Claude Mutafian / CCAF

90 ans après
Le génocide des Arméniens

1894-96. Première étape : les massacres en masse

On peut dater de 1894 le début du processus génocidaire, avec le premier massacre planifié, dans le Sassoun, à l'ouest du lac de Van. L'année suivante, face aux exigences concernant l'application des réformes, Abdul-Hamid répondit en déclenchant les tueries. Dans l'Est de l'Asie Mineure, des rumeurs concernant des complots fanatisaient la population musulmane, qui se livrait alors au massacre sous l'oeil indifférent ou complice des autorités. On compte, de 1894 à 1896, 2 à 300 000 victimes, des dizaines de milliers de conversions forcées et d'émigrants. Aux prises avec les révoltes des Kurdes, le sultan les avait organisé en régiments hamidiés, fer de lance de la répression contre les Arméniens.

L'engrenage était enclenché. Il allait se poursuivre durant trois décennies et sous trois régimes politiques. Malgré les prises de position d'humanistes comme Jean Jaurès, les états européens réagirent tièdement, ce qui encouragea le sultan. La résistance s'organisa chez les Arméniens, permettant aux autorités turques d'agiter le spectre d'une soi-disant menace séparatiste. Simultanément certains milieux nationalistes turcs s'inquiétaient de l'incapacité du sultan à gérer l'Empire. Le démembrement s'était accéléré dès la défaite de 1878 : les provinces européennes allaient se détacher tôt ou tard.

 

Enterrement des victimes du massacre du 30 octobre 1895 à Erzeroum

Enterrement des Arméniens victimes du massacre du 30 octobre 1895 à Erzeroum

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