Nil Agopoff

Des photographies compromettantes pour les Arméniens ?

A propos des photographies qui peuvent être vues sur des sites Internet négationnistes montrant :

  • des militaires de l'armée turque après la découverte de caches d'armes, destinées à prouver l'existence d'un complot arménien et par conséquent justifier la répression,
  • que des Arméniens sanguinaires ont bien massacré des Turcs
  • des femmes kurdes se lamentant sur les cadavres de leurs maris assassinés par des Arméniens

Les internautes  devront savoir, en tout cas pour ce qui concerne le territoire gouverné par le docteur Rechid, un fidèle parmi les fidèles du triumvira initiateur du génocide, vali de Mossul, qu'après avoir décapité la communauté arménienne du chef-lieu de sa province, il a envoyé à Constantinople plusieurs photos, notamment des notables assassinés à Chkavtan qui, après avoir été dépouillés de leurs vêtements, ont été habillés avec des costumes turcs et coiffés de turbans. Les photographies ont été montrées au public et reproduites dans des livres et des journaux pour bien montrer que les Arméniens massacrent les Turcs.

Ces photographies seront même reproduites dans la presse américaine qui dénoncera cependant l'imposture.

Le maquillage est prouvé dès la fin de 1916 aux Etat-Unis avec la publication du livre de FA'IZ EL-GHUSEIN, Martyred Armenia , Bombay, 1916. Traduit de l'original arabe et reproduit par Tankian Publishing Corporation, New York, Montréal, London. RICHARD

Extrait de : " Les massacres en Arménie turque "
Faïez El-Ghoceïn pp 56-57 :

Travestissement des Arméniens en Kurdes et envoi de leurs photographies à Constantinople

Le gouvernement turc pensa que les gouvernements européens ne tarderaient pas à apprendre l’extermination des Arméniens et que la nouvelle en serait publié dans le monde entier ce qui ne manquerait pas de soulever l’opinion publique contre les Turcs. Aussi ses agents ayant massacré un certain nombre d’Arméniens, travestirent les cadavres en Kurdes, couvrant les têtes de turbans, et firent venir des pleureuses kurdes qui entourèrent les cadavres en poussant des lamentations. Un photographe, engagé à cet effet, photographia ces scènes dans le but de faire accroître plus tard à l’Europe que c’étaient les Arméniens qui les premiers, avaient attaqué les Kurdes et en avaient tué un grand nombre, et qu’alors seulement les tribus kurdes, exaspérées, s’étaient vengées des Arméniens sans que le gouvernement turc eut trempé en quoi que ce soit dans le massacre de ces derniers.
Mais les gens avisés, voyant le travestissement des cadavres arméniens en Kurdes, comprirent le jeu et divulguèrent la nouvelle à Diarbékir.

 

MARDIN 1915, Anatomie pathologique d'une destruction.

Une documentation exceptionnelles - provenant en particulier du Vatican à l'occasion de la béatification de Monseigneur Maloyan - permet de connaître, avec un niveau de précision jusqu'alors jamais atteint, les circonstances de la destruction d'une communauté arménienne lors du génocide de 1915 et de faire le lien entre des tragédies individuelles et une histoire locale, celle d'une ville, Mardin, mais aussi d'une région, le sandjak de Mardin et le vilayet de Diarbékir. D'autre part, Mardin se trouvant à la jonction du plateau du Kurdistan et de la plaine de Mésopotamie, réunissait une mosaïque de confession chrétienne, ce qui permet d'aborder la question jamais résolue de l'extension du processus criminel aux chrétientés de langue syriaque.
Ce livre franchit un nouveau palier dans la connaissance du génocide arménien. Il devrait mettre un terme à toute controverse universitaire sur la validité des preuves apportées pour affirmer la réalité de ce génocide.
REVUE D'HISTOIRE ARMENIENNE CONTEMPORAINE TOME IV - 2002 - Yves Ternon

 

1915 : un crime à l'encontre de l'islam . Un crime contre l'islam?

« Certes l'islam doit se disculper des fautes dont on pourrait l'incriminer, car si l'Europe n'est pas mise au courant de ces évènements, elle les considérera comme une tâche ineffaçable dans l'histoire de l'islam.

Or, il ressort des versets et des citations que nous avons reproduits que les agissements du gouvernement turc sont contraires aux dogmes de la religion. Et un gouvernement qui se dit le protecteur de l'islam et qui détient le khalifat ne peut agir contrairement aux préceptes de la Châri'ah, et en le faisant, il cesse d'être un gouvernement musulman et n'a plus aucun droit à ses prérogatives.

Les musulmans doivent donc renier un pareil gouvernement qui foule aux pieds les versets du Coran et les hadiths du Prophète en tuant des innocents ; sinon ils seraient considérés comme ayant trempé dans ce crime qui n'a pas de précédent dans l'histoire.

En terminant, je m'adresse aux Puissances de l'Europe et j'atteste ce qui a encouragé le gouvernement turc dans ses méfaits ce sont ces mêmes Puissances qui, connaissant la mauvaise administration turque et les cruautés qu'elle a commises en maintes occasions, n'ont rien fait pour l'empêcher de continuer de mal oeuvrer. »
Ecrit à Bombay, 4 Zul-Kida 1334 (le 3 Septembre 1916)

« Les massacres en Arménie turque » de Faiez El-Ghocein pp 56-57, Beyrouth 1965


................
Faiez El-Ghocein était un chef bédouin syrien et capitaine dans l'armée ottomane pendant la 1ère Guerre mondiale. Sachant que le Cheikh ul-islam ottoman de l'époque était franc-maçon et que la plupart des autres dirigeants jeunes-turcs étaient des athées dénoncés comme mécréants par les croyants musulmans, le texte de ce notable arabe renvoie à une réflexion historico-politico-religieuse. D'où cette interrogation dans le titre de la présentation : "Un crime contre l'islam?"

Faiez El-Ghoceïn fut avocat de profession. La 1ère édition de son témoignage fut publiée en français au Caire en 1917. Les autres versions furent :

  • en anglais à New York en 1918
  • en allemand à Zurich en 1918
  • en arabe : à Beyrouth en 1988

L'avocat arabe rendit visite au Bureau arménien de Londres en 1920 à l'occasion de la signature du Traité de Sèvres. Sa photo a été publiée dans une revue arménienne en anglais de Londres (je l'avais vue il y a 15 ans et j'essairai de la retrouver).

Faiez El-Ghocein était encore vivant en 1965 lors de la commémoration du cinquantenaire du génocide arménien. Il donna la permission à la Commission arménienne de Beyrouth organisant le cinquantenaire de rééditer son témoignage de 1916 qui avait été publié en français un an plus tard.

Je dois dire que l'attestation de Faiez El-Ghosseïn, au dernier paragraphe, qui figure comme une conclusion à son témoignage du 1er génocide du XX° siècle, me fait penser étrangement à ce qui s'est passé tragiquement au moment du dernier génocide du XX° siècle, le génocide rwandais.

Nil V. Agopoff

Nous écrire Haut de page Accueil XHTML valide CSS valide