11 08 23 THE NEW YORK TIMES
15 DECEMBRE 1915
Dépêche n° nyt19151215
UN MILLION D’ ARMENIENS TUES OU EXILES – Politique
d’extermination
Le Comité de secours américain dit que le nombre de victimes des
Turcs augmente progressivement
D'avantages d’atrocités sont citées confirmant l’accusation que
la Turquie agit délibérément
15 décembre 1915
Dans une déclaration reçue hier des bureaux du Comité américain
de secours arménien et syrien, de la 75ème avenue, de
nouvelles atrocités commises par les Turcs envers les Chrétiens
arméniens, ont été précisées, et une preuve supplémentaire a été
fournie en confirmation de l’accusation de Lord Bryce, que les
massacres résultent d’un plan délibéré du gouvernement turc pour
« se débarrasser de la Question arménienne ».
Le Professeur Samuel T. Dutton,
Secrétaire du Comité, écrit :
« Conformément à toutes les
preuves que le Comité américain a reçues, il est probable qu’en
vérité, sur les deux millions d’Arméniens vivant en Turquie il y
a un an, au moins un million ont été tués ou convertis de force
à l’Islam, ou obligés de fuir ce pays, ou sont morts sur la
route de l’exil, ou sont maintenant sur la route vers les
déserts du nord de l’Arabie, ou y sont déjà arrivés.
Le nombre des victimes est en
augmentation constante. Il est certain qu’il ne peut y avoir un
plus grand besoin d’aide dans l’immédiat, même en ces temps
troublés, que le besoin désespéré des réfugiés arméniens. Le
Comité américain a déjà fait beaucoup en rassemblant et en
envoyant des fonds, de même que le Comité anglais, mais il y a
toujours un besoin tragique de contributions généreuses.
Toutes les contributions doivent
être adressées à Charles R. Crane, Trésorier, 75me Avenue. »
Walter H. Mallory, Secrétaire
administratif du Comité américain, dit que le Comité est en
contact étroit avec le Comité du Lord Maire de Londres et que
« des rapports authentiques quotidiens signalent des atrocités
presque incroyables ».
Dans la déclaration rendue
publique, il y avait un extrait d’une lettre reçue par le Comité
américain , en provenance du Comité anglais, qui disait : « Le
Comité sait qu’il y a encore 180 000 réfugiés dans le Caucase,
en plus des 30 000 qui y sont morts, et 70 000 qui sont
retournés dans diverses parties de Turquie et de Perse. »
Une grande partie de la
déclaration est accompagnée d’une lettre reçue par le Comité
américain, en provenance d’un missionnaire en poste à Konia. En
particulier, la lettre dit : « Peu après la grande déportation
qui a précédé l’arrivée du nouveau Vali, Miss C ; et moi-même
sommes partis à Kachin Han, la première gare de chemin de fer
vers Eregli. Juste pour suivre la foule, car une grande partie
avait été emmenée à pied dans l’espoir de monter dans le train
plus tard. Hachin Han est à environ trois heures d’ici en
chariot, et même si près de Konia, nous avons trouvé environ
cent personnes, assises ou couchées autour de la gare,
complètement affligées. Elles étaient là depuis trois jours ; la
plupart avaient fini de manger toutes les provisions qu’elles
avaient, et paraissaient hagardes et extrêmement amaigries,
véritables victimes de famine, telles qu’on les voit sur les
images de scènes en Inde.
« Le train de Konia est arrivé
pendant que nous étions là, et le plus grand nombre de personnes
se sont traînées jusqu’aux wagons en essayant d’y monter, mais
ont été repoussées par les gendarmes, soit parce qu’elles
n’avaient pas de billet, soit parce qu’il n’y avait plus de
place ; aussi les pauvres gens furent-ils forcés de retourner
autour de la gare. »
source :
MILLION ARMENIANS KILLED OR IN EXILE
Dépêche du New York TIMES
nyt19151212
Une femme décrit les meurtres de masse des Arméniens
Un missionnaire allemand dit que les Turcs ont proclamé leur but
: l’extermination
Le travail des démons à Harpout
« Que votre Christ vous vienne en aide ! » Le Cri de torture
a continué – Dr.Knapp, une
victime.
12 décembre 1915
Le Comité américain pour le secours arménien et syrien, au 70,
cinquième avenue, a annoncé la réception hier d’une dépêche du
Consul américain à Tiflis, dans laquelle il disait qu’il y avait
plus de 180 000 Arméniens dans la ‘situation la plus pitoyable’
dans différentes provinces sous sa direction immédiate. Parmi
ceux-ci, 110 000 sont dans la province d’Ervian, 20 000 à
Elisavethol, 201 000 à Kars et 50 000 Tiflis.
Le comité a annoncé également
qu’il devait recevoir très bientôt une dépêche du Dr. Wilson, le
chef de la Commission envoyé à Tiflis. Les détails des scènes de
massacres parviennent au Comité tous les jours. Ils proviennent
d’officiels, de missionnaires, et d’autres personnes bien
connues de ses membres. L’un, d’une missionnaire allemande, qui
demeure non loin de la frontière du Caucase, et reçu au cours de
trois derniers jours, et bien que non destiné à la publication,
donne un tableau approfondi du sort terrible des Arméniens.
« Vers la mi-avril, écrit-elle, nous avons appris de grandes
perturbations. Nous avons entendu les déclarations faites à la
fois par des Turcs et des Arméniens, et comme ces rapports
coïncident à tous points de vue, il est tout à fait certain
qu’ils contiennent une vérité, c’est-à-dire que le gouvernement
de Turquie a donné des ordres aux Arméniens de livrer leurs
armes, que les Arméniens ont refusé, affirmant qu’ils en avaient
besoin en cas de nécessité. Cela a causé un massacre habituel.
Tous les villages habités par les Arméniens ont été incendiés.»
Il semble que le Dr. Knapp ait été assassiné :
Début juin, nous avons appris que toute la population arménienne
de Bitlis avait été supprimée. C’est à ce moment-là que nous
avons reçu la nouvelle que le Dr. Knapp, le missionnaire
américain, avait été blessé dans une maison arménienne, et que
le gouvernement turc l’avait envoyé à Diarbekir. Dès la première
nuit à Diarbekir, il est mort, et le gouvernement a expliqué que
sa mort était due à une indigestion, ce à quoi personne ne
croit. Lorsqu’il n’est plus resté personne à massacrer à Bitlis,
l’attention s’est dirigée sur Mouch. Jusqu’à ce jour, de
cruautés ont été commises, mais pas trop publiquement.
Maintenant, ils ont commencé à abattre les gens sans motif, ils
les battent à mort, parce qu’ils éprouvent du plaisir à le
faire.
« A Mouch même, qui est une grande ville, il n’y a que 25 000
Arméniens ; chaque village comprend environ 500 maisons, et plus
aucun Arménien n’est visible ici maintenant, à part quelques
femmes.
« Début juillet, la première semaine du mois, 20 000 soldats
sont venus de Constantinople à Harpout et Mouch, avec des
munitions et onze fusils, et ont assiégé Mouch. En fait, la
ville avait été encerclée depuis la mi-juin. A ce moment-là, le
Mutasserif donna l’ordre aux deux missionnaires allemands de
quitter la ville et de se rendre à Harpout. Nous l’avons supplié
de nous laisser ici, car nous avions à notre charge tous les
orphelins et les malades, mais il se mit en colère et nous
menaça de nous chasser de force si nous ne suivions pas ses
instructions. Comme nous n’étions pas en forme tous les deux,
nous eûmes la permission de rester à Mouch. Cette permission me
fut accordée à condition que je quitterais Mouch en emmenant nos
orphelins avec nous ; mais lorsque je demandai l’assurance de
leur sécurité, la réponse fut : « Vous pouvez les emmener, mais
étant Arméniens, il se peut qu’on leur coupe la tête sur la
route ».
Le 10 juillet, Mouch fut bombardé pendant plusieurs heures, le
motif invoqué était que quelques Arméniens avaient essayé de
s’enfuir. J’ai été voir le Mutasserif, et lui demandai de
protéger nos maisons, et sa réponse fut : ‘Il vaudrait mieux
pour vous de rester au lieu de partir, comme ordonné. Les fusils
sont là pour en finir avec Mouch. Mettez-vous à l’abri avec les
Turcs. Cela naturellement n’était pas possible, car nous ne
pouvions pas abandonner nos charges. Un nouvel ordre nous
parvint le lendemain, prévenant les Arméniens qu’ils allaient
être expulsés, et qu’on leur donnait trois jours pour être
prêts. On leur dit de s’enregistrer au bureau du gouvernement
avant de partir. Les familles pouvaient rester, mais leurs
propriétés et leur argent leur seraient confisqués.
« Les Arméniens étaient incapables de partir, car ils n’avaient
pas d’argent pour payer le voyage, et ils préféraient mourir
chez eux plutôt que d’être séparés et d’endurer la mort lente
sur la route. Comme il a été dit précédemment, trois jours
étaient donnés aux Arméniens pour s’en aller ; mais deux heures
s’étaient à peine écoulées, que les soldats entrèrent par
effraction dans les maisons, arrêtèrent tout le monde et les
jetèrent en prison. Les canons se mirent à tirer, empêchant
ainsi les gens de se faire enregistrer au bureau du
gouvernement. Nous avons tous dû nous réfugier à la cave de
crainte que notre orphelinat soit touché.
« Je suis allé voir le Muttasserif et l’ai supplié d’avoir pitié
au moins des enfants, mais en vain, il me répliqua que les
enfants doivent périr avec leur nation. Tous nos malades et
orphelins furent ôtés de l’hôpital et de l’orphelinat. Ainsi
Mouch fut incendié de cette façon monstrueuse. Chaque officier
se vantait du nombre de personnes qu’il avait personnellement
massacrées, débarrassant ainsi la Turquie de la race arménienne.
Nous avons quitté Harpout ; Harpout était devenu le cimetière
des Arméniens.
« Maintenant, que votre Christ vienne à votre secours ! »
A Harpout et à Mezre, les gens ont subi de terribles tortures,
telles que sourcils arrachés ; seins coupés, ongles arrachés,
pieds coupés, ou fers cloués dessous, comme on fait pour les
chevaux. Les soldats criaient ensuite : « Maintenant, que votre
Christ vienne à votre secours ! »
Début juillet, 2000 soldats arméniens reçurent l’ordre de se
rendre à Alep pour construire des routes. Les habitants de
Harput furent terrifiés en entendant cela, et la panique saisit
la ville. Le Vali appela le missionnaire allemand, Mr.Eheman, et
le pria de calmer les gens, répétant encore et encore qu’aucun
mal ne serait fait à ces soldats. Mr. Eheman fit confiance au
Vali, et tranquillisa les gens. Mais à peine les soldats
furent-ils partis, que nous avons appris qu’ils avaient été tués
et jetés dans une caverne. Très peu parvinrent à s’échapper, et
nous ont fait leur rapport.
Il était inutile de protester auprès du Vali. Le Consul
américain de Harpout protesta plusieurs fois, mais le Vali a
traité ses dires de « paroles en l’air » de la manière la plus
effrontée.
« Vers le début du mois d’avril, en présence du Major Lange et
plusieurs autres officiels, tels que les consuls américain et
allemand , Ekran Bey dit tout à fait ouvertement que leur
intention était d’exterminer la race arménienne. Tous des
détails montrent que les massacres étaient planifiés. Il est
très dangereux maintenant pour tous les missionnaires de rester
à l’intérieur du pays, les officiels montrent leur haine trop
ouvertement, et nous ont souvent dit qu’ils ne voyaient pas la
nécessité de notre présence. »
Le Comité américain a déjà envoyé plus de 100 000 dollars à
l’Ambassadeur Morgenthau, et beaucoup plus est nécessaire pour
alléger les conditions terribles des Arméniens restants.
Les contributions pour leur secours doivent être adressées à
Charles R. Crane,
70 Fifth Avenue, New York. »
source :
WOMAN DESCRIBES ARMENIAN KILLINGS
Nyt19151209 Il se peut que le Pape fasse
de nouveau appel au Kaiser
9 décembre
1915 –
T.P. O’Connor apprend qu’il va être
appelé à faire quelque chose pour sauver les Arméniens.
Le Comité
britannique a résolu de travailler en dépit des terribles
événements qui ont arrêté son œuvre en Arménie.
Londres, le
20 novembre. -
« T.P.
O’Connor est bien connu pour ses activités, il est l’ami des
Arméniens depuis longtemps, et il a fait une déclaration
aujourd’hui, relatif aux récents massacres, et au débat à la
Chambre des Lords. Il a dit :
« S’il n’y
avait pas 250 000 réfugiés nécessitant de l’aide, un abri et de
la nourriture, et si je devais céder à mon humeur, je me
sentirais trop plein de désespoir au sujet de l’Arménie, pour
dire un mot de plus sur ce sujet’.
Il y a
trois ou quatre ans, quand il semblait impossible de soulever de
nouveau la question arménienne, nous avons formé avec des amis
le Comité arménien ; et pendant deux ans, tout a paru aller en
notre faveur.
Après des
négociations pendant deux ans, nous avons enfin réussi à
concevoir un schéma pour la réforme en Arménie, pour lequel nous
avons obtenu l’accord de tous les gouvernements européens, et
deux inspecteurs généraux furent désignés pour entreprendre ces
réformes d’une façon réaliste, juste avant que la guerre ne soit
déclarée. Et aujourd’hui, la conséquence est le massacre des
Arméniens, le plus hideux et le plus cruel qui se soit jamais
produit. Vous reconnaitrez que j’aie quelque motif d’être
abattu.
Cependant,
le Comité arménien britannique a résolu de continuer ce travail,
et il a été immensément encouragé par l’information de la grande
vague de sympathie, et d’horreur, venue d’Amérique, et la
création d’un Comité américain arménien, et l’aide magnifique
envoyée d’Amérique aux réfugiés de Russie et d’Egypte.
Nous nous
sommes adressés au Foreign Office Britannique, pour la
possibilité de soulever un débat à la Chambre des Lords, et
Lord Robert Cecil, qui est le meilleur sous-secrétaire du
Foreign Office, a soutenu immédiatement ma demande, et le
résultat fut le débat de mardi dernier.
Ce fut un
bref débat, mais l’un des plus exaltants auxquels j’aie jamais
assisté.
Il avait
été lancé par Aneurim Williams qui est le Président de notre
Comité.
Je l’ai
suivi ; ensuite il y a eu un petit discours de Lord Robert
Cecil. Cela fera sans doute plaisir au Comité américain arménien
d’apprendre que leur travail a complété largement nos documents.
Le matin du débat une brochure avait été distribuée sur
l’Arménie, écrite par Arnold Toynbee, un homme de lettres
brillant, à tous les membres de la Chambre. J’ai été surpris de
découvrir que parmi la masse de littérature à cette époque,
cette brochure avait été lue par la majorité de la Chambre, et
son histoire épouvantable avait ému tout le monde. Mais il faut
reconnaître que la plupart des documents de la brochure avaient
été fournis par le rapport du Comité américain arménien. Je
pourrais aller plus loin, et dire que la masse de tous les
discours était due à l’Amérique plus qu’à toute autre nation, et
que nous devrions considérer avec le plus grand espoir la
prévention d’autres massacres et l’aide à ceux qui ont échappé
aux massacres.
Il y avait
toutefois une légère différence d’opinion à propos d’une requête
non officielle faite par moi, et la réponse officielle de Lord
Robert Cecil sur la manière dont l’Amérique pourrait apporter la
meilleure aide. Je me permettais de suggérer que le gouvernement
britannique pourrait faire appel au Président Wilson et au
Gouvernement américain en vue de prendre une action officielle.
Lord Robert
Cecil, cependant, fit remarquer qu’il était impossible au
Gouvernement britannique de dicter ou même de suggérer aux
gouvernements des pays neutres indépendants, ce qu’était leur
devoir. ‘C’est, dit-il, à chaque gouvernement, de fixer
exactement ce qu’il devrait faire vis-à-vis des gouvernements
étrangers.’
J’ai
pourtant proposé une seconde action que nous devrions faire :
lancer un appel fort à la sympathie et au soutien du peuple
généreux et humain des Etats Unis eux-mêmes, pour aller au
secours des Arméniens opprimés, et Lord Robert, cordialement,
accepta cette suggestion.
Nous
considérons aussi avec espoir l’intervention du Pape. Lord
Robert Cecil a pu informer la Chambre que l’humanité était
reconnaissante envers le Pape pour les mesures qu’il avait déjà
prises, et il me semble que le Pape va être conduit à faire un
appel direct au Kaiser allemand, en plus de l’appel qu’il a déjà
lancé au Sultan.
Une autre
de nos demandes au Gouvernement était que les armées
britanniques et leurs vaisseaux puissent, là où c’est possible,
faire de leur mieux pour sauver les Arméniens ayant réussi à
échapper aux massacres, comme ont fait les navires français dans
le cas des 4000 réfugiés qu’ils avait pu débarquer en Egypte, et
j’ai l’impression que des instructions à ce sujet ont déjà été
données, et avec quelques bons résultats.
Finalement, je voudrais suggérer que les Comités américain et
britannique restent en contact permanent l’un avec l’autre, si
nécessaire par dépêche. Moi-même et d’autres avons déjà échangé
une correspondance avec Mr. Osca Straus et Mr. Samuel Dutton, et
je suis sûr qu’en travaillant ensemble nous pourrons faire
quelque chose, spécialement pour les réfugiés.
L’argent
nous arrive en quantité considérable, surtout après toutes les
autres appels à la générosité du peuple britannique, et nous
avons déjà pu envoyer au Catholicos arménien environ 8 000 ou 10
000 £ et nous en enverrons davantage dès que l’argent
arrivera ».
Source :
POPE MAY MAKE NEW PLEA TO KAISER
The New York Times, nyt19151127a
LA POSITION HEROIQUE DES ARMENIENS DANS LES MONTAGNES .
Hommes, femmes et enfants ont combattu avec des couteaux, des
faux et des pierres.
Les femmes qui avaient planté des couteaux sur les Turcs, se
sont ensuite suicidées.
Rapport reçu de Bryce
Samedi 27 novembre 1915
Londres le 26 novembre
– Le Vicomte Bryce a rendu publics ce soir les détails des
massacres arméniens suivants, lesquels, écrit-il dans une lettre
jointe, ‘surpassent en horreur, si cela était possible, ce qui a
été publié jusqu’à ce jour’.
‘Je sens’, continue-t-il dans sa lettre, ‘que de tels crimes
devraient être exposés au plus haut point, et que la charité des
autres nations va, plus que jamais, aller vers les malheureux
réfugiés, quand elles sauront ce que nos amis et compatriotes
ont souffert.’
Décrivant la dernière position arménienne dans la région
montagneuse de Samsun, un rapport de Lord Bryce dit :
« Les guerriers survivants se sont trouvés encerclés dans des
quartiers clos par 30 000 Turcs et Kurdes. Puis ont suivi les
luttes pour la vie, héroïques et désespérées, qui ont toujours
été la fierté des montagnards.
Hommes, femmes et enfants ont combattu avec des couteaux, des
faux et des pierres, et tout autre objet qu’ils ont pu trouver.
Ils ont poussé des blocs de pierre du haut des pentes, tuant une
partie de leurs ennemis. Dans les effroyables combats au
corps-à-corps, les femmes enfonçaient des couteaux dans la gorge
des Turcs.
« Pour chaque guerrier tombé, plusieurs jeunes femmes, en danger
de tomber aux mains des Turcs, se jetaient du haut des rochers,
quelques-unes avec leurs enfants dans les bras ».
La lettre de Lord Bryce
Lord Bryce écrit que les détails confirment et amplifient
l’histoire épouvantable des déportations lors desquelles les
Arméniens du nord et de l’est de l’Anatolie ont été conduits à
la mort avec une cruauté abominable.
La première partie de la preuve, dit-il, a été reçue par le
Comité d’Enquête des Etats Unis, et le seconde partie vient d’un
Arménien de Tiflis, qui en a été informé par les réfugiés
rescapés des régions où ces événements se sont produits.
« Les souffrances des paysans et des montagnards des régions de
Van, Mouch et Samsoun, dit Lord Bryce, semblent avoir été encore
plus terribles que celles des gens de la paisible ville décrites
dans la première partie de ce rapport. Chacune de ces preuves
augmente l’horreur de l’histoire, et confirme l’effroyable
certitude de sa vérité.
« Ces atrocités ne sont pas des produits de l’imagination. La
plupart sont attestées par plusieurs témoignages concomitants.
Elles sont toutes conservées, la preuve est tout à fait
évidente, et quelques-unes sont les plus terribles. A cette
phase actuelle des événements, le monde civilisé est impuissant
pour intervenir, mais nous devons garder ces crimes indicibles
constamment en mémoire pour le jour où ils seront connus. »
LES NOUVELLES PREUVES -
Après avoir donné en
partie les preuves reçues des Etats Unis, Lord Bryce dit que les
extraits suivants ont été émis par son correspondant à Tiflis :
«Vers la fin du mois de mai, Djevdet Bey, le gouverneur
militaire, fut renvoyé de Van. Djevdet s’enfuit vers le sud et
entra à Séirt avec environ 8000 soldats qu’il appela «
Bataillons de Bouchers ». Il fit massacrer la plupart des
Chrétiens de Séirt, massacre dont on ne connaît aucun détail.
On a apprit cependant de source sûre qu’il a ordonné à ses
soldats de brûler sur les places publiques, l’évêque arménien,
le Vartabed (archimandrite, ndt) et l’évêque chaldéen, Addai
Shér.
« Le 25 juin les Turcs encerclèrent la ville de Bitlis, et
coupèrent toutes les communications avec les villageois
arméniens des alentours. La plupart des hommes bien portants
furent séparés de leur femme par des visites à domicile, et
emmenés.
Au cours des jours suivants les hommes arrêtés furent abattus
hors de la ville et enterrés dans de profondes tranchées
creusées par les victimes elles-mêmes. Les jeunes femmes et les
enfants furent distribués parmi la foule.
Le reste, le lot inutile, fut conduit vers le sud et l’on pense
qu’ils ont été noyés dans le Tigre.
« Toute tentative de résistance, si brave soit-elle, fut
réprimée par les troupes régulières. De nombreux Arméniens,
après avoir brûlé leurs dernières cartouches, prirent du poison
par familles entières, ou se suicidèrent chez eux afin de ne pas
tomber entre les mains des Turcs.
Arméniens torturés à mort.
C’est l’usage que les Turcs disposent d’environ 15 000 Arméniens
à Bitlis.
A Mouch, début juillet, les autorités exigèrent des Arméniens
leurs armes, et une forte somme en rançon, des notables de la
ville. Les personnalités du village furent soumis à des tortures
révoltantes. Leurs ongles, et les ongles des orteils arrachés de
force ; les dents extirpées ; et dans certains cas, les nez
étaient taillés au couteau, et les victimes laissées pour mortes
après une longue et choquante agonie.
« Les parentes des victimes qui étaient rescapées furent violées
en public devant les yeux de leurs hommes mutilés. Les cris
stridents et les hurlements à la mort des victimes remplissaient
l’air ; mais n’émouvaient pas la brute turque.
« Dans la ville même de Mouch, les Arméniens, sous la direction
de Gotoyan et d’autres, s’enfermèrent dans les églises et les
maisons en pierre, et luttèrent pendant quatre jours en
auto-défense, mais l’artillerie turque, dirigée par des
officiers allemands, mit rapidement fin aux positions
arméniennes, et tous les dirigeants arméniens et leurs hommes
furent tués dans le combat.
« Quand le silence et la mort régnèrent sur les ruines des
églises et des maisons, le reste de la foule musulmane se
précipita sur les femmes et les enfants, les sortit de la ville
et les fit rentrer dans de vastes camps, qui avaient déjà été
préparés pour les femmes et les enfants.
Les femmes et enfants brûlés.
Les scènes épouvantables qui suivirent peuvent sembler
incroyables, néanmons ces rapports ont été confirmés sans aucun
doute. Le moyen le plus rapide pour se débarrasser des femmes et
des enfants dans les différents camps, fut l'incendie. On mit le
feu aux abris de bois d’Alijan, Mograkom, Khasjogh et autres
villages arméniens, et ces femmes et enfants absolument
impuissants furent brûlés vifs.
« De nombreuses femmes devinrent folles et jetèrent leurs
enfants au loin. Quelques-unes s’agenouillèrent et prièrent
parmi les flammes qui brûlaient leur corps. D’autres hurlaient
au secours, mais aucune aide ne leur parvint de nulle part, et
les exécutants, que cette sauvagerie inouïe n’émouvait pas,
saisissaient les enfants par une jambe et les lançaient dans le
feu, criant aux
femmes en train de brûler : ‘Voici vos lions’.
« Des prisonniers turcs, qui furent apparemment témoins de ces
scènes, furent horrifiés et rendus fous au souvenir de ce
spectacle. L’odeur de la chair brûlée, dirent-ils, est restée
dans l’air pendant de longs jours ».
source :
Armenians' Heroic Stand In The Mountains -nyt19151127a
THE NEW YORK
TIMES – nyt19151101
Aide pour les Arméniens bloqués par la Turquie.
Les tentatives d’envoyer de la nourriture aux réfugiés ont
échoué, dit le Comité Américain
Le nombre des victimes s’élève à 1.000.000
Un examen minutieux montre que 55 000 personnes ont été tuées
dans le seul vilayet de VAN.
1er novembre
1915,
Le Comité américain des atrocités envers les Arméniens, parmi
les membres duquel se trouvent, le cardinal Gibbons, Cleveland
H. Dodge ; l’évêque Davis H. Greer ; Oscar S. Straus ; le
professeur Samuel T. Dutton ; Charles R. Crane ; et de nombreux
citoyens éminents, a publié hier une déclaration dans laquelle
il était dit que les rapports authentiques en provenance de
Turquie prouvaient que la guerre d’extermination menée par les
Turcs envers les Arméniens était si terrible que lorsque tous
les faits seront connus, la monde va se rendre compte que ce qui
a été fait a été « la plus grande, la plus pathétique et la plus
arbitraire tragédie de l’histoire. »
Une chance de fournir de la nourriture aux Arméniens ayant reçu
l’ordre d’être déportés dans des parties éloignées de l’empire,
a été bloquée par les autorités turques, a dit le comité, les
officiels turcs affirmant qu’ils « souhaitaient que rien ne soit
fait qui prolongerait leur vie ».
Dans la déclaration où le comité rend public le rapport reçu il
y a quelques jours d’un représentant officiel de l’une des
puissances neutres, il est dit, à propos des conditions de l’un
de ces camps arméniens :
« J’ai
visité leur campement et il n’est pas possible d’imaginer un
site plus pitoyable.
Ils sont, sans aucune exception, en haillons, affamés et
malades. Cela n’est pas surprenant, du fait qu’ils ont été sur
la route pendant presque deux mois, sans changer de vêtement,
sans possibilité de se laver, sans abri, et très peu à manger.
Je les ai observés une fois lorsque la nourriture leur a été
apportée. Des animaux sauvages n’auraient pu être pires. Ils
se précipitaient sur les gardes qui apportaient la nourriture
et les gardes les frappaient avec des gourdins, assez durs
pour tuer quelqu’un. A les observer, on pouvait à peine croire
que ces gens fussent des êtres humains. Si quelqu’un traverse
le camp, les mères offrent leurs enfants, et le supplient de
les prendre. En fait, les Turcs ont fait leur choix parmi ces
enfants et jeunes filles pour être esclaves ou pire.
Il y a très peu d’hommes parmi eux, car la plupart d’entre eux
ont été tués sur la route.
Des femmes et des enfants ont également été tués. Tous ces
faits semblent être le massacre le plus complètement organisé
et efficace que ce pays ait jamais vu. »
« ils sont tous d’accord », ajoute le Comité, se référant aux
rapports, « quant à la méthode de procédure, la minutie et la
cruauté du travail de destruction, et le but avoué du plan
d’élimination de la nation arménienne. Le fait que le
Gouvernement central à Constantinople refuse d’autoriser les
Arméniens à quitter le pays est une preuve supplémentaire de
leur intention d’extermination.
« Les Turcs ne nient pas les atrocités, mais ils prétendent
que c’est une mesure militaire pour les protéger contre une
attaque possible d’une race qui est déloyale. »
« Il est impossible d’estimer combien sont déjà morts. Une
enquête minutieuse dans le vilayet de Van a rassemblé les noms
de 55 000 personnes qui ont été tuées. D’autres ont réussi à
s’échapper vers la Perse ou la Russie. Un témoin oculaire qui
a fait récemment un grand voyage à travers l’Asie Mineure a vu
plus de 50 000 malheureux réfugiés, hébétés, impuissants et
mourant de faim, campant le long de la route dans une région
presque déserte, sans aucune provision pour leur nourriture.
Il n’est probablement pas surestimé de dire qu’un million des
2 000 000 d’Arméniens
possibles, en Turquie au commencement de la guerre sont soit
morts, soit dans des harems musulmans, ou forcés de se
convertir à la religion musulmane, ou se trouvent dans leur
triste voyage vers le désert et la mort.
Le Comité dit qu’il a envoyé par câble les 106 000 dollars à
l’Ambassadeur Morgenthau
à Constantinople, dont 100 000 $ étaient pour le secours aux
Arméniens de Turquie, et le reste pour les Arméniens échappés
en Egypte. Le bureau du Comité, dont M. Crane est le
trésorier, se trouve au 70, Fifth Avenue.
Source :
AID FOR ARMENIANS BLOCKED BY
TURKEY
THE NEW YORK
TIMES – nyt19151026
Elimination de tous les Arméniens de la ville de Kerasunt
Les Turcs déciment toute la population d’une ville sur la Mer
Noire26 octobre 1915
Londres, mardi 28 octobre – Une dépêche au Daily Mail en
provenance d’Odessa communique :
« Les Turcs ont massacré la totalité de la population de
Kerasunt, sur la Mer Noire »
Kerasunt est un port de mer en Turquie d’Asie, à environ 70
‘miles’ à l’ouest de Trébizonde. Il est situé sur un promontoire
rocheux avec une baie spacieuse sur le côté est. Les hauteurs
alentours sont couvertes d’une végétation luxuriante.
La population de Kerasunt comptait environ 24 000 habitants
Londres, le 25 octobre – Le récit d’un témoin oculaire des
atrocités envers les Arméniens fait au personnel britannique des
Dardanelles par un prisonnier arménien qui servait dans l’armée
turque, est envoyé par le correspondant Reuter avec la flotte
des Dardanelles. Cet Arménien dit que la déclaration de la loi
martiale à Zile incluait la confiscation de tous les biens des
Arméniens.
Il décrit comment les femmes ont été attachées derrière des
chars à bœufs et exposées à la faim et au très mauvais temps
jusqu’à ce qu’elles acceptent la conversion à l’Islam, sinon
c’est la mort . Comment les mères ont été tuées à la baïonnette
devant les yeux de leurs enfants, et comment les jeunes
Arméniennes étaient distribuées comme des biens meubles aux
fonctionnaires civils et militaires.
Le prisonnier déclare qu’en tant que soldat il a été obligé
d’assister à de nombreux massacres. De même qu’en une occasion
où il était membre d’un groupe de 40 soldats qui surveillaient
la mort de 800 Arméniens.
Son compte-rendu se termine ainsi :
« Il est exact de croire que les conseillers allemands des Turcs
les ont persuadés qu’il était indésirable de permettre à une
population étrangère et probablement inamicale
d’habiter dans des ports qui se trouvaient à portée des attaques
russes . »
Source :
Slay All Armenians In City Of Kerasunt -nyt19151026
Nyt19151019
- THE NEW YORK TIMES
La Turquie interdit la Croix Rouge
Le 29 avril 1915
La Turquie ne permettra pas à l’Amérique d’aider les victimes
arméniennes.
Le
gouvernement turc a informé le Département d’Etat à Washington
que la Croix Rouge ne sera pas autorisée à envoyer des
chirurgiens et des infirmières au secours du peuple arménien de
l’empire turc. Ce sont non seulement les chirurgiens, les
infirmières et leurs assistants, qui sont interdits en Turquie,
mais aussi tous les autres étrangers, étrangers dans ce cas
signifiant sans aucun doute les ressortissants des pays neutres.
Le Département d’Etat a informé Ernest T. Bicknell et Miss Mabel
Boardman, Directrice du personnel administratif de la Croix
Rouge Américaine, de la décision de la Turquie, et Miss Boardman
a communiqué l’information au Docteur
M. Simbad Gabriel, du 410 West Twenty-third Street, de notre
ville, Président de l’Association Générale Générale Arménienne
Progressiste de notre pays.
Il y a quelques semaines, le Docteur Gabriel avait écrit à Miss
Boardman au sujet des atrocités commises envers les Arméniens
par les Turcs. Il avait demandé à la Croix Rouge Américaine
d’envoyer des médecins et des infirmières en Turquie pour venir
en aide aux victimes. Dans sa lettre, le Dr. Gabriel disait :
« Une centaine d’infirmières et médecins de la Croix Rouge
Américaine peuvent opérer des miracles là-bas, non seulement
grâce au pain et aux médicaments qu’ils vont donner, mais en
vertu de leur présence personnelle ». Il suggérait également que
les Arméniens de notre pays puissent rassembler 50 000 dollars
pour les frais de la Croix Rouge.
Informant le Dr. Gabriel de l’impossibilité d’envoyer l’aide de
la Croix Rouge, Miss Boardman, écrivant de Washington en date du
16 octobre, disait :
« Votre lettre du 21 septembre est arrivée durant mon absence de
Washington.
A mon retour j’ai fait des enquêtes concernant la possibilité
pour la Croix Rouge Américaine d’envoyer des chirurgiens et des
infirmières pour l’aide aux Arméniens si les Arméniens
d’Amérique collectaient des fonds pour ce but. Mr. Bicknell
soumit l’affaire au Département d’Etat, et après enquête nous
avons appris que le gouvernement turc avait refusé d’autoriser
tout personnel étranger à entreprendre ce
travail. En conséquence, il nous serait impossible de le faire,
à notre grand regret, même si l’argent était rassemblé.
Nous trouvons aussi difficile actuellement, presque impossible
en fait, d’envoyer des provisions en Turquie, tout est dans une
situation épouvantable en Europe. Nous avons notifié à ceux qui
le désirent d’envoyer leurs contributions pour la Croix Rouge
arménienne à la Croix Rouge américaine qui les transmettra par
l’intermédaire de notre Ambassadeur américain à Constantinople,
car il semble que ce soit la seule méthode à présent d’aider la
population arménienne. Nous pouvons seulement espérer que cette
situation prenne fin sous peu. Elle empire tellement de jour en
jour qu’il semble qu’elle ne puisse pas durer longtemps.
« La lettre de Miss Boardman », a dit hier le docteur Gabriel,
« parle d’elle-même, et je pense qu’aux yeux de toutes les
personnes ayant des préjugés, elle va apporter une preuve
convaincante de la réalité des histoires terribles qui arrivent
de Turquie
en ce qui concerne la persécution, le meurtre et la torture
exercés sur le peuple arménien. Peut-être que le Président
pourrait adresser une requête personnelle aux autorités de
Constantinople, afin que la Croix Rouge américaine soit
autorisée à entreprendre cette mission charitable à l’égard du
peuple arménien qui est victime de la plus grande et plus
systématique série de massacres rapportés par l’histoire. »
Source :
TURKEY BARS RED CROSS
The New York Times nyt19151023
L’Allemagne déclare qu’elle ne peut pas arrêter les Turcs.
Des démarches ont été faites au sujet des massacres d’Arméniens,
mais n’ont pas trouvé de dirigeants intéressés.
WASHINGTON, 22
octobre 1915. Des renseignements confidentiels reçus aujourd’hui
par le Département d’Etat disent que le Gouvernement allemand a
officiellement fait des efforts pour modérer les atrocités
envers les Arméniens de Turquie, mais que les dirigeants turcs
n’ont apparemment montré aucun intérêt pour de tels efforts.
Les démarches ont été faites par les Etats Unis, transmises par
l’Ambassadeur Morgenthau à Constantinople il y a quelque temps,
prévenant la Turquie que la persécution continue des Arméniens
lui aliénerait l‘amitié du peuple américain.
Un certain nombre de dépêches à ce sujet ont été reçues par Mr.
Morgenthau, mais il n’y a pas eu l’annonce d’une réponse précise
de la part du gouvernement ottoman .
Source :
GERMANY SAYS SHE CANNOT STOP TURKS
The New York Times nyt19151011c
LE PAPE DEMANDE AU SULTAN : Epargnez les Arméniens
Rapport suivant de Constantinople : Benoît XV écrit à la
Porte.
L’ ALLEMAGNE CRITIQUE LE BLAME
La Gazette de Cologne dit que l’Angleterre essaie de détourner
l’attention de l’ " invasion de la Grèce ".
11 octobre 1915
ROME, le 10
octobre.
Mgr Dolci, le Délégué apostolique à Constantinople ayant
rapporté au Saint Siège les souffrances des Arméniens, le Pape
Benoît a écrit une lettre autographe au Sultan de Turquie,
intercédant pour le peuple infortuné.
BERLIN, le 10 0ctobre (par radio à Tuckerton, New Jersey)
" La Gazette de Cologne se réfère aux accusations de Lord Cromer
et du Marquis de Crewe à la Chambre des Lords, disant que les
diplomates consulaires allemands ont encouragé la population
turque à attaquer les Arméniens " écrit " Overseas New Agency "
" Le journal affirme que le but de ces assertions infondées est
facile à comprendre.
L’Angleterre souhaite détourner l’attention des neutres de la
violation de la neutralité grecque, et puisque la question belge
n’est plus assez nouvelle, elle se tourne vers de nouvelles
accusations. ".
Source :
SPARE ARMENIANS,
POPE ASKS SULTAN
The New York Times - Dimanche 15 octobre
1915
Plaider la cause des
Arméniens
Une importante réunion se tiendra au ''Century Theater"
Le Comité de la '70
Fifth avenue' des atrocités commises envers
les Arméniens, a annoncé hier, par son
secrétaire, le Professeur Samuel T. Dutton, qu'une importante
réunion se tiendra au 'Century Theater'
dimanche prochain l'après-midi, où la situation en Turquie sera
discutée. Ce sera sous les auspices du
Comité et de l'Organisation connue comme "Armenian Sympathizers'
qui a dans ses listes les noms de
plus de 20 000 personnes. Le Révérend D. James L. Baton de
Boston, Ex-Président de Euphrates College ;
Le Rabin Stephen S. Wise, et plusieurs Arméniens éminents vont
prendre la parole. Plusieurs missionnaires récemment
rentrés de Turquie sont attendus pour être présidents, et vont
raconter leurs expériences en Arménie.
La réunion prévue principalement, ne fera aucune déclaration de
la part des comités concernant une
protestation au nom du peuple américain contre ce qui semble
être une politique gouvernementale de la
part de la Turquie pour exterminer la totalité de la population
non-musulmane de Turquie.
Le second but de la réunion publique est d'intéresser le public
à la nécessité de lever des fonds pour les
besoins des activités de l'Ambassade à Constantinople. Ce fut un
soutien de tout cœur de notre Ambassadeur
en Turquie, Henry Morgenthau, qui a déjà reçu 100 000 dollars du
Comité américain.
Il a été annoncé hier que le Cardinal Gibbons de Baltimore avait
accepté de faire partie du Comité, qui compte
parmi ses membres le Bishop Greer, le Dr. Barton, Cleveland H.
Dodge, Osca S. Strauss et autres personnalités.
Le Comité va proposer des tickets d'admission, qui peuvent être
obtenus auprès du Prof. Dutton, au 70 Fifth Av.
ou au siège des 'Armenian Sympathizers' au 175 Fifth Avenue.
Source :
Government Sends Plea For Armenia
-nyt19151005
NEW YORK TIMES
10 octobre 1915 (II- 19 :3,4)
Une homme d’Etat turc dénonce les atrocités
Chérid Pacha déclare que les « Jeunes Turcs » ont planifié depuis
longtemps d’exterminer les Arméniens.
Un acte d’accusation des ‘Jeunes Turcs’, ou ‘Comité Union et
Progrès’, comme ayant depuis des années comploté l’extermination
du peuple arménien, est contenu dans une lettre adressée
récemment par Mehmed Chérif Pacha au rédacteur en chef du
Journal de Genève.
Les opinions de cet éminent exilé devraient sans aucun doute
être considérées à la lumière du fait qu’il a été obligé de
s’enfuir de sa terre natale à cause de cette sécession du parti
aujourd’hui au pouvoir en Turquie, mais même ses ennemis (et il
en avait de formidables, qu’ont prouvé les tentatives presque
réussies envers sa vie par des agents de la police turque à
Paris il y a environ deux ans) doivent admettre qu’il avait eu
d’excellentes occasions d’observer la politique des ‘Jeunes
Turcs’, puisqu’il figurait en bonne place dans leurs conseils
lorsqu’ils obtinrent le pouvoir au début du renversement du
régime d’Abdul Hamid, et qu’il quitta leurs rangs pour organiser
le parti d’Opposition Libérale, dès qu’il fut convaincu que
leurs dirigeants n’avaient nulle intention d’entreprendre le
programme de réformes qu’ils avaient promis.
Cherid Pacha est le fils de feu Said Pacha, qui était l’un des
principaux conseillers d’Abdul Hamid, et le Premier Grand Vizir
sous la nouvelle Constitution. Son épouse est la Princesse
Emanine, la fille du Prince Halim, et il est le beau-frère du
Prince Said Halim, l’actuel Grand Vizir. Lui-même a été un
certain temps ministre de Turquie en Suède.
Après avoir brandi les atrocités envers les Arméniens perpétrées
sous le régime actuel, comme ayant surpassé la sauvagerie de
Genghis Khan et de Tamerlan, Chérif Pacha continue :
« En fait, l’état d’esprit des Unionistes n’a pas été révélée au
monde civilisé, jusqu’à ce qu’ils aient ouvertement pris le
parti de l’Allemagne. Mais pendant plus de six ans, je les ai
exposés dans le « Mecheroutiette » (son journal, publié d’abord
à Constantinople, puis à Paris) et dans divers journaux et
revues, prévenant la France et l’Angleterre du complot qui avait
été tramé contre elles, et contre certaines nationalités à
l’intérieur des frontières ottomanes, principalement les
Arméniens.
Chérif Pacha énumère ensuite quelques-unes des contributions que
les Arméniens ont apportées à la civilisation turque, y compris
l’introduction de l’imprimerie, et du théâtre, et fait honneur à
un Arménien, Odian effendi, pour avoir collaboré avec Midhat
Pacha lors de la rédaction de la Constitution Ottomane, et il
insiste sur leurs grandes qualités d’agitateurs contre le
despotisme de la Turquie et de la Perse , qualités qui sont
soupçonnées de ne pas les avoir vivement recommandés aux «
réformateurs » du régime autocratique des ‘Jeunes Turcs’. Et il
continue :
« Hélas : A la pensée qu’un peuple si doué, qui avait servi à
faire fructifier le sol pour la rénovation de l’Empire Ottoman,
est sur le point de disparaître de l’Histoire, sans être réduit
en esclavage, comme l’ont été les Juifs par les Assyriens, mais
anéantis, même le cœur le plus endurci doit saigner : et je
désire, par l‘intermédiaire de votre estimable journal, exprimer
à cette race qui a été assassinée, ma colère contre les bouchers
et mon immense pitié pour les victimes.
« Ayant rempli ce devoir de piété, permettez-moi de faire
quelques exceptions relatives, non pas à la malheureuse nation
arménienne mais à quelques individus arméniens et groupes
propagandistes qui se sont, au cours des six années passées,
constitués eux-mêmes les défenseurs et apologistes de ce Comité
Union et Progrès principal agent de leurs souffrances actuelles.
Combien de fois les ai-je prévenus de la mauvaise foi des
Unionistes, de la perversité de ces âmes noires que je ne
connaissais que trop bien !
En outre, les massacres d’Adana, provoqués par les ordres de
l’Union, auraient dû les amener à un sens de l’état réel des
affaires. Certains d’entre eux, par une fausse appréciation de
leur intérêt, d’autres, influencés par des alliances politiques
de caractère maléfique, comme ce pauvre député de
Constantinople, Zohrab Effendi, qui a expié ses erreurs sur
l’échafaud ; tous les dirigeants politiques arméniens, ou
presque tous en s’identifiant à la bonne fortune politique de
l’Union, se sont compromis, au lieu de servir leur cause
nationale.
Si, au lieu de s’enrôler sous la bannière de cette association
toxique et traître, ils s’étaient rangés ouvertement du côté des
véritables libéraux, qui leur avaient montré depuis longtemps le
danger de leur parcours, même au péril de leur vie, ils seraient
non seulement restés fidèles à leurs principes, mais ils
auraient également épargné à leurs frères infortunés, les
persécutions dont ils ont souffert avant la guerre, et à toute
la nation la perspective d’une extermination unique dans les
annales de l’Histoire.
Source :
Turkush Statesman Denounced
Atrocities -nyt19151010e
LES LETTRES PARLENT D’ATROCITES
10 octobre 1915
L’une des lamentations turques sur les expulsions des Arméniens
:
« La cruauté des autorités est au-delà de toute description.
Dans certains cas, des clous et des objets pointus sont enfoncés
jusqu’aux bouts des doigts. ; les hommes sont battus jusqu’à ce
qu’ils tombent inanimés par terre. Les plantes de pieds sont
pilonnés, puis de l’eau bouillante est versée sur la chair
écorchée et sanglante ; dans d’autres cas, l’homme est pilonné
et battu jusqu’à ce qu’il lui soit impossible de savoir qui il
est, même près d’un ami intime. Toute cette torture est
pratiquée pour obliger la personne à révéler des secrets et
informer le gouvernement de complots et de plans qui pourraient
ou non être organisés contre lui. »
« Environ cinq cents des pires criminels des prisons, continue
la lettre, ont été remis en liberté et envoyés à la frontière
russe pour incendier les villages et détruire les vies et les
propriétés de l’ennemi. Nous avons rencontré des bandes de ces
hommes lorsque nous avons traversé le pays ».
Une seconde lettre parle de la déportation en masse des
Arméniens vers le désert et autres parties lointaines de
l’Empire turc… D’une certaine ville non nommée, l’auteur écrit
que « les premiers comprenaient les hommes éduqués et cadres de
la communauté, dont certains ont été soumis à d’indescriptibles
tortures et étaient incapables de marcher. »
Une troisième lettre est celle d’un Turc, un Musulman à son
fils, qui est maintenant aux Etats Unis. C’est la première
lettre publiée d’une source strictement turque, et la plus sûre,
qui confirme les récits d’effroi, de torture et de mort, envoyés
dans ce pays de différentes sources non-turques.
« Je te retourne le chèque que tu m’as envoyé, car nous ne
pouvons pas l’encaisser ici, où il n’y a plus de Raya
(Chrétiens). Les habitants de notre village sont tous musulmans
maintenant car nos voisins Raya ont été emmenés la nuit,
personne ne sait où. Leurs maisons ont été occupées par des
Kurdes et des Tcherkesses Bachibouzouks, chacun avec une ou deux
filles esclaves Raya.
Les temps sont durs, mon fils. Les Rayas étaient tout pour nous,
et le Tcherkess voleur n’est en aucun cas un substitut. Tous les
anciens du village se rendent compte de cela, bien que peu
d’entre eux aient de la sympathie pour ce malheureux peuple. Je
prends seulement le risque de t’écrire la manière dont ils ont
été traités. C’était la saison des moissons, et le pauvre Raya
n’avait même pas une poignée de blé moulu chez lui, il vivait
principalement de légumes. S’il y en avait certains parmi eux
qui avaient un peu de nourriture chez eux, ils n’avaient aucun
chance de pouvoir l’emporter. Quelques-uns furent tirés du lit,
et n’eurent même pas le temps de s’habiller, de sorte que
beaucoup (principalement des femmes et des enfants) partirent à
demi-nus et pieds nus. Nous avons entendu dire qu’un grand
nombre d’entre eux étaient morts avant la fin du premier jour.
Il n’y a plus aucune activité commerciale dans tout………….Tout est
dans un état anarchique.
Les meules de blé, toujours dans les champs sont constamment
mises à feu par les . Bachibouzouks. Je te dis que quand l’hiver
arrivera, nous-mêmes devrons mourir de faim, car, tu le sais,
nous vivons tous des récoltes des Rayas.
Source :
LETTERS TELL OF OUTRAGES
New York Times, 7 octobre 1915
800 000 ARMENIENS portés disparus
Londres, le 6
octobre,
Le Vicomte Bryce, ex-ambassadeur britannique aux Etats-Unis, a
dit aujourd’hui à la Chambre de Lords qu’une information
parvenue de différents quartiers rapportait que le chiffre de
800 000 Arméniens exterminés depuis le mois de mai était tout à
fait un nombre possible. Virtuellement, toute la nation a été
décimée, a-t-il déclaré, et il ne pense pas qu’il y ait eu dans
l’histoire un cas de crime « aussi hideux et à une si grande
échelle. »
« La mort de ces gens » a dit Lord Bryce, « est le résultat
d’une politique délibérée et préméditée d’une bande aujourd’hui
à la tête du gouvernement turc. Les ordres de massacres sont
venus dans tous les cas directement de Constantinople. Dans
certains cas, des gouverneurs locaux, étant humains, et pieux,
ont refusé d’appliquer les ordres et au moins deux gouverneurs
ont été sommairement congédiés pour cette raison.
« La procédure habituelle consistait à rassembler toute la
population d’une ville désignée. Une partie de la population
était jetée en prison, et le reste devait marcher hors de la
ville, et dans les faubourgs les hommes étaient séparés des
femmes et des enfants. Les hommes étaient ensuite conduits dans
un endroit commode et tués par balles ou à la baïonnette. Les
femmes et les enfants étaient ensuite mis en route par un convoi
de soldats de simples gradés, et expédiés vers quelque
destination lointaine.
« Ils étaient conduits par les soldats jour après jour. Un grand
nombre tombaient sur la route, et beaucoup sont morts de faim,
car aucune provision ne leur était distribuée. Ils étaient
dépouillés de tout ce qu’ils possédaient, et dans certains cas
les femmes étaient complètement déshabillées et devaient
continuer à marcher dans cet état.
La plupart des femmes devinrent folles et abandonnèrent leurs
enfants. La route de la caravane était jonchée d’une rangée de
cadavres. Très peu de gens, sur le total, atteignirent leur
destination.
« Les faits comme le massacre de Trébizonde ont été attestés par
le Consul d’Italie. Des ordres étaient venus de tuer tous les
Chrétiens arméniens de Trébizonde. De nombreux Musulmans
essayèrent de sauver leurs amis chrétiens, mais les autorités
étaient implacables, elles retrouvaient tous les Chrétiens et
les envoyaient sur le front de mer. Puis elles les faisaient
monter dans des bateaux qu’elles conduisaient à une certaine
distance du bord de mer, et les jetaient par-dessus-bord. Toute
la population arménienne, au nombre de 10 000, fut ainsi
exterminée en une après-midi ». Le Lord Mayor lors d’une réunion
à la Mansion House le 15 octobre, va commencer à rassembler un
fonds pour l‘aide aux réfugiés arméniens. Parmi les orateurs, il
y aura Lors Bryce, le Cardinal Bourne et T.P. O’Connor.
Source :
800,000 ARMENIANS COUNTED
DESTROYED
NEW YORK
TIMES le 4 octobre 1915
LE GOUVERNEMENT ENVOIE UN APPEL POUR L’ ARMENIE
Dire à la Turquie que
la continuation des atrocités va compromettre les bonnes
relations américaines.
Washington –
De nouvelles démarches ont été faites auprès du Gouvernement
Ottoman par le Gouvernement des Etats Unis concernant les
atrocités envers les Arméniens .
Le Secrétaire d’Etat Lansing a envoyé ce soir à l’Ambassadeur
Morgenthau à Constantinople un message exprimant l’intérêt du
peuple américain à l’égard de la situation arménienne, et
insistant pour que des mesures soient prises par le Gouvernement
turc pour la protection et un traitement humain des Arméniens.
Le message n’a pas pris la forme d’une protestation du
Gouvernement des Etats Unis, mais a été adressé à Mr. Morgenthau
pour informer le Gouvernement Ottoman que les atrocités
infligées aux Chrétiens arméniens avaient suscité un très fort
sentiment parmi le peuple américain et qu’une continuation de
ces atrocités allait tendre à compromettre la sympathie du
peuple des Etats Unis envers le peuple de Turquie.
Le Secrétaire Lansing a dit aujourd’hui qu’aucune remarque
n’avait été faite à l’Allemagne concernant le traitement des
Arméniens par les Turcs. Nous avons appris toutefois que
l’Ambassadeur Morgenthau avait signalé que l’Ambassade
d’Allemagne à Constantinople avait envoyé une protestation à ce
sujet au bureau des Affaires Etrangères turques. Il y a quelque
temps, un rapport du Département d’Etat avait demandé au Comte
Von Bernstorff, l’Ambassadeur allemand d’ici, d’attirer
l’attention du bureau des Affaires Etrangères sur ce sujet.
Source :
GOVERNMENT SENDS PLEA FOR ARMENIA
RECIT DES
HORREURS COMMISES EN ARMENIE Nyt19151004
Lundi 4 octobre 1915 - Un rapport d’éminents Américains dit que
ces horreurs sont inégalées depuis mille ans.
Rapport turc surpassé.
Une politique d’extermination mise en œuvre contre un peuple
impuissant.
Des village entiers dispersés !
Des hommes et des enfants massacrés, des femmes et des jeunes
filles vendues comme esclaves et distribuées aux Musulmans.
Le Comité des Atrocités arméniennes, un corps d’éminents
américains ayant enquêté pendant des semaines sur la situation
de l’Arménie turque, a diffusé hier un rapport détaillé sur
cette enquête, dans lequel il est affirmé qu’en cruauté et en
horreur, rien dans les mille ans passés n’a égalé les
persécutions actuelles du peuple arménien par les Turcs. Le
Comité ajoute que les sources d’information sont «
incontestables quant à leur véracité, leur intégrité, et
l’autorité des auteurs ».
Ces données sur lesquelles est basé le rapport ont été
rassemblées de toutes les parties de l’Empire turc.
Le rapport parle d’enfants de moins de quinze ans jetés dans
l’Euphrate pour être noyés, de femmes forcées d’aller dans le
désert avec un bébé dans les bras, et abandonnées au bord des
routes pour mourir, de jeunes femmes et jeunes filles que des
Turcs se sont appropriées, puis jetées dans des harems,
attachées, ou vendues au plus offrant, et d’hommes torturés et
assassinés. Tout ce qu’un Arménien possède, même ses habits sur
le dos, sont volés par ses
persécuteurs.
Le rapport dit que la bastonnade renaît, de hauts dignitaires de
l’Eglise ont été pendus, des familles éparpillées aux quatre
vents, des milliers et des milliers de personnes sans défense et
malheureuses rassemblées comme du bétail et conduites dans les
terres désertiques de l’empire, pour y mourir de faim.
Les hommes qui ont signé le rapport sont :
. le Révérend David H. Greer, évêque épiscopal protestant du
diocèse de New York
. Oscar S. Straus, ancien secrétaire du commerce et du travail
et ex-Ambassadeur de Turquie
. Cleveland H. Dodge, de Phelps, Dodge & Company
. Le révérend Dr. Stephen S. Wise, rabin de la Synagogue libre
de N.Y.
. Charles R. Crane de Chicago, vice-président de ‘Finance
Committee of the Democratic
National Committee’ au cours de la campagne précédente.
. Arthur Curtiss James, directeur de plusieurs sociétés de
chemins de fer et de la Banque nationale de Hanovre, de la
United States Trust Co, et Phelps, Dodge & Co.
. Le Rév. Dr. Frank Mason North du Conseil d’administration des
Missions étrangères de l’Eglise Episcopale Méthodiste.
. John R. Mott du Comité international de ‘Young Men Christian
Association’.
. William W. Rockhill, ancien ambassadeur de Turquie, et ancien
ambassadeur de Russie.
. William Sloane, président de W.&J. Sloane, 575 - 5ème Avenue,
N.Y.
. Le Rev. Dr. Edward Lincoln Smith, du Conseil d’Administration
américain des Commissaires pour les Missions étrangères.
. Le Rev. Dr. Frederick Lynch, de la New York Peace Society.
. Georges A. Plimpton, de Glinn & Co., administrateur de
Constantinople College.
. Le Rev. Dr. James L.Barton, missionnaire en Turquie pendant de
longues années, et aujourd’hui secrétaire du Conseil
d’Administration des Commissaires pour les Missions Etrangères.
. Le rév. Dr. William J. Haven, l’un des fondateurs de la
‘Epworth League’.
. Stanley White, Président de « White Advertising Corporation ».
. Professeur Samuel P. Dutton, une autorité dans les affaires du
Balkan.
Identité cachée des auteurs.
« Pour des raisons évidentes pour tous », dit le comité dans la
préface de son rapport, les noms et positions des différents
auteurs ne peuvent pas être révélés en ce moment.
Ils sont connus du comité qui se porte garant pour eux et leurs
déclarations. Dans la plupart des cas, il sera nécessaire de
cacher le lieu où ces déclarations ont été écrites, et même les
noms de villes citées, afin que l’auteur ou ses cas ne puissent
souffrir de maux irréparables.
Les sources d’information, ajoute-t-il, sont grecques, bulgares,
américaines, turques, allemandes, britanniques et arméniennes.
Le rapport, qui contient 20 000 mots, est divisé en 25 parties.
La première, datée du 27 avril 1915, déclare qu’un « mouvement
contre les Arméniens fait partie d’un mouvement concerté contre
tous les éléments non-turcs, et ceux de mission et de progrès, y
compris sionistes.
La seconde, datée de trois jours plus tard, parle de la
persécution, des pillages et massacres à l’intérieur de la
Turquie, et de « l’incroyable rigueur » contre les Arméniens de
Zeytoun et de Marash.
Le 10 juillet, l’auteur affirme qu’il était évident qu’une «
tentative systématique de déraciner la paisible population
arménienne avait été décidée en haut lieu.
Les tortures, pillages, viols, meurtres, expulsions massives,
déportations et massacres provenaient de toutes les parties de
l’empire et étaient dus non pas à une demande populaire ou
fanatique mais à des directives purement arbitraires de
Constantinople ».
Le 16 juillet, un autre auteur écrit qu’ « une campagne
d’extermination de race est en cours ».
Le chapitre VI décrit les massacres fin juillet, de femmes et
d’enfants dont la plupart avaient été déportés de la région
d’Erzeroum. Les massacres se sont produits près des villes de
Kemakh, entre Erzeroum et Harpout.
La déportation avait commencé à Zeytoun.
Les chapitres VII et VIII forment deux des plus horribles
chapitres d’horreurs, dont le rapport se divise. Ils sont
séparés comme suit :
Le 20 juin. La déportation a commencé il y a six semaines par
180 familles de Zeytoun ; depuis, tous les habitants de cet
endroit et des villages alentours, ont été déportés ; ainsi que
presque tous les Chrétiens d’Albustan, un grand nombre de Hadjin,
Sis, Kars Pazar, Hassan Beyil et Deort Yol. Leurs nombres
s’élèvent à ce jour à 265 000.
Parmi eux, environ 5 000 ont été envoyés dans la région de
Konya, 5 500 sont à Alep et les villes et villages environnants,
et le reste est à Der Zor, Racca et différents endroits de
Mésopotamie, même aussi loin que le voisinage de Bagdad. Le
processus continue encore, et l’on ne sait pas jusqu’où cela va
aller.
Les ordres déjà reçus vont amener ce nombre à 82 000 dans cette
région, et il n’y a pas encore d’exilés d’Aintab, très peu de
Marach et d’Ourfa. Il se peut que les ordres des commandants
aient été raisonnablement humains, mais leur exécution a été
pour la plupart d’une dureté inutile, et dans certains cas
accompagnée d’une horrible brutalité envers les femmes, les
enfants, les malades et les personnes âgées.
Tous les villages ont été déportés après un avis d’une heure,
sans aucune opportunité de se préparer pour le voyage, pas même
dans certains cas, de rassembler les membres de la famille
dispersée, de sorte que de jeunes enfants sont restés derrière.
A Hadjin, les gens aisés, qui avaient préparé de la nourriture
et de la literie pour la route ont été obligés de les laisser
dans la rue, et par la suite, ont beaucoup souffert de la faim.
Les femmes conduites sous le fouet.
Dans de nombreux cas, les hommes (ceux d’âge militaire étaient
presque tous dans l’armée) étaient attachés fortement avec des
cordes ou des chaînes.
Les femmes avec de jeunes enfants dans les bras, ou dans les
derniers jours de grossesse, étaient menées sous le fouet comme
du bétail.
Trois cas différents sont parvenus à ma connaissance, dans
lesquels la délivrance d’une femme se produisit sur la route, et
à cause du conducteur brutal qui la pressait le long du chemin,
elle mourut d’hémorragie.
Je connais aussi un cas où le gendarme en charge était un homme
humain, et accorda à la pauvre femme plusieurs heures de repos,
puis lui procura une charrette pour continuer.
Certaines femmes devinrent si complètement épuisées et
désespérées qu’elles laissèrent leur enfant au bord de la route.
De nombreuses femmes et jeunes filles furent violées. En un
endroit, le commandant
de la gendarmerie dit ouvertement aux hommes auxquels il
confiait un grande compagnie qu’ils étaient libres de faire ce
qui leur plaisait avec les femmes et les jeunes filles.
Quant à la subsistance, il y avait une grande différence d’un
lieu à un autre. Dans certains endroits, le gouvernement les
avait nourris ; ailleurs, il avait permis à d’autres de les
nourrir.
Il y a eu beaucoup de faim, soif et maladie, et quelques réels
cas de famine et mort.
Ces gens étaient dispersés en petites unités, trois ou quatre
familles par ci, par là, parmi une population de race et
religion différentes, et parlant une langue différente. Je parle
d’eux comme si c’étaient des familles, mais les quatre
cinquièmes d’entre eux étaient des femmes et des enfants, et les
hommes présents étaient pour la plupart vieux et incompétents.
Si aucun moyen n’est trouvé pour les aider au cours des quelques
mois prochains, jusqu’à ce qu’ils soient établis dans leur
nouvel environnement, les deux tiers ou les trois quarts d’entre
eux vont mourir de famine et de maladie.
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Les pieds des prisonniers battus et tombés en morceaux.
J’ai été appelé un jour dans une maison où j’ai vu un drap en
provenance de la prison, et qui était envoyé pour être lavé. Ce
drap était couvert de sang, coulant en ruisselets. On me montra
aussi des habits qui étaient trempés et excessivement sales. Je
me demandais ce qu’ils avaient bien pu faire aux prisonniers,
mais j’ai été au fond des choses grâce à l’aide de deux
personnes de confiance qui avaient été en partie témoins : le
prisonnier est placé dans une pièce (comme au temps des
Romains), des gendarmes se tiennent deux par deux de chaque
côté, et deux au fond de la pièce, chacun son tour donne la
bastonnade jusqu’à ce qu’il n’en ait plus la force. Du temps des
Romains, 40 coups étaient administrés au maximum ; mais là,
cependant, 200, 300, 500, et même 800 coups étaient administrés.
Le pied enfle, puis éclate sous les nombreux coups et ainsi le
sang gicle. Le prisonnier est ensuite ramené en prison et mis au
lit par le reste des prisonniers. Cela explique le drap
ensanglanté Les prisonniers devenus inconscients après ces coups
sont ranimés au moyen d’eau froide versée sur la tête, ce qui
explique les habits sales. Un jeune homme a été battu à mort en
l’espace de cinq minutes.
A part la bastonnade, d’autres méthodes sont employées aussi,
telles que la pose de fers rougis sur la poitrine.
Un forgeron qui était soupçonné d’avoir forgé des obus, fut
libéré après avoir eu les orteils brûlés avec de l’acide
sulfurique (appelé kérab).
Le Consul allemand d’Alep estime à 30 000 le nombre de déportés.
5000 personnes ont été déportées au lieu malsain de Sultani,
dans la région de Konya. Les premiers jours, le gouvernement a
donné un peu de pain. Quand il n’y eut plus de pain, ils ne
reçurent plus rien.
La misère était déchirante.
Au chapitre 9, l’auteur décrit un autre règne de terreur,
pendant lequel la terrible bastonnade était en usage, avec la
torture du feu en plus. Il avait entendu des cas de brûlures des
yeux des pauvres victimes.
Dans un autre cas, de vieilles bombes trouvées dans un cimetière
et enfouies là probablement sous le règne d’Abdul Hamid,
servirent de prétextes pour torturer et tuer des centaines de
personnes accusées de les avoir cachées pour les utiliser contre
les Turcs.
Le 26 juin des Arméniens d’une certaine ville reçurent l’ordre
de partir. Sans exception. Jeunes et vieux, riches et pauvres,
malades et bien-portants, tous devaient partir. Si elle était
gravement malade, la victime était tirée de son lit jusque dans
les rues. On leur prenait leurs chaussures et leurs vêtements.
Ils étaient jetés en prison, puis envoyés au loin, par groupes
de trente ou plus. Certains groupes étaient enchaînés. Un homme
qui était en contact avec le gouvernement turc affirma plus tard
qu’ils avaient été tués.
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Les femmes des soldats du Sultan déportées.
Après la déportation des hommes, les femmes et les enfants
reçurent l’ordre d’être prêts à partir. On leur disait d’être
prêts à partir le mercredi, et voilà ce qui arrivait : le mardi,
à environ 15h30, des chars à bœufs apparaissaient aux portes du
premier quartier a être évacué, et on odonnait aux gens de
partir immédiatement. Certains étaient tirés de leur lit sans
même un habit suffisant. Durant toute la matinée les chars à
bœufs claquaient en sortant de la ville, chargés de femmes et
d’enfants, et ça et là, un homme qui avait échappé aux
déportations précédentes.
Dans de nombreux cas, les maris et les frères de ces femmes,
étaient loin dans l’armée, combattant pour le gouvernement turc.
La panique dans la ville était terrible. Les gens se doutaient
que le gouvernement était décidé à exterminer la race
arménienne, et ils étaient impuissants à résister. Les gens
étaient sûrs que les hommes avaient été tués, et les femmes
kidnappées.
De nombreux condamnés de la prison avaient été relâchés, et les
montagnes environnantes de …….étaient pleines de bandes de
hors-la-loi. On craignait que les femmes et les enfants soient
enlevés de la ville et laissés à la merci de ces hommes.
Cependant il est probable que des enlèvements de jeunes filles
attrayantes se soient produits par des officiels turcs de………….
Un Musulman rapporta qu’un gendarme lui avait offert de lui
vendre deux filles pour 1 medjdié (4 dollars). Les femmes
pensaient qu’elles allaient subir un sort pire que la mort, et
plusieurs transportaient du poison dans leurs poches pour
l’utiliser si nécessaire. Quelques-uns transportaient des
pioches et des bêches pour enterrer sur le côté de la route ceux
qui allaient sûrement mourir.
Pendant ce règne de terreur, on remarqua qu’il était facile de
s’échapper ; que quiconque acceptait l’Islam aurait la
permission de rester tranquillement chez lui. Les bureaux des
avocats qui enregistraient les demandes étaient remplis de gens
désireux de devenir Mahométans. Beaucoup le firent pour l’amour
de leur femme et enfants, sentant que ce serait l’affaire de
quelques semaines avant la délivrance.
La déportation continuait à intervalles d’environ deux semaines.
On estime que sur 12 000 Arméniens de…………..il en restait à peine
une centaine. Même ceux qui avaient proposé d’accepter l’Islam
furent déportés. Au moment de mettre tout cela par écrit, aucun
mot précis n’avait été entendu par l’un de ces groupes…
Un autre chapitre dit qu’au sujet de ces 12 000 Arméniens
déportés, de toutes classes et de tous âges, « toute la
population mahométane savait que ces gens allaient devenir leur
proie
dès le début, et qu’ils seraient traités comme des criminels ».
La route de ces malheureux
était jonchée de cadavres.
- - - - - - - -
La tête des enfants fendue sur les rochers, voilà ce qui est
arrivé dans un village
où vivaient alors de nombreux Arméniens.
………………, un village à environ deux heures de ……………….. est habité
par des Arméniens grégoriens et catholiques. Un Arménien, riche
et influent, et ses deux fils, furent placés l’un derrière
l’autre, selon un témoin de confiance, et tirés en un seul coup.
Quarante cinq hommes et femmes furent emmenés à une courte
distance du village, dans une vallée. Les femmes furent d’abord
violées par les officiers de gendarmerie, puis remises aux
gendarmes pour en disposer.
Selon ce témoin, un enfant a été tué en ayant sa tête frappée
contre un rocher.
Les hommes ont tous été tués et personne n’a survécu de ce
groupe de 45 personnes.
Voici, en partie, l’histoire d’une autre malheureuse ville
arménienne. Dans la journée, les policiers fouillèrent les
maisons des Arméniens, à la recherche d’armes, et n’en ayant pas
trouvé, ils emmenèrent les meilleurs et les plus honorables des
habitants et les emprisonnèrent.
Certains d’entre eux furent exilés, et les autres furent
torturés avec des fers chauffés à blanc pour qu’ils révèlent les
armes soi-disant cachées.
Le Bureau de la Gendarmerie semble avoir le contrôle total de
l’affaire, et le Mutessarif les soutient.
Ils détiennent maintenant environ une centaine des meilleurs
citoyens de la ville en prison, et aujourd’hui le chef de la
gendarmerie a appelé l’évêque arménien et lui a dit que si les
Arméniens ne livrent pas leurs armes, et les révolutionnaires
parmi eux, qu’il a des ordres pour exiler la totalité de la
population arménienne de …………. comme ils l’ont fait à ceux de
…………………….
Nous savons comment ces derniers ont été traités, car une
centaine d’entre eux ont été traînés à travers ……………………… sur
leur chemin vers le désert où ils ont été exilés.
Ces pauvres exilés étaient principalement des femmes, des
enfants et des vieillards, ils étaient frappés à coups de
gourdin, et battus, et fouettés comme s’ils avaient été des
bêtes sauvages, et les femmes et les filles étaient tous les
jours criminellement violées, à la fois par leurs gardes et les
ruffians de chaque village qu’ils traversaient.
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Une femme décrit une horrible épreuve
Un autre document entre les mains du Comité américain prouve que
« le Gouvernement Jeune-Turc poursuit incessamment, et chaque
jour avec une plus grand violence, la guerre comme si elle était
déclarée contre ses sujets arméniens. »
Une lettre d’une femme en Turquie, d’une intégrité indubitable,
relate en partie ce qui suit :
« Notre groupe partit le 1er juin (ancienne date) avec 15
gendarmes nous accompagnant.
Le groupe comprenait 400 à 500 personnes. Nous étions à peine à
deux heures de chez nous, lorsque des bandes de villageois et
des crapules en grand nombre, avec des carabines, des fusils,
des haches, nous entourèrent sur la route et dérobèrent tout ce
que nous avions.
Les gendarmes prirent mes trois chevaux et les vendirent aux
mouhadjirs turcs , empochant l’argent. Ils prirent mon argent et
celui du cou de ma fille, et aussi toute notre nourriture.
Après cela, ils séparèrent les hommes, un par un, et les tuèrent
tous dans les 6 ou 7 jours, tous ceux qui avaient plus de 15
ans.
A côté de moi deux prêtres furent tués, l’un d’entre eux avait
plus de 90 ans.
Ces crapules prirent toutes les belles femmes et les emmenèrent
sur leurs chevaux.
De très nombreuses femmes et jeunes filles furent ainsi
transportées dans les montagnes, parmi elles ma sœur, dont ils
jetèrent le bébé d’un an ; un Turc le ramassa et le transporta
je ne sais où.
Ma mère marcha jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus aller plus
loin, et tomba au bord de la route, au sommet d’une montagne.
Nous avons trouvé sur la route un grand nombre de ceux qui
avaient fait partie des départs précédents, de………………….. ; les
uns étaient parmi les morts, avec leur mari et leurs fils.
Nous avons aussi rencontré des personnes âgées et de jeunes
enfants encore vivants, mais dans une situation pitoyable, à
force d’avoir crié.
Nous n’avions pas la permission de dormir la nuit dans les
villages, nous devions nous allonger en dehors.
Sous le couvert de la nuit, d’indescriptibles actes ont été
commis par les gendarmes, les crapules et les villageois.
Un grand nombre d’entre nous sont morts de faim ou frappés
d’apoplexie. D’autres sont restés au bord de la route, trop
faibles pour continuer.
Un matin, nous avons vu 50 à 60 chariots, avec environ 30 veuves
turques, dont les maris avaient été tués pendant la guerre ;
elles allaient à Constantinople. L’une de ces femmes fit un
signe à l’un des gendarmes, de tuer un certain Arménien qu’elle
désigna. Les gendarmes lui demandèrent si elle ne souhaitait pas
le tuer elle-même, elle répondit : « Pourquoi pas ? »
Et tirant un revolver de sa poche, elle tira et le tua.
Chacune de ces hanums turques avait avec elle, cinq ou six
fillettes arméniennes de moins de dix ans.
Les Turcs ne voulaient jamais prendre de garçons, ils les
tuaient tous, de n’importe quel âge.
Ces femmes voulurent prendre aussi ma fille, mais elle ne
voulait pas se séparer de moi.
Finalement, nous sommes montées toutes les deux dans leur char,
sur notre promesse de devenir Musulmanes. A peine montées dans
la voiture, elles se mirent à nous enseigner comment devenir
Musulmanes, elles changèrent nos noms, m’appelant ……………. et ma
fille……………….
Les pires horreurs et les plus inimaginables étaient réservées
pour nous sur les rives de l’Euphrate et dans la plaine d’Erzingan.
Les corps mutilés de femmes, de petites filles et de jeunes
enfants faisaient frissonner tout le monde.
Les crapules faisaient toutes sortes d’actes ignobles aux femmes
et aux fillettes qui étaient avec nous, et dont les cris
montaient jusqu’au ciel.
Dans l’Euphrate, les crapules et les gendarmes jetèrent dans le
fleuve le reste des enfants au-dessous de 15 ans. Ceux qui ne
pouvaient pas nager étaient abattus alors qu’ils se débattaient
dans l’eau.
Sept jours plus tard, nous atteignîmes ………………Là, il ne restait
plus un seul Arménien vivant.
Les femmes turques nous emmenèrent au bain, ma fille et moi, et
nous montrèrent
toutes les autres femmes et fillettes qui avaient accepté
l’Islam.
Les criminels musulmans relâchés pour le pillage
Extraits de divers témoignages inclus dans le rapport d’hier :
2 août. Environ 800 femmes d’âge moyen et âgées, et d’enfants de
moins de dix ans, arrivèrent à pied de Diarbékir, après 45 jours
en route, dans la plus pitoyable condition imaginable.
Elles dirent que les Kurdes avaient pris les jeunes femmes et
les jeunes filles,
pillé même la moindre somme qu’elles avaient et autres biens,
les privant de nourriture et autres besoins, et les laissant
dans une misère indescriptible.
Dans toute la campagne, les dirigeants arméniens avaient été
tués ou pendus.
Les commerçants étaient devenus mendiants et exilés.
Trente mille criminels mahométans avaient été relâchés des
prisons, et formaient des bandes sous une stricte discipline
militaire. L’une des obligations de ces bandes était de piller
les villages, de cambrioler et d’assassiner les exilés.
Les patriarches grec et Arménien avaient demandé audience aux
ministres du gouvernement turc, mais cela leur avait été refusé.
Les Ambassadeurs étrangers, parmi lesquels se trouvait celui des
Etats Unis, avaient été repoussés, et avertis que les souhaits
du Gouvernement Impérial ne les regardaient pas.
Les Ministres turcs et autres officiels avaient constamment
avoué l’intention d’écraser les nationalités chrétiennes, et de
mettre ainsi un terme à la Question arménienne.
Les importantes institutions américaines, religieuses et
éducatives de cette région sont en train de perdre leurs
professeurs, leurs enseignants, leurs assistants et leur
étudiants ; et même les orphelinats ont été vidés de centaines
d’enfants qui s’y trouvaient, ce qui ruine les fruits de
cinquante années d’infatigables efforts dans ce domaine.
Les officiels du gouvernement, en se moquant, demandent ce que
les Américains vont faire de ces établissements maintenant que
les Arméniens ont été chassés.
La situation devient chaque jour plus critique car on ne peut
pas dire où cela va finir.
Les Allemands sont blâmés de tous côtés, car s’ils n’ont pas
directement ordonné ce crime global (car ce n’est rien d’autre
que l’extermination de la race arménienne) ils l’ont au moins
excusé.
L’histoire d’une visite à l’un des camps dans le désert où les
Arméniens ont été exilés, est racontée vers la fin de ce
rapport. Elle décrit les vieillards, les femmes et les enfants,
réduits au pire état de misère par leurs persécuteurs.
Il n’y a que très peu d’hommes dans le camp, dit le rapport «
car la plupart d’entre eux ont été tués en route ». De même,
beaucoup de femmes et d’enfants ont été tués.
« La condition de ces gens » dit le rapport, « indique
clairement le sort qui leur est réservé, et qu’ils vont être
abandonnés ici ».
Le système qui est prévu est d’avoir des bandes de Kurdes qui
les attendent sur la route pour tuer spécialement les hommes, et
incidemment certains des autres.
Tout le mouvement semble être le massacre le plus complètement
organisé et efficace que ce pays n’ait jamais connu ».
Les Turcs contrecarrent les efforts des missionnaires
Les Missionnaires américains ont commencé à envisager des plans
pour aider les femmes et les enfants qui allaient rester ici
sans aucun moyen de soutien.
On a pensé que peut-être un orphelinat pourrait être ouvert pour
prendre soin de quelques-uns des enfants, et spécialement ceux
qui étaient nés en Amérique et ramenés ensuite ici par leurs
parents, et aussi ceux dont les parents avaient été de quelque
façon en contact avec la mission américaine et les écoles.
Il y aurait de nombreuses opportunités, bien qu’avec des moyens
insuffisants, de prendre soin des enfants qui arrivaient ici
avec des exilés d’autres vilayets et dont les parents étaient
morts en route.
J’ai été voir hier le Vali à ce propos, et reçus un refus
catégorique.
Il dit que nous pourrions aider ces gens si nous le désirions,
mais le gouvernement était en train d’installer des orphelinats
pour ces enfants, et nous ne pouvions entreprendre aucun travail
de cette nature.
Une heure après avoir quitté le Vali, une annonce fut faite que
tous les Arméniens restant ici, y compris les femmes et les
enfants, devaient être partis le 13 juillet.
« En réponse à l’appel urgent de l’Ambassadeur Morgenthau,
concluait le rapport, « le Comité des Atrocités Arméniennes, en
coopération avec le Comité de Grâce, ont décidé de lancer un
large appel de fonds. Plusieurs messieurs ont déjà promis de
larges contributions, mais le besoin est très grand, et nous
espérons recevoir un bon nombre de petits cadeaux.
« Les crimes perpétrés actuellement envers le peuple arménien
dépassent en horreur et en cruauté tout ce que l’histoire a
rapporté au cours des mille ans passés. Les gens éduqués et les
ignorants, les riches et les pauvres, tous sont soumis à toutes
les formes de barbarie et d’outrages.
Nous comprenons toutefois qu’un très grand nombre de Turcs
soient opposés à cette politique de persécution. ».
« On espère qu’une prompte action va permettre de sauver de
nombreuses vies, et rapatrier au moins une partie de ceux qui
ont été chassés de chez eux ».
« Les fonds seront envoyés à l’Ambassadeur aussitôt que reçus.
Les dons doivent être adressés au Trésorier Charles R. Crane,
70, Fifth Avenue, New York. »
(Cet article du NYT n’est qu’un des 200 articles environ du New
York Times, parus dans un livre appelé : « Le Génocide arménien
» - Nouveaux compte-rendu de l’American Press : 1915-1922 »)
Sont inclus également plus de 60 longs articles de l’American
Journal de l’époque, y compris l’histoire de l’Ambassadeur
Morgenthau, et autres documents importants.
Ce livre est disponible à « l’Armenian Genocide Resource Center
»,
5400 McBryde Avenue, Richmond, CA 94805. Prix :30 $ - (+ 5 $
pour courrier 1st class).
_
Source :
TELL OF HORRORS DONE IN ARMENIA
THE NEW YORK
TIMES Nyt19151001
DEMANDE D’AIDE A BERNSTORFF POUR EMPÊCHER LES MASSACRES
The New York
Times, le 1er octobre 1915
Le Département d’Etat adresse une demande officieuse à
l’Ambassadeur en faveur des Arméniens.
Washington, le 29 septembre – Le Département d’Etat a adressé
une demande officieuse au Comte Von Bernstorff, Ambassadeur
d’Allemagne, d’intervenir en faveur des Arméniens de Turquie.
Cette requête, connue seulement aujourd’hui, a été faite il y a
quelque temps, et jusqu’à présent, n’a pas reçu de réponse
directe de l’Ambassadeur, excepté le texte d’une dépêche
consulaire allemande, qui déclarait que la condition des
Arméniens avait été exagérée. Les fonctionnaires ici ont affirmé
qu’aucune démarche officieuse à ce sujet n’avait été entreprise
auprès du bureau des Affaires Etrangères de Berlin, et qu’aucune
mesure n’était envisagée actuellement par le Gouvernement.
Les Conseils du Département d’Etat ont montré que même si
jusqu’à présent il n’y a eu aucune violation des droits
américains, qui pourraient sevir de base à des protestations
formelles, des preuves de sources non officielles indiquent que
les vies et les propriétés des Américains ont été menacées.
L’Ambassadeur Morgenthau à Constantinople a envoyé aujourd’hui
un télégramme au Comité américain des responsables des Missions
Etrangères le pressant d’augmenter leurs dons au fonds de
l’œuvre de secours aux Arméniens.
Source :
ASKS BERNSTORFF's AID TO
PREVENT MASSACRES
THE NEW YORK
TIMES – nyt19150930
FONCTIONNAIRES ARMENIENS MASSACRES PAR LES TURCS
30 septembre
1915
Confirmation du Caire des atrocités massives que Von Bernstorff
sous-estime.
Londres, 29 septembre. Le correspondant du Caire au Times, dans
une dépêche datée
27 septembre rapporte :
Confirmation a été reçue hier des rapports des atrocités
arméniennes de caractère écœurant, et lançant un appel. Il ne
fait aucun doute que, comme de précédentes occasions, ces
atrocités aient été ordonnées par Istanbul (Constantinople).
Nous avons des raisons de croire que l’attaque envers les
Arméniens a été décidée lors du retour d’Enver Pacha après avoir
été repoussé du Caucase, quand il se montra furieux contre les
Arméniens qui avaient grandement aidé les Russes.
Talaat Bey, évidemment, a saisi cette occasion pour se venger
sur les colonies sans défense d’Asie Mineure. La formule adoptée
comme couverture fut un ordre d’expulsion des Arméniens et leur
déportation dans des centres de l’intérieur. La résistance, ou
le retard d’application de cet ordre, devint une excuse pour les
meurtres, les viols et autres sauvageries.
Un exemple des circonstances dans lesquelles furent impliqués
des Arméniens montre le sort qui attendait ceux qui obéissaient
aux ordres. Vartkès Effendi et Zohrab Effendi, deux membres
éminents du Parlement ; Aghnuni, l’un des chefs Dashnak ;
Haladjian Effendi, ex-ministre des Travaux Publics et de
l’Agriculture, furent montés dans une voiture à Urfa en
direction de Diarbekir, puis furent assassinés en route, leur
escorte relatant que les meurtres étaient l’œuvre de brigands.
Vartkès avait pourtant reçu récemment des marques d’amitié de
Talaat Bey.
Des réfugiés de Suède actuellement à Port Saïd semblent avoir
combattu plus vaillamment.
Lorsque l’ordre de déportation est arrivé, 4800 d’entre eux
montèrent dans les collines, d’où ils résistèrent pendant sept
semaines, l’une des attaques des Turcs ayant duré
continuellement pendant vingt six heures. On pense que des
Arméniens d’autres lieux résistent, mais le cas des colons de
l’intérieur est presque sans espoir.
La nature et l’étendue des atrocités éclipse tout ce qui a été
perpétré en Belgique et sous Abdul Hamid, dont les exploits dans
ce domaine prennent maintenant un aspect de modération, comparés
à ceux des dirigeants actuels de Turquie. Talaat Bey, lorsqu’il
a ordonné les déportations, a dit :
« Après cela, pour cinquante ans, il n’y aura pas de question
arménienne. »
Source :
ARMENIAN OFFICIALS
MURDERED BY TURKS
THE NEW YORK
TIMES Nyt19150925a
600 000 Arméniens déportés en exil
Le Dr. Gabriel dit que plus de 450 000 ont été tués lors des
récents massacres
IL DIT QUE L’EXTINCTION MENACE L’ ARMENIE
Les puissances neutres interviennent en vain, dit Noubar Pacha,
presque tout le peuple est perdu.
25
septembre 1915,
Le Dr. Simbad Gabriel, Président de "l’Armenian General
Progressive Association" aux USA, a dit au reporter du Times,
hier soir, qu’aucun Américain ne pouvait concevoir les atrocités
que les Turcs ont perpétrées envers les Chrétiens Arméniens. Il
a dit que selon la correspondance reçue de Noubar Pacha,
représentant diplomatique à Paris du Catholicos, le nombre
d’Arméniens mis à mort s’élève à plus de 450 000 et 600 000
autres sont chassées de leurs maisons pour errer parmi les
villages d’Asie Mineure, tous membres d’une population de 1 500
000 personnes.
" Nous, en Amérique, ne pouvons pas commencer à réaliser
l’étendue du règne de la terreur " dit le Dr. Gabriel, car les
Arméniens en Turquie ne sont pas autorisés à écrire, ni même à
parler entre eux de ce qui est en train de se passer entre les
mains des Turcs. " Noubar Pacha écrit qu’il a été informé par le
Catholicos et aussi par d' éminents Arméniens de Constantinople
qui lui ont fait jurer solennellement de ne pas révéler les
actes perpétrés par les Musulmans sur les Arméniens.
" J’ai parlé à une Arménienne il y a deux ou trois jours,
continua-t-il, elle était venue de Constantinople le mois
dernier avec ses trois enfants, elle me supplia de ne pas
révéler son nom, car une vengeance fatale serait exercée sur son
mari qui est toujours à Constantinople. "
'Elle me raconta des horreurs qui m’ont glacé le sang. Un matin,
vingt de leurs amis ont été délogés par les Turcs et pendus de
sans froid, pour la simple raison qu’ils étaient suspects d’être
peu sympathiques envers la cause turque. Ce n’est là qu’un
exemple de ce que les Arméniens de Turquie qui n’ont pas été
exilés craignent tous les matins au réveil.'
Le docteur dit que la cupidité, la religion et la politique sont
combinées pour inciter les Turcs à massacrer les Arméniens. Le
gouvernement est toujours derrière chaque massacre, et les gens
agissent sous les ordres.
Quand le clairon sonne le matin, dit-il, les Turcs se
précipitent férocement à la tâche de tuer les Chrétiens et de
s’emparer de leurs richesses. Quand cela s’arrête le soir, ou
deux ou trois jours plus tard, les fusillades et coups de
couteaux s’arrêtent aussi soudainement qu’ils ont commencé. Le
peuple obéit aux ordre comme des soldats.
" Les morts sont vraiment les plus heureux " continua-t-il. Les
vivants sont forcés de quitter leur maison et de marcher dans un
pays étranger parmi une population hostile.
Le Gouvernement leur alloue une ration de nourriture d’une
demi-livre de céréales par jour.
Les plus jeunes et plus forts des hommes sont forcés d’entrer à
l’armée, mais pas pour combattre. Ils ne sont pas armés, et sont
contraints de creuser des tranchées et de transporter les
fournitures pour les soldats turcs. Peut-on les blâmer de ne pas
soutenir la cause de leur pays ?
Noubar Pacha, en envoyant la correspondance reçue par le Dr.
Gabriel, a écrit que les massacres du Sultan Abdul Hamid en
1895, auxquels 300 000 Arméniens avaient succombé, semblaient
insignifiants comparés à la boucherie de 1915.
" Ce qui est arrivé au cours de ces derniers mois en Cilicie et
en Arménie est incroyable, écrit-il. Ce n’est ni plus ni moins
que l’extermination de tout un peuple. "
Une lettre de Constantinople dit que les Arméniens de toutes les
villes et tous les villages de Cilicie ont été exilés dans les
régions désertiques au sud d’Alep. ‘Ils n’ont pas le droit
d’emporter leurs biens avec eux,’ poursuit la lettre, 'et des
Musulmans occupent les terres et les maisons laissées vacantes.
Les jeunes gens sont requis pour le service militaire et il n’y
a que les faibles et les vieillards qui sont déportés.'
‘Les cours martiales fonctionnent partout’ , dit une autre
lettre. 'De nombreux Arméniens ont été pendus, et beaucoup
d’autres ont été condamnés à dix ou quinze ans de prison.
Nombreux sont ceux qui ont été battus à mort, parmi eux les
prêtres du village de Kurk. Les églises et les couvents ont été
pillés et détruits, et presque tous les évêques ont été arrêtés
pour être remis aux cours martiales.'
" Les villages des vilayets de Van et de Bitlis ont été pillés,
et la population passée par l’épée.
Nous à Constantinople vivons à présent isolés, comme dans une
forteresse, et n’avons aucun moyen de correspondance, ni par
courrier, ni par télégramme. A aucun moment, le martyre des
Chrétiens n’a atteint de telles proportions, et si les
puissances neutres, particulièrement les Etats Unis d’Amérique,
n’intercèdent pas, il n’y aura que très peu de survivants du
million et demi de Chrétiens arméniens dans l’empire turc. "
Le Dr. Gabriel dit que l’Association Progressiste Arménienne fut
d’abord organisée en 1909 après que les ‘Jeunes Turcs’ eurent
massacré 30 000 Arméniens de Cilicie. Il dit que l’association a
essayé de différentes manières de promouvoir une meilleure
compréhension entre les deux races, mais ressent maintenant que
de tels efforts sont vains.
Noubar Pacha, qui vit en Egypte, selon le Dr. Gabriel, a été
appelé une fois par le Catholicos, avant la fin des guerres des
Balkans, pour tenter d’arranger avec les puissances européennes,
quelque accord concernant les droits des Arméniens.
Source :
SAYS EXTINCTION MENACES ARMENIA
THE NEW YORK
TIMES – nyt19150924
500 000 Arméniens auraient péri
Washington a demandé d’arrêter le massacre des Arméniens par les
Turcs et les Kurdes.
Spécial au New
York Times - Washington, 23 septembre.
Charles R. Crane de Chicago, directeur du Roberts Collège à
Constantinople, et James L. Burton de Boston, Secrétaire des
Affaires Etrangères du Conseil Américain des Missionnaires pour
les Missions Etrangères, ont rendu visite aujourd’hui au
Département d’Etat et se sont entretenus avec Polk le Secrétaire
d’Etat par intérim, et avec d’autres officiels concernant le
massacre des Arméniens par les Turcs et les Kurdes en Asie
Mineure.
Ils vont assister à une réunion du Comité général qui doit se
tenir à New York dans quelques jours pour concevoir un plan afin
de faire appel au peuple américain pour des fonds et une aide au
plus grand nombre possible d’infortunés Arméniens.
Nous avons appris, par les conférences prononcées aujourd’hui,
que des requêtes ont été présentées de temps en temps au
Gouvernement Ottoman par l’Ambassadeur Morgenthau pour que les
Arméniens soient traités humainement. Malgré ces demandes, le
massacre des Arméniens a continué.
Les rapports du Département d’Etat sont complètement remplis de
rapports détaillés des fonctionnaires du Consulat Américain de
Constantinople, qui contiennent des récits déchirants du
traitement des Chrétiens arméniens par les Turcs et les Kurdes.
Ces rapports n’ont pas été divulgués au public. Ils indiquent
que les Turcs ont entrepris une guerre d’extermination contre
les Arméniens, spécialement ceux de l’Eglise Grégorienne, à
laquelle appartiennent 90 % des Arméniens. Le Gouvernement turc
au départ, avait ordonné la déportation de tous les Arméniens,
mais il y a quelque temps, après que des démarches aient été
faites par l’Ambassadeur Morgenthau, le Gouvernement Ottoman a
donné l’assurance que les ordres seraient modifiés afin que les
Arméniens catholiques et protestants soient épargnés.
Les rapports parvenus à Washington indiquent qu’environ 500 000
Arméniens ont été massacrés ou ont perdu la vie par suite de
l’ordre de déportation turc et la guerre d’extinction qui s’en
est suivie. Les autorités turques ont fait sortir de leurs
maisons les Arméniens Grégoriens, leur ordonnant d’aller dans
des villes lointaines en direction de Bagdad, qui ne peuvent
être atteintes qu’en traversant de longues étendues de désert.
Au cours de l’exode des Arméniens à travers les déserts, les
Kurdes leur sont tombés dessus et les ont massacrés, mais des
femmes et des jeunes filles arméniennes, en nombre considérable,
ont été emmenées en captivité par les Kurdes. Les rapports
envoyés au Département d’Etat par ses agents en Asie Mineure
confirment tout à fait les déclarations faites dans l’appel
envoyé à ce pays par le Vicomte Bryce, ex-ambassadeur
britannique aux Etats Unis, de tenter d’arrêter le massacre des
Arméniens. Le Vicomte Bryce a déclaré que les horreurs par
lesquelles les Arméniens sont passés n’ont pas leur pareil dans
les temps modernes.
Source :
500,000 ARMENIANS SAID TO HAVE PERISHED
THE NEW YORK
TIMES nyt19150921
Bryce demande aux Etats Unis d’aider l’Arménie mardi 21
septembre 1915 -
Bryce dit que tous les Chrétiens de Trébizonde, soit 10 000
personnes ont été noyées.
Les femmes ont été envoyées dans des harems
Seul le Pouvoir de l’Allemagne peut arrêter les massacres, et
nous pourrions la persuader ici d’agir.
Londres, le 20 septembre. Le Vicomte Bryce ex-Ambassadeur des
Etats Unis a adressé à l‘Associated Press un appel pour que
l’Amérique essaie d’arrêter le meurtre des Arméniens.
Il déclare :
" Le monde civilisé, spécialement les Américains, devrait savoir
quelles horreurs se sont passées en Turquie asiatique au cours
des derniers mois, car si quelque chose peut arrêter la main
destructrice du gouvernement turc, ce sera l’expression de
l’opinion des nations neutres, principalement le jugement de
l’Amérique humaine.
" Peu après que la guerre ait éclaté entre la Turquie et les
Alliés, le Gouvernement turc a conçu, et depuis a entrepris avec
une cruauté implacable, un plan pour extirper la Chrétienté, en
tuant les Chrétiens de race arménienne. Des rapports de
différentes sources confirment que dans tout l’est et le nord
d’Asie Mineure et d’Arménie, la population chrétienne est
délibérément exterminée, les hommes d’âge mobilisable sont tués
et les jeunes femmes sont enlevées pour des harems turcs,
forcées de devenir musulmanes, et tenues, avec les enfants, en
quasi esclavage. Le reste des habitants, vieilles femmes, hommes
et enfants sont emmenés en convois par des soldats turcs dans
des endroits malsains d’Asie Mineure, certains dans les déserts
de Syrie et de l’Euphrate. Beaucoup meurent ou sont tués en
route et tous périssent tôt ou tard.
Dans la ville de Trébizonde où les Arméniens étaient au nombre
de 10 000, des ordres sont venus de Constantinople d’arrêter
tous les Arméniens. Les troupes les pourchassèrent, les
emmenèrent au bord de la mer, les firent embarquer, puis les
jetèrent par-dessus bord, les noyèrent tous, hommes, femmes et
enfants. Cela a été vu et décrit par le Consul d’Italie.
Certains de la région y échappèrent, en déclarant qu’ils
acceptaient l’Islam, et 250 000 passèrent la frontière russe,
mais un demi-million furent peut-être assassinés ou déportés, et
ces déportés sont morts peu après de mauvais traitements, de
maladie ou de famine.
Les routes et les coteaux sont couverts de cadavres de paysans
innocents.
" Nous pouvons tous essayer d’aider les malheureux réfugiés qui
se trouvent aujourd’hui dans le territoire russe, mais qu’est-ce
qui peut arrêter les massacres ? Non pas les puissances alliées
en guerre contre la Turquie. Une seule puissance peut agir dans
ce but.
C’est l’Allemagne.
Si le peuple américain exprimait son opinion, , dévoilant la
conscience des nations neutres, l’Allemagne ne serait-elle pas
incitée à contenir le gouvernement turc ? "
Source :
BRYCE ASKS US TO AID ARMENIA
THE NEW YORK
TIMES - nyt 19150917
Rapport du Conseil de la Mission sur les horreurs turques
17 septembre
1915 - Les correspondants confirment les rapports de
l’élimination des Arméniens disséminés dans l’Empire
Les villes chrétiennes ont cessé d’exister en tant que telles,
et les habitants sont conduits loin de chez eux.
Sous le titre "Dans la Turquie la plus sombre" le Comité
américain des envoyés pour les missions étrangères dit qu’il a
en mains des "preuves abondantes et indéniables"
confirmant les rapports des journaux sur la persécution des
sujets chrétiens de l’Empire Ottoman.
" Ces preuves, dit le Conseil, ne proviennent pas des lettres
des missionnaires, les auteurs écrivent brièvement, et sur leurs
propres affaires ; ils évitent de discuter d’affaires
politiques.
Ils cherchent à garder une attitude neutre en cette période de
conflits."
" Mais par d’autres sources environnantes, d’origines absolument
fiables, sont parvenues dans les salles du Conseil, des rapports
d’opérations dans de nombreux endroits de Turquie, qui lancent
tant d’appels à l’aide qu’il est impossible de ne pas y croire.
Ils signalent un effort désespéré, systématique et autorisé de
la part des dirigeants de la Turquie pour supprimer les
Arméniens ".
Apparemment, le soulèvement des révolutionnaires arméniens de
Van qui a ouvert la voie à l’occupation russe dans cette ville,
sans résistance, a servi de prétexte aux Turcs pour une attaque
générale des Arméniens, partout. Dans certains cas par des
massacres, plus souvent des tortures et l’exil. Les Arméniens
ont été éliminés du champ. Ils ont été mis là où ils n’ont plus
besoin d’être pris en considération.
Le long de la piste des armées russes en direction de la
frontière perse, de Van à Moush et Bitlis, dans les villes de
l’Arménie Occidentale telles que Diarbékir, Harpout and Mardin,
et particulièrement dans la partie centrale de la Turquie, et
les régions s’étendant vers le sud, cette persécution cruelle,
implacable s’est exercée pendant un certain temps.
RAPPORT D’UN RESIDENT BRITANNIQUE
Un résident britannique de Constantinople qui avait quitté cette
ville et se trouvait temporairement dans un port méditerranéen
hors d’atteinte d’un censeur, écrit ce qui suit :
‘Vous avez dû être peu ou prou informés de la triste situation
des Arméniens, par les journaux, mais il est probable que rien
ne transpire de l’état désespéré dans lequel se trouve cette
malheureuse population.
Peut-être avez-vous appris que Zeitoun a cessé d’exister en tant
que ville arménienne. Les habitants ont été disséminés, la ville
a été occupée par les Turcs et le nom même a été changé.
Il en est largement de même de Hadjin, sauf que le nom de la
ville n’a sans doute pas été modifié. Les Arméniens des régions
d’Erzeroum, Bitlis et Erzingan ont, sous la torture, été
convertis à l’Islam. Mardin rapporte que les conditions de 1895
(l’année des massacres tristement célèbres) y prévalent. Le
récit est épouvantable au plus haut degré.
Plus d’un millier de familles d’Hadjin sont arrivées récemment à
Alep au dernier degré de la misère et néanmoins l’intention est
de les envoyer beaucoup plus loin. Les maris sont séparés de
force de leur femme, et envoyés dans des endroits très éloignés.
Les enfants sont de même séparés de leurs parents.
Le Conseil a reçu également le rapport suivant de personnes du
nord de la Syrie, qui n’ont aucun lien avec nos missionaires,
mais à qui nous dit-on on peut faire totalement confiance.
De 4300 à 4500 familles – environ 28 000 personnes – ont été
déportées par ordre du Gouvernement des cazas de Zeitoun et de
Marache, et envoyées dans des lieux lointains où ils sont
inconnus, et distinctement dans des communautés non-chrétiennes.
Des milliers ont déjà été envoyés au nord-ouest, dans les
provinces de Konia, Césarée, Castiamount etc…, tandis que
d’autres ont été conduites au sud-est jusque Der-el-Zor, et des
rapports disent aux alentours de Bagdad. La détresse dont
souffrent ces personnes est terrible à imaginer. Entrer dans les
détails serait une perte de temps inutile, car toutes les
souffrances auxquelles une grande communauté est sujette dans de
telles circonstances, sont subies.
Environ 300 personnes, chefs de familles importantes, ont été
emprisonnées à Marache, dont 50 sont originaires de Zeitoun, et
environ 2000 personnes ont été envoyées à Marache et de là à
Aintab, et censées arriver à Alep vers le 15 mai pour être
déportées à Meskéné, et il est prévu qu’au moins 250 familles
devront les suivre avant le 20 mai, pour le rapport au
gouverneur d’Alep. Ces derniers ont plus de chance que les
précédents mentionnés, car une opinion différente prévaut dans
les cercles officiels compétents de cette ville. 71 familles ont
été envoyées à Konia vers le 25 avril.
Source :
MISSION TOLD OF TURKISH HORRORS
Correspondents Confirm the Reports of the Wiping Out of
Armenians. (NYT- 1915/9/17)
THE NEW YORK
TIMES nyt19150916
Réponse à Morgentau à la suite de ses protestations.
Londres 16 septembre 1915 - Un correspondant du Times, récemment
à Salonique dit que toutes les informations de Turquie sont
d’accord pour caractériser comme terribles les atrocités turques
envers les Arméniens. On pense que c’est l’intention officielle
de poursuivre une campagne d’extermination, comportant le
meurtre de 800 000 à 1 000 000 de personnes. Les Chrétiens
peuvent échapper au meurtre en embrassant la religion
mahométane, auquel cas tous les membres convertis de la famille
en âge d’être mariés – femmes, sœurs et enfants – sont
distribués parmi les autres Turcs, rendant ainsi la reconversion
au christianisme pratiquement impossible.
Le Ministre américain de Constantinople aurait protesté
récemment contre cette menace, en prévision du danger auquel
seraient exposés les missionnaires américains.
La seule réponse à cette protestation fut la pendaison de vingt
personnalités arméniennes le lendemain dans les rues de
Constantinople.
Source :
ANSWER MORGENTHAU BY HANGING ARMENIANS
The New York
Times, nyt1915094a
Un triumvirat autocratique
THE NEW YORK
TIMES : Mardi
14 septembre 1915
" Selon ce communiqué, les affaires turques sont sous le
contrôle d’un triumvirat avec des pouvoirs autocratiques,
comprenant :
Enver Pacha, ministre de la guerre
Talaat Bey, ministre de l’Intérieur
Et Bedri Bey, Préfet de police de Constantinople.
L’information précise que les Musulmans sont mécontents, on dit
que le Cheikh ul Islam est contrarié car il désapprouve les
mesures prises contre les Arméniens. Le Comité ‘Union et
Progrès’ aurait été virtuellement supplanté par un comité secret
réceptif aux ordres du triumvirat.
L’informateur américain affirme que les Arméniens ont été
embarqués vers des camps de concentration en différents lieux,
emmenés à pied, ou dans des wagons à bestiaux. Il ajoute que les
premiers massacres de Chrétiens en Asie Mineure se reproduisent
dans le cas présent, et dans certains cas, en comparaison, une
infime partie seulement des Arméniens atteignent vivants les
camps de concentration.
Henry Morgenthau, Ambassadeur d’Amérique à Constantinople, a
fait tous ses efforts pour protéger les Arméniens, mais
apparemment ses tentatives ont été vaines. Il est précisé que
les Arméniennes qui tentaient d’aller avec les déportés pour
surveiller les enfants arméniens, étaient renvoyées, et qu’un
certain nombre de jeunes filles arméniennes qui étaient
étudiantes dans le Collège américain de Constantinople, sont
tombées entre les mains des Turcs.
Etant donné l’interruption de transport par mer, il est presque
impossible d’acheter du charbon à Constantinople, et le bois est
utilisé pour les locomotives. Les récoltes étaient bonnes, mais
il a été presque impossible de moissonner. Le pétrole coûte un
dollar le gallon, et le prix du sucre a été multiplié par sept.
L’informateur américain dit que l’accord signé entre la Turquie
et la Bulgarie, n’a pas encore obtenu un règlement définitif des
relations, mais qu’au contraire les Turcs se hâtent de bâtir des
défenses contre les Bulgares. "
Source :
An Autocratic Triumvirate
-nyt19150914a
THE NEW YORK
TIMES – nyt19150905
1 500 000 Arméniens meurent de faim
Dépêche du 5
septembre 1915
Le comité de secours appelle à l’aide pour les victimes des
décrets turcs.
Le Comité du Fonds de Secours arméno-américain a reçu deux
lettres de Constantinople décrivant les horreurs auxquels sont
soumis les Chrétiens arméniens de Turquie.
Une lettre datée du 15 juin, dit en particulier :
" Le Gouvernement turc exécute aujourd’hui le plan de
dispersion des Arméniens des provinces arméniennes, profitant
des troubles dans les puissances européennes, et avec
l’assentiment de l’Allemagne et de l’Autriche. "
" Ces gens sont expulsés sans pouvoir emporter ni provisions ni
meubles, et dans des endroits où le climat ne leur convient
absolument pas. On les laisse sans abri, sans nourriture, sans
vêtements, dépendant seulement de quelques morceaux de pain que
le Gouvernement veut bien jeter devant eux, un gouvernement qui
n’est pas capable de nourrir ses propres troupes. "
" Il est impossible de lire ou d’entendre sans verser de larmes,
même les plus infimes détails de ces déportations. La plupart
des familles ont voyagé à pied, vieillards et enfants sont morts
sur la route, des jeunes femmes sur le point d’accoucher ont été
laissées dans des cols de montagne, et au moins dix morts par
jour sont signalés parmi eux, de faim et de maladie, dans le
lieu même où les victimes ont été exilées. Jusqu’à présent il
n’a pas encore été possible d’envoyer de l’aide à Sultanieh, à
cause de l’interdiction du gouvernement, malgré les efforts de
l’ambassadeur américain à qui nous sommes reconnaissants pour
ses tentatives philanthropiques et généreuses.
La seconde lettre datée du 12 juillet dit :
" La situation des Arméniens s’est extrêmement aggravée
depuis ma dernière lettre. Ce n’est pas seulement la population
arménienne de Cilicie qui a été totalement déportée et exilée
dans les déserts. Les communautés arméniennes de toutes les
provinces d’Arménie, d’Erzeroum, Trébizonde, Sivas, Harput, Van
et Diarbekir, ainsi que de Samsun, Césarée et Urfa – une
population de 1 500 000 personnes est en train de marcher
aujourd’hui, le bâton de pèlerinage forcé à la main, vers les
déserts Mésopotamiens, pour vivre parmi les tribus sauvages
arabes et kurdes. Très peu d’entre eux vont pouvoir atteindre
les lieux désignés pour leur exil, et ceux qui y arriveront vont
périr de faim si un secours immédiat ne leur parvient pas. "
" C’est au nom de cette population d’1 500 000 personnes mourant
de faim que des appels urgents doivent être lancés au peuple
charitable d’Amérique ".
Le Comité de Secours du Fonds arménien pense que si une aide
immédiate ne parvient pas, les efforts futurs seront vains.
Les trésoriers du Comité sont : Brown Brothers Co. 59 Wall
Street.
http://www.csun.edu/asa/
Source
1,500,000 ARMENIANS STARVE
THE NEW YORK
TIMES –nyt19150903
Les Turcs massacrent les Arméniens d’Ismit
Londres – 3 sept.
Une dépêche à l’Exchange telegram Company d’Athènes, rapporte:
" Des voyageurs en provenance de Constantinople communiquent que
vendredi dernier, les Turcs ont incendié la ville d’Ismit et
massacré un grand nombre d’habitants arméniens.
Ismit se trouve au nord du Golfe d’Izmit en Asie Mineure à
environ 56 miles au sud-est de Constantinople.
Elle fut la résidence des archevêques grecs et arméniens. Sa
population s’élève à environ 25 000 habitants."
Source
TURKS MASSACRE ARMENIANS OF ISMID
THE NEW YORK TIMES –nyt19150827
LES TURCS DEPEUPLENT LES VILLES D’ARMENIE
Un voyageur
écrit que les Chrétiens du Grand Territoire ont été expulsés de
leurs maisons.
600 000 meurent de faim sur la route
En outre, plus de 100 000 Grecs ont été déportés de la Côte
méditerranéenne.
27 AOUT 1915
Un voyageur qui vient d’arriver à New York, de Turquie où il a
résidé pendant longtemps, a raconté hier au TIMES, les
conditions dans lesquelles il les a trouvés hier
à Constantinople, et les déportations en masse des Arméniens des
provinces intérieures de Turquie d’Asie.
Pour des raisons compréhensibles, le narrateur ne souhaite pas
que son nom soit publié, mais le TIMES peut se porter garant de
sa qualification en tant qu’observateur,
spécialement des conditions dans le district arménien.
Quittant Sivas, où il a passé un certain temps, il s’est rendu à
Constantinople, et de là à Athènes, d’où il a embarqué pour New
York. Lorsqu’il était à Constantinople, dit-il,
il y a quatre semaines, la tension était très forte. Dans les
cercles officiels, on affirmait que tout se passait bien pour
les Turcs, mais il y avait quelques individus, dit-il,
qui exprimaient leur découragement. Ceux-là avaient très peu
confiance dans les motifs des Allemands à aider la Turquie, et
quelques-uns accusaient même Enver Pacha
de l’avoir vendue pour de l’argent à l’Allemagne.
Les médecins allemands, ainsi que les infirmières, lui dirent
que longtemps avant le début des hostilités, l’Allemagne avait
envoyé 2000 officiers en Turquie, par la Roumanie,
déguisés en chirurgiens et en aides-soignants de la Croix Rouge.
Les ruses de fausses bases de travail, et l’étiquetage de
munitions comme autres fournitures médicales
pour passer en fraude à travers la Roumanie, étaient aussi des
sujets de vantardise.
D’après ses constatations à Constantinople, et les dépêches
envoyées de là-bas, depuis son départ, il jugeait que les alliés
étaient sur le point d’en finir avec la campagne de
Gallipoli, et prêts à chasser les Turcs hors d’Europe. Au cas où
il deviendrait nécessaire d’évacuer Constantinople, il dit que
Konia deviendrait la nouvelle capitale, et qu’il
avait compris que les archives y avaient déjà été transportées.
" Les Arméniens de l’intérieur ", dit-il, "ont été déportés en
direction de Mossoul. " Quand j’ai quitté, Sivas, les deux-tiers
d’entre eux, avaient déjà quitté la ville,
y compris les Protestants, les instituteurs et les élèves. Selon
mes meilleures sources et mon opinion, à l’exception des soldats
et des prisonniers, ainsi que de très rares
exceptions, ceux qui étaient nécessaires au gouvernement pour
différents motifs, tous les Arméniens ont quitté Sivas. D’après
ce que je considère comme une source sûre,
je pense qu’il est vrai que toute la population d’Erzeroum, y
compris Gemerey, près de Césarée, et de Sassoun y compris
Harpout, a été déportée. Il y a aussi dans le centre
du pays, un déplacement qui n’est pas devenu général, mais va
sûrement le devenir. Plus de 100 000 Grecs de Marmara et de la
côte méditerranéenne ont été déportés.
" Nous avons entendu des rumeurs de massacres, mais je n’ai pas
de preuves à ce sujet.
A ma connaissance, des massacres généraux ne se sont pas
produits dans les villages de Sivas.
Presque personne n’a été tué d’une manière ou d’une autre.
" Cette déportation générale des Arméniens a commencé il y a
plusieurs mois par des arrestations pour une soi-disant activité
révolutionnaire, et une recherche
de fusils et de bombes.
" Après avoir vu des milliers de gens délogés, je conclus que si
quelque chose pouvait être fait pour arrêter ce terrible
forfait, qui me frappe dix fois plus qu’un massacre,
cela doit être fait à Constantinople. A Constantinople, j’ai
découvert que tout le plan de déportation était l'œuvre du
gouvernement central, et qu’aucune pression des ambassades
n’avait pu réussir à l’arrêter.
" Je pense qu’il y a un danger imminent pour une grande partie
de ces populations, que j’estime à 600 000, pour les villages
des provinces de Sivas, Erzeroum et Harpout, de
mourir de faim sur la route. Ils n’ont pris de la nourriture que
pour quelques jours, mais n’ont pas osé prendre beaucoup
d’argent avec eux, car il est probable que s’ils l’avaient fait,
il ne leur serait pas permis de la garder. Notre Ambassadeur a
promis de faire ce qu’il pourrait et m’a donné quelque espoir
que des fonds de secours pourraient être envoyés
immédiatement à Harpout.
On se demande si le travail de secours va être permis, mais il
doit être entrepris si possible.
" Il était impossible de sortir de Turquie un appel, ou un bout
de papier quelconque. J’ai acheté un registre vide de
comptabilité, et n’ai commencé une nouvelle liste
de dépenses de voyage qu’après avoir traversé la frontière.
" J’ai croisé sur la route près de Talas, les habitants de deux
villages. Ils allaient à pied, avec même pas un âne par famille,
sans nourriture, sans abri pour la nuit, presque
pas d’hommes, et la plupart des femmes pieds-nus et portant des
enfants. Un cas à Sivas mérite d’être mentionné : une femme dont
le mari avait travaillé dans un hôpital
comme soldat infirmier pendant plusieurs mois ; elle avait
attrapé le typhus et avait été amenée à l’hôpital. Sa mère, une
femme entre 60 et 70 ans, se leva de son lit de
malade pour aller s’occuper des sept enfants, dont l’aînée avait
environ 12 ans. Quelques jours après la déportation, le mari fut
incarcéré puis exilé, sans aucun interrogatoire,
ni aucun délit. Dans le quartier où ils habitaient, un autre
malade de l’hôpital se leva de son lit, et fut mis dans un char
à bœufs pour accompagner les sept enfants.
Source
TURKS DEPOPULATE TOWNS OF ARMENIA
Une copie de cet article et des centaines d’autres relatifs au
génocide arménien peuvent être obtenus à :
The Armenian Genocide :
News Accounts From The American Press :
1915-1922
Des Arméniens meurent emprisonnés dans des camps
Des centaines de milliers toujours en danger par les Turcs,
Ecrit le Secrétaire du Fonds au Réfugiés.
LES ALLEMANDS NE VEULENT PAS INTERVENIR
Environ 1 000 000 de victimes déportées et 500 000 massacrées
rapporte le Rév. Harold Buxton.
Câble spécial adressé au New York Times
LONDRES, lundi 21 août 1915
Le Révérend Harold Buxton, Secrétaire du Fonds aux Réfugiés
Arméniens, vient de revenir en Angleterre après avoir consacré
trois mois à l’œuvre de secours aux villages dévastés. Dans une
interview, le Rev. Buxton a donné des détails qui confirment
entièrement les graves déclarations faites par Lord Bryce il y a
quelques mois à la Chambre des Lords. Interrogé s’il avait des
preuves que la déportation des Arméniens l’été dernier était due
à l’instigation des Allemands, il a répondu :
" Tout ce que je peux dire est que le Gouvernement allemand n’a
rien fait pour arrêter les massacres. Pendant toute cette
affaire, l’influence allemande était suprême à Constantinople,
et les consuls allemands étaient à leurs postes dans tous les
centres principaux à travers l’Asie Mineure. En outre, les gens
étaient balayés avec une minutie méthodique que l’on n’attend
pas du Turc qui, laissé à lui-même, agit plutôt avec des accès
soudains de fureur.
" J’ai la preuve, par un missionnaire américain, que certains
des consuls allemands ont fait de leur mieux en faveur du peuple
arménien. Par exemple, le consul allemand d’Erzeroun a
télégraphié à l’Ambassadeur à Constantinople, protestant
vigoureusement contre l’ordre de déportation. Il a reçu une
réponse ainsi conçue : " Nous ne pouvons pas intervenir dans les
affaires internes de la Turquie "
" Je ne pense pas qu’il y ait eu une quelconque exagération à
propos de pertes publiées en Angleterre. La race arménienne
s’élevait à environ 4 millions d’individus, dont 2 millions
étaient des Arméniens turcs, et parmi eux un million peut-être
ont été déportés et 500 000 massacrés. Seuls 200 000 se sont
échappés dans les montagnes, et ainsi atteint le sol russe. Il y
a quelques centaines de milliers dans des camps de concentration
entre Alep et Mossoul, et dans les régions avoisinantes de
Mésopotamie, où la Turquie continue à décider de leur sort.
" A cette population considérable, nous n’avons pas accès, et
elle est toujours en danger. Selon les rapports qui nous sont
parvenus, elle a été ravagée par la maladie, la famine, les
privations de toutes sortes, les atrocités, et le meurtre, tout
cela signifie une très grande mortalité parmi les victimes. "
Source
Armenians Dying In Prison
Camps-nyt19150821
1000 Arméniens brûlés vifs nyt19150820
Les Turcs les ont enfermés dans un bâtiment en bois, et y ont
mis le feu.
Londres 20 août 1915 - Dépêche de l’Agence Reuter de Petrograd
par câble
Des détails presque incroyables de massacres turcs envers les
Arméniens de Bitlis sont arrivés à Petrograd.
Dans un village, 1000 hommes, femmes et enfants ont été enfermés
dans un bâtiment en bois et brûlés vifs.
Dans un autre village plus grand, 36 personnes seulement
auraient échappé au massacre.
Dans un autre cas, on déclare que plusieurs tas de corps
d’hommes et de femmes attachés ensemble par des chaînes ont été
jetés dans le Lac de Van
ARMENIENS EXPULSES
Sofia – Environ 40 familles arméniennes notables, composées
seulement de femmes, d’enfants et de vieillards, de
Constantinople, sont arrivées ce matin à Philippopolis, leurs
hommes ayant été déportés à l’intérieur de l’Asie Mineure.
Source
BURN 1,000 ARMENIANS
LES ARMENIENS SONT ENVOYES
PERIR DANS LE DESERT - Nyt19150818
Les Turcs accusés d’un plan pour exterminer toute la population…
Les habitants de Karhissar massacrés.
Câble spécial
au New York Times. LONDRES, mercredi 18 août.
Le Daily News a reçu de Constantinople, d’Aneurin Williams, M.P.
une copie d’une lettre envoyée à Constantinople datée du 18
juillet, décrivant la détresse terrible des Arméniens de
Turquie.
La lettre dit :
" Nous savons avec certitude, de source sûre, que les Arméniens
ont été déportés en masse, de toutes les villes et tous les
villages de Cilicie, dans les régions désertiques au sud d’Alep.
Les réfugiés devront traverser à pied une distance exigeant des
marches d’un ou deux mois et même plus.
" Nous avons appris, en outre, que les routes et l’Euphrate sont
jonchés de cadavres des exilés, et ceux qui survivent sont
destinés à une mort certaine, puisqu’ils ne trouveront ni
maison, ni travail, ni nourriture dans le désert. C’est un plan
pour exterminer tout le peuple arménien.
" Les cours martiales fonctionnent partout sans arrêt. Douze
Arméniens ont été pendus à Césarée, accusés d’avoir obéi aux
instructions reçues lors d’une réunion secrète à Bucarest, par
les associations Trochak et Huntchak. Beaucoup sont tombés sous
les coups de gourdins.
Treize Arméniens ont été tués sur la route de Diarbekir et six à
Césarée.
Treize autres ont été tués en allant de Chabine-Karahissar à
Sivas. Les prêtres du village de Kurk, avec leurs cinq
compagnons ont subi le même sort sur la route vers Sou-Chehrksivas,
bien qu’ils eussent les mains ligotées.
" Des centaines de femmes, de jeunes filles et même d’enfants
gémissent dans les prisons. Les églises et les monastères ont
été pillés, profanés et détruits. Les villages autour de Van et
Bitlis ont été pillés et les habitants passés par l’épée.
" Au début de ce mois-ci, tous les habitants de Karahissar ont
été massacrés sans pitié, excepté quelques enfants ".
Source
ARMENIANS ARE SENT TO PERISH IN DESERT
Les horreurs à l'encontre des
Arméniens empirent - NYT- 1915/8/6
"Pires massacres que sous Abdul Hamid" écrit le journal anglais
Par câble spécial au New York Times
Londres, vendredi 6 août. Le Daily Chronicle écrit :
" Une tragique explosion de violence guerrière à l'Est est le
massacre massif des Arméniens des villages orientaux d'Asie
Mineure par les Turcs et les Kurdes. Concernant la terrible
étendue de ces massacres, pires qu'aucun de ceux ayant eu lieu
sous Abdul Hamid, il n'y a maintenant aucune place au doute, et
les déclarations faites à ce sujet la semaine dernière par Lord
Bryce à la Chambre de lords ont été officiellement corroborées
par Lord Crewe."
"Dans certains cas, les Arméniens se sont défendus avec succès.
Dans la ville de Van par exemple, où Enver Pacha avait envoyé
son beau-frère avec un ordre d'extermination, les victimes qui
s'étaient soulevées après le début des massacres ont barricadé
le quartier arménien et ont tenu le coup envers le siège turc
pendant quatre semaines jusqu'à leur libération par l'arrivée de
l'armée russe. Mais à part ce cas et quelques exceptions
similaires, ils ont été impuissants. Des dizaines et
probablement des centaines de milliers ont été massacrés, et un
très grand nombres d'autres ont été déportés par les routes à
des centaines de km en Anatolie occidentale, dans des conditions
ayant pour but un lente extermination."
"Les Allemands, qui sont les maîtres de l'administration
centrale ottomane, ont, à leur honte éternelle, non seulement
permis, mais plutôt encouragé ces horreurs. Les puissances
alliés ont notifié aux autorités turques qu'elles les
tiendraient personnellement responsables, et à ce stade, elles
ne peuvent faire plus. Il est peut-être temps, pour l'Amérique,
d'émettre une protestation efficace, car nous n'en avons encore
entendu aucune".
Le Chronicle conclut en lançant un appel à la charité privée
britannique, citant la terrible somme de ruine et de dévastation
qui ont suivi les massacres turcs au nord-est de l'Arménie,
télégraphiés par Ayadian, l'Archevêque de Van, et Aram, le
Gouverneur de Van, au Secrétaire honoraire de la Croix-Rouge
arménienne et du Fonds aux Réfugiés.
"Outre Van, les provinces de Chatakh, Moks, Sparkert, Matertank
et Khizan sont saufs. Les reste est ruiné et dévasté. Les
hommes, les femmes et les enfants sont massacrés. Vingt mille
personnes sont sans abri. La famine et les maladies contagieuses
sévissent. De nombreux volontaires sont malades et blessés.
Malgré l'aide du Gouvernement russe et des Arméniens du Caucase,
il y a un grand besoin de médecins, de médicaments, d'ambulances
et de nourriture. La situation a Bitlis, Moush et Diarbekir est
terrible.
Nous implorons d'urgence un secours immédiat."
Source :ARMENIAN
HORRORS GROW
Rapport: Les Turcs tirent sur les femmes et les enfants.
Nyt19150804
Le Comité Socialiste arménien a appris que 9 000 Arméniens
avaient été massacrés et jetés dans le Tigre.
Paris, le 3 août. B. Varazdate,
membre du Comité exécutif du parti social démocratique arménien,
a écrit à "L'Humanité", le quotidien socialiste, que le Comité
avait reçu la nouvelle selon laquelle les Turcs, après avoir
massacré les hommes de la population de la région de Bitlis,
Arménie turque, avaient rassemblé 9 000 femmes et enfants et les
avaient conduits sur les rives du Tigre, avaient tiré sur eux,
et avaient jeté les corps dans le fleuve.
Cette information n' a été confirmée par aucune autre source.
La population arménienne de Cilicie, dans le vilayet turc
d'Adana, a aussi été sujette à des persécutions, selon les
rapports du Comité. Plus de 40 000 personnes sont déjà mortes,
et l'on craint que les Arméniens de Moush et de Diarbekir, au
Kurdistan, n'aient également été massacrés.
Vingt membres du Parti Social Démocrate Arménien, dit M.
Varazdate, ont été publiquement pendus à Constantinople, après
avoir été accusés de souhaiter fonder une Arménie indépendante.
Source :
REPORT TURKS SHOT WOMEN AND
CHILDREN
Massacres à grande échelle des Arméniens par les Turcs
NYT19150729
Lord Crewe dénonce l'influence des Allemands comme "Fléau total"
Londres 29 juillet 1915 - Le
comte Lord Crewe, Président du Conseil, répondant aujourd'hui à
une question du Vicomte Bryce, concernant le massacre des
Arméniens par les Turcs, dit que l'information reçue au Foreign
Office précise que de tels crimes ont augmenté récemment en
nombre et en degré d'atrocité. Ils comprennent, a déclaré Lord
Crewe, à la fois les massacres à grande échelle ainsi que les
déportations, qui ont été entreprises sous prétexte d'évacuation
forcée. Des crimes similaires, a-t-il ajouté, ont été commis par
les Turcs envers les Arméniens à la frontière perse.
La présence d'Allemands et
l'influence qu'ils ont exercée, a continué Lord Crewe, ont été
un fléau total absolu à la fois sur la population chrétienne et
musulmane. Ils ont montré un mépris complètement cynique envers
le pays et le peuple qui y habite.
Lord Crewe a dit qu'il regrettait qu'il soit impossible de
prendre des mesures immédiates pour la suppression de ces
atrocités, mais que les responsables allaient recevoir
finalement une juste condamnation.
Source :
Wholesale Massacres Of Armenians
By Turks-nyt19150729
Les Turcs en train d’éliminer les autochtones chrétiens Nyt
19150712
Grecs et Arméniens expulsés de chez eux et convertis par l’épée,
affirment les Américains
Par câble spécial adressé au New
York Times
Athènes, le 11 juillet : (expédié au London Morning Post)
Des voyageurs américains en provenance de Turquie ont transmis
des comptes-rendus de témoins oculaires relatifs au traitement
de la population chrétienne, corroborant totalement les rapports
reçus ici de sources originales, selon lesquels les Chrétiens de
l’Empire Ottoman n’ont jamais été aussi traumatisés par les
Turcs et en danger depuis le début de l’invasion de l’Empire
Byzantin.
A la fois les Arméniens et les Grecs, deux races chrétiennes
natives de Turquie, sont systématiquement déracinés en masse de
leurs maisons et acheminés sommairement dans des provinces
lointaines, où ils sont dispersés par petits groupes dans des
villages turcs, où on leur donne le choix entre embrasser
immédiatement l’Islam, ou mourir par l’épée ou la famine.
Pendant ce temps, des immigrants de Macédoine prennent
immédiatement possession de leurs maisons et propriétés.
Dans tous les vilayets d’Erzeroum, Van, Bitlis, Diarbekir,
Harpout, Sivas et Adana, les Arméniens ont été expulsés
impitoyablement par dizaines de milliers et envoyés mourir dans
le désert près de Konia, ou en Mésopotamie supérieure, ou le
désert ibérique. Ces chiffres n’incluent pas les milliers
massacrés par les Kurdes, ou pendus sans procès par les
autorités turques dans toute l’Arménie.
Les Grecs ne sont pas mieux lotis, sauf qu’ils ne sont pas
massacrés. A part les 180 000 qui l’an dernier ont été chassés
de chez eux en Thrace et en Asie Mineure et déportés dans des
kazas purement turcs, sans être autorisés à emporter d’autres
habits que ceux qu’ils avaient sur le dos. 56 000 ont ainsi été
chassés de la péninsule de Gallipoli et des deux rives des
Dardanelles, 15 000 des Iles Pinkipo, 42 000 de Thrace jusqu’aux
faubourgs de Constantinople, 19 000 de la province d’Ismit, 60
000 du vilayet de Bremussa et ce déracinement total de la
population autochtone augmente en étendue et en férocité.
Les hommes valides sont mobilisés dans l’armée turque, et le
reste dispersé en petits groupes et distribué dans les villages
turcs d’Asie Mineure, prenant soin de séparer les familles, les
femmes et les jeunes filles de leurs amis et leur parentèle. Les
enfants sont kidnappés tout au long de la route de ces
malheureux exilés, pour être islamisés, et les filles sont
données en soi-disant mariage à des paysans turcs.
Le reste des adultes ont le choix entre la mort et l’apostasie.
On peut dire sans se tromper qu’à moins que la Turquie ne soit
battue très rapidement à plates coutures, il n’y aura bientôt
plus de Chrétiens dans l’Empire Ottoman.
Le gouvernement turc essaie d’endormir le monde depuis de
nombreuses années en profitant du silence des Arméniens depuis
les années du génocide, et du fait qu’il n’y a pas eu d’assez
bons medias, tels que davantage de films et de photos.
Les Turcs d’aujourd’hui sont les petits-enfants de ces tueurs
dans les années du génocide.
Auparavant, il y avait l’Empire Ottoman, mais maintenant la
République turque.
C’est la même chose. Encore aujourd’hui, quelques vieux
massacreurs très âgés, vivent en Turquie et en sont fiers.
Source : Turks Are Evicting Native Christians-nyt19150712
LES ALLIES DOIVENT CONDAMNER LES TURCS
QUI ASSASSINENT -
nyt19150524
Notifier à la Porte que les dirigeants du
Gouvernement doivent répondre des massacres d’Arméniens.
Londres –24 mai
1915 Un déclaration officielle commune de la Grande
Bretagne, de la France et de la Russie, dit ce soir :
" Au cours des derniers mois, les Kurdes et la population turque
d’Arménie ont été occupés à massacrer les Arméniens , de
connivence et avec l’aide des autorités ottomanes. De tels
massacres ont eu lieu vers le milieu du mois d’avril à Erzeroum,
Dertshan, Moush, Zeitoun et dans toute la Cilicie. "
" Les habitants d’environ un centaine de villages près de Van
ont tous été assassinés. Dans la ville même, le quartier
arménien est assiégé par les Kurdes. En même temps, le
gouvernement ottoman de Constantinople fulmine contre la
population inoffensive arménienne. "
" Face à ces récents crimes commis par la Turquie, les
Gouvernements alliés annoncent publiquement à la Sublime porte
qu’ils vont tenir personnellement responsables de ces massacres
tous les membres du Gouvernement de même que leurs agents qui y
sont impliqués. "
Vers la mi-février, des rapports de meurtres d’Arméniens ont
commencé à arriver en Amérique, rappelant les journées de
1895-96 où être un Chrétien arménien signifiait être constamment
en danger.
Le 24 avril, selon le rapport, tous les habitants de dix
villages près de Van en Arménie ont été massacrés.
Peu après, le 27 avril, le Département d’Etat de Washington a
reçu une requête pour secours et intercession du Chef de
l’Eglise arménienne.
C’était là le premier avis officiel des conditions prédominantes
transmis à ce Gouvernement, et le Secrétaire Brian a
immédiatement câblé à l’Ambassadeur Morgenthau à Constantinople
de faire une enquête personnelle sur l’étendue des massacres et
de lancer un appel au Gouvernement turc, au nom de ce
Gouvernement, d’exercer son pouvoir et son influence pour
arrêter le massacre.
Les massacres n’ont pas cessé à l’appel du Gouvernement, selon
les rapports qui ont continué à arriver en Amérique. Il y a
moins de trois semaines, des nouvelles ont été reçues que les
Arméniens avaient barricadé la ville de Van contre les Turcs et
les Kurdes qui l‘avaient attaquée pendant une semaine.
Simultanément vint le rapport que les " Jeunes Turcs " avaient
adopté la politique d’Abdul Hamid en 1905 – l’élimination des
Arméniens.
Personne n’a essayé d’estimer le nombre de ceux qui ont été
massacrés, ni le montant des propriétés détruites.
L’étendue de la destruction et des meurtres peut seulement
s’imaginer d’après le fait que tous les rapports des régions
concernées mentionnent les troubles résultant généralement de la
mort de centaines d’Arméniens.
Source : Allies To
Punish Turks Who Murder-nyt19150524
6000 Arméniens tués –nyt 1915/5/18
Atrocités turques et kurdes à Van – semblables à celles de 1895
Londres 18 mai
1915 – six mille Arméniens ont été massacrés à Van en
Arménie, selon une dépêche reçue aux services administratifs à
Londres aujourd’hui, du consul russe à Urmiah, Perse. Ce message
est daté du 15 mai.
Il ajoute que les Arméniens se sont défendus âprement contre eux
mais qu’une aide urgente est requise.
Source :
6,000 ARMENIANS KILLED
Morgenthau Intercedes
-nyt19150429
29 avril 1915
Grande inquiétude sur le traitement des Arméniens
Washington, le 28
avril.- L’Ambassadeur Morgenthau à Constantinople a signalé
aujourd’hui au Secrétaire d’Etat Bryan que lui et les autres
membres du corps diplomatique dans la capitale turque, ont parlé
aujourd’hui au Gouvernement Ottoman et lui ont transmis les
plaintes du Catholicos, chef de l’Eglise grecque arménienne à
Etchmiadzine, au sujet des Chrétiens arméniens qui ont été
massacrés par les Turcs et les Kurdes dans la région de
Transcaucasie.
Georges Bakhmétoff, ambassadeur russe aux Etats Unis, a appelé
le Secrétaire Bryan hier, et lui a transmis un message que le
Catholicos avait envoyé en Russie, et que le Gouvernement russe
demandait aux Etats Unis de présenter au Gouvernement turc.
Le Secrétaire Bryan a dit aujourd’hui qu’apparemment le message
qu’il avait envoyé hier à l’Ambassadeur Morgenthau s’était
croisé avec celui que l’Ambassadeur Morgenthau lui avait
adressé, montrant qu’il avait déjà pris des mesures à ce sujet
avec les autorités adéquates. La dépêche de l’Ambassadeur
Morgenthau disait qu’il y avait un grand malaise au Proche
Orient à propos du comportement à l’égard des Arméniens.
Le message ne parle absolument pas des massacres et ne donne pas
de détails, mais assurait au Secrétaire Bryan que des mesures
strictes avaient été prises à ce sujet avec les autorités
ottomanes.
Source : N Y Times 29 avril 1915
Appel à la
Turquie d’arrêter les massacres ;
L’Ambassadeur Mongenthau a été chargé de faire des démarches à la requête de
la Russie.
Washington, 27 avril – Un appel au secours pour les Chrétiens
arméniens de Turquie, suite aux massacres signalés, et menaces
d’autres atrocités, a été transmis au Gouvernement turc
aujourd’hui par les Etats Unis.
Agissant à la requête du Gouvernement russe, soumise par
l’Ambassadeur Bakhmeteff, le Secrétaire Bryan a câblé à
l’Ambassadeur Morgenthau à Constantinople de faire des démarches
auprès des autorités turques leur demandant que des mesures
soient prises pour la protection des Arméniens en péril, et pour
empêcher la récurrence des violences religieuses.
L’Ambassadeur Bakhmeteff a appelé le Département d’Etat tard
dans la journée avec une dépêche de son gouvernement, qui
comportait un appel à l’aide au Président des Etats Unis,
transmis par le Gouvernement russe, et lancé par le Catholicos
de l’Eglise arménienne d’Etchmiadzine, au Caucase.
"La requête du chef de l’Eglise arménienne à ce gouvernement,
transmise par l’Ambassadeur russe", dit le Secrétaire Bryan, est
le premier avis officiel que le Service à reçu au sujet des
massacres arméniens. Notre action a été prise comme mesure
d’humanité."
L’Ambassade russe aujourd’hui a produit une traduction d’un
discours récent du Ministre des Affaires Etrangères de la Douma,
dans lequel était expliquée la présence des troupes russes en
Perse. Le Ministre des Affaires Etrangères a dit :
"La présence de nos troupes dans le territoire perse ne
constitue nullement une violation de la neutralité persane. Nos
détachements ont été envoyés dans ce pays il y a quelques années
pour le but précis d’établir et de maintenir l’ordre dans les kazas contigus à nos possessions, de très haute importance pour
nous, et aussi pour empêcher la saisie de quelques-uns de ces
kazas par les Turcs qui s’efforcent ouvertement de créer pour
eux-mêmes, spécialement à Urumiah, une base pratique pour des
opérations militaires contre le Caucase. Le gouvernement perse,
n’ayant pas le pouvoir de maintenir sa neutralité, a répondu aux
violations turques de cette dernière par des protestations, qui,
cependant, n’ont eu aucun effet".
Source : N Y Times 28 avril 1915
Toute la plaine est jonchée de
cadavres arméniens
Des Turcs et des Kurdes sont signalé avoir massacré hommes
femmes et enfants.
Londres le 19 mars :
Appel de la fondation de la Croix Rouge aux officiels de Londres
relatif à la situation en Arménie
Le dernier compte-rendu vient d’un docteur arménien nommé
Derdérian, qui dit que toute la plaine d’Alashguerd est
quasiment couverte de cadavres d’hommes, femmes et enfants.
Lorsque les forces russes se sont retirées de la région, les
Kurdes se sont précipités sur les habitants sans défense et les
ont enfermés dans les moquées.
Les hommes furent tués et les femmes ont été emmenées dans les
montagnes.
Les organismes de la Croix Rouge disent qu’il y a maintenant 120
000 Arméniens dans la misère.
Pétrograd, le 19
mars
Un télégramme d'Urumiah, nord-ouest de la Perse dit qu'avant
l'évacuation des villes entre Joufla et Tabriz, les Turcs et les
Kurdes qui s'étaient retirés avant l'avance russe, ont pillé et
incendié les villages et fait mourir une partie des habitants.
A Salmar, Pagaduk et Sarna, des ordres auraient été donnés par
le Commissaire turc pour la destruction de villes.
Tous les habitants arméniens de Antvat ont été rassemblés et,
d'après ce message, 600 hommes ont été mis à mort et les femmes
après avoir été obligées d'embrasser la religion mahométane, ont
été divisées en plusieurs groupes et envoyées dans diverses
villes de l'intérieur.
Source N Y Times 20 mars 1915 |