, daß die meisten Neuaufgenommenen (Armenier, die Hrsg.) schon ihrer allgemeinen Körperschwäche wegen ganz besonderer Pflege bedurften, brachte fast jeder irgend eine Krankheit mit, so daß Bethesda manchmal mehr einem Lazarett glich als einer Anstalt für Gesunde [...] Alle Neuaufgenommenen, ohne Ausnahme, waren stark verlaust, und zwar in einem Maße, wie ich, der ich doch schon länger im Orient war, es nicht für möglich gehalten hätte [...] Ein anderer Feind, mit dem wir andauernd zu kämpfen hatten, war die Krätze. Es scheint nicht die eigentliche Krätze gewesen zu sein. Die Armenier nannten sie die Verbannungskrankheit, und jeder Deportierte hatte sie [...] Hände, Arme und Beine waren am meisten befallen. Es bildeten sich tiefe eiternde Wunden. Hände und Füße waren dick geschwollen, Finger und Zehen von einander gespreizt [...] Die meisten erwachsenen Mädchen kamen behaftet mit Unterleibsleiden [...] Auch viele Dysenteriekranke mußten wir aufnehmen und behandeln. Vielfach waren die Fälle soweit fortgeschritten, daß eine Heilung nicht mehr möglich war [...] Große Schwierigkeiten und viel Arbeit bereiteten die Grindkrankheiten der Kinder, die sich durch die Deportation stark verbreitet hatten [...] Durch die Deportation und die dadurch verursachte Unterernährung hatte die Tuberkulose eine furchtare Verbreitung gefunden, besonders unter der Kindern. Wir hatten auch eine ganze Reihe, die dahinwelkten wie Pflanzen, denen es an Luft und Sonne fehlt [...] Am meisten verbreitet war die Malaria. Vor dem Kriege hatten wir verhältnismäßig wenig. Jetzt aber litt jeder, der kam, an chronischer Malaria. Das war besonders tragisch bei den schwachen Kindern, die sich aus dem Grunde gar nicht erholen konnten (Tiefen, p. 39).
Skorbut, Fleckfieber, Typhus, Dysenterie, Malaria, Cholera und Krätze grassierten. Ärztliche Behandlung war nicht zu erhalten, noch weniger Medizin und Krankenkost (Tiefen, p. 45).
Da die große Mehrzahl schon halb verhungert und unterernährt zu uns kam, hätten sie besonders kräftiges Essen haben müssen. Viele kamen mit Darmkrankheiten und mußten Diat halten. Es schnitt ins Herz, wenn man den Einzelnen nicht geben konnte, was ihr Zustand erforderte. Besonders verhängnisvoll war der Mangel an Milch [...] Das war die traurige Ursache, daß wir keinen unserer Säuglinge durchbrachten, und daß manches schwache Kind trotz sorgfältiger Pflege und unendlicher Mühe dennoch starb (Tiefen, p. 32).

Les peines psychiques — Pour transmettre des valeurs religieuses aux gens, il nous fallait chercher à comprendre leurs états d’âme, et «revivre avec eux» [ce qu’ils avaient enduré]. C’était terrible, et j’étais souvent à la limite de ce que je pouvais supporter. Particulièrement au cours des premiers mois, ce que j’entendais, voyais et apprenais pendant la journée me rendait psychiquement malade [...] Pour ces malheureux, il était déja réconfortant de pouvoir ouvrir leur cœur à quelqu’un, de raconter les souffrances endurées et de se plaindre de la misère actuelle [...] Les horreurs vécues avaient eu des effets différents pour chacun. Les uns cogitaient, résignés sur leur sort, tandis que d’autres se rebellaient farouchement. Les uns étaient remplis par une douleur insatiable, les autres se lançaient dans de cyniques excès moraux.

Die seelischen Nöte. Um den Leuten religiöse Werte übermitteln zu können, mußte man versuchen, sich in ihren Seelen- und Gemütszustand zu versetzen; man mußte versuchen ‘m i t zuerleben’. Das aber war furchtbar, und ich war oft an der Grenze meiner Tragfähigkeit. Besonders in den ersten Monaten war ich abends seelisch krank von dem am Tage Gehörten, Gesehenen und Erlebten [...] Es war den Armen schon eine Erleichterung, ihr Herz einmal auszuschütten und das erfahrene Leid und die gegenwärtige Not klagen zu können [...] Das furchtbare Erleben hatte natürlich auf die Einzelnen verschieden gewirkt. Die einen brüteten fatalistisch dahin, die andern bäumten sich wild auf. Die einen beseelte nicht zu stillender Schmerz, die andern huldigten zynischer, sittlicher Zügellosigkeit (Tiefen, p. 43).