Yves Ternon

Enquête sur la négation d'un génocide

Chapitre III
La commission Mazhar

La Société turque d'Histoire – et partant le gouvernement turc – a décidé d'occulter la période de l'histoire ottomane allant de novembre 1918 à avril 1920. Cette dissimulation – car il ne saurait s'agir d'ignorance – a valeur d'aveu. Pendant cette période la justice turque examina les circonstances des massacres arméniens et en imputa la responsabilité à l'Ittihad. A cet égard, les conditions de 1919 sont comparables à celles de 1945. Les Alliés révélèrent à l'opinion publique l'insupportable vérité des camps d'extermination et l'Allemagne dut s'adapter à cette situation. Le crime semblait impensable, peut-être parce que la technologie n'avait encore jamais permis de concevoir une industrie de la mort. Les criminels eux-mêmes avaient été contraints d'inventer au fur et à mesure de l'exécution de leur programme des techniques de plus en plus efficaces. Par ailleurs, l'Allemagne, publiquement souillée, ne pouvait se laver qu'en assumant les conséquences de ce génocide tout en rejetant la responsabilité sur ceux qui l'avaient conçu et exécuté: les nazis.

Il en avait été de même à la fin de 1918 lorsque le gouvernement de Talaat pacha démissionna. Pendant trois ans et demi, les Turcs avaient vu comment leurs gouvernements avaient traité les Arméniens. Ils étaient tous concernés, de la capitale aux villages les plus reculés. Les uns avaient poussé au meurtre, d'autres y avaient collaboré plus ou moins activement. Une majorité avait laissé faire sans afficher sa réprobation et elle croyait sincèrement avoir subi les pressions du gouvernement. Seule une faible minorité s'était opposée. Mais tous avaient honte. Il ne venait alors à l'idée de personne de dissimuler des faits qui avaient été exposés dans la presse mondiale au fur et à mesure de leur déroulement avec, comme seul décalage dans l'information, les délais de transmission des rapports consulaires.

Après la défaite, la Turquie savait qu'elle aurait à rendre des comptes. Le nouveau gouvernement tenait à absoudre le peuple turc d'une accusation d'ignominie. Il lui fallait donc faire endosser les responsabilités par les deux gouvernements précédents, ce qui était facile puisqu'ils étaient à l'évidence coupables. Pendant un an et demi, la presse turque de Constantinople traita des massacres arméniens. Les journaux de l'époque sont truffés de déclarations officielles où s'évacuent la peur et la honte contenues sous le régime jeune-turc. Les vérités s'y échangeaient librement, sans censure. On y réglait des comptes. Des polémiques s'ouvraient dans les colonnes des journaux: les uns accusaient, d'autres se défendaient. Les comptes-rendus des procès furent publiés presque intégralement par le supplément judiciaire du Journal officiel. De larges extraits furent repris dans les quotidiens. Le dépouillement sommaire de la seule presse de langue française montre que l'unanimité s'était faite sur deux points: il y avait eu crime et on connaissait les coupables. On ne disait pas alors: « Il n'y a pas eu de meurtre prémédité », mais: « Ce n'est pas moi, c'est l'autre », ou : « Je n'ai fait qu'obéir aux ordres ». Gommer un an et demi de son histoire, supprimer toute référence aux dizaines de journaux alors publiés, c'est-à-dire en effacer la trace, est une entreprise gigantesque que le gouvernement turc actuel serait presque parvenu à mener à bien si quelques archives n'en avaient conservé des collections à elles seules révélatrices. La Société turque d'Histoire n'avait toutefois pas d'autre alternative que d'escamoter ce fragment de son passé national. Comment pouvait-elle affirmer que ne s'était pas produit ce qui avait été publiquement connu et officiellement reconnu ?

Dans l'affaire des documents Andonian, la connaissance de cette période est essentielle. Elle révèle à la fois le climat et les enjeux. Andonian ne concevait pas que la Turquie pût nier la réalité des massacres : il voulait l'empêcher d'éluder ses responsabilités devant la conférence de la Paix en rejetant le crime sur le Comité Union et Progrès. Ce crime suscitait dans l'opinion mondiale une répulsion moindre sans doute mais de même nature que celle provoquée en 1945 par la révélation des camps d'extermination nazis. L 'humanité n'avait encore rien connu de tel. On en était à la première expérience des génocides modernes. On commençait seulement à apprendre l'indignation. Ce crime était inouï, disaient eux-mêmes en 1919 les dirigeants de l'Empire ottoman: « Il y a quatre ou cinq ans un crime unique dans l'histoire, un crime qui fait frémir le monde, se commit dans le pays », écrit le 28 janvier 1919 Ali Kemal bey, rédacteur en chef du journal Sabah. Et il ajoute: « Il est déjà un fait prouvé que cette tragédie fut projetée sur la décision et l'ordonnance du Comité central de l'Ittihad1. » Andonian qui termine son livre sur cette décision, se garde bien, lui, d'absoudre le peuple turc. Il sait que le gouvernement turc fait porter toute la charge du crime à un parti politique car c'est le seul moyen de sauver l'Empire de l'écroulement: « Le peuple connu sous le nom de turc est une sorte de machine à massacrer qui remplit sa fonction avec une docilité impitoyable et passive, quel que soit le mécanicien qui la conduit. Cette fois-ci c'étaient les Jeunes- Turcs, avant eux c'était Abdul-Hamid, avant ce dernier c'était Mahmud II, et, avant celui-ci, tous les autres sultans. Et la machine – le peuple turc – resta toujours la même sous la main de tous ces mécaniciens, auxquels elle obéit, avec une égale docilité2. » Ces propos racistes étaient ceux d'un survivant qui confondait dans la même répulsion un peuple et ses dirigeants. Ils révèlent le climat de 1919 et le défi que devait relever le gouvernement turc. C'était – au sens propre du terme – un gouvernement de salut public : il devait assurer le sauvetage du peuple turc et effacer la marque d'infamie pour la faire porter au seul Comité Union et Progrès. Qui aurait alors imaginé qu'on pût s'attaquer à cette citadelle de vérité et nier la vérité des massacres ? Il fallait pour le tenter l'insolence d'un nationalisme écorché et pour y parvenir une conspiration du silence et la lente érosion du temps sur la mémoire. Le sentiment national turc s'est déplacé depuis 1919 : la honte n'est plus d'avoir anéanti la peuple arménien mais de s'en être cru coupable et de l'avoir avoué. Ignorer l'aveu honteux d'un crime inavouable revient à supprimer le crime.

Un rappel des événements précédant le changement de gouvernement permet de mieux saisir les transformations politiques de l'Empire ottoman à cette époque. Lorsqu'un décret du sultan nomma Talaat pacha Grand Vizir, le 22 janvier 1917, la situation économique de la Turquie était dramatique. Les massacres des Arméniens, puis les déportations des Grecs du littoral, avaient entraîné une réduction de plus de la moitié des surfaces cultivées. Les réquisitions par l'armée des stocks de denrées et d'objets de première nécessité, l'apparition d'accapareurs organisant à leur profit la distribution des vivres, provoquèrent une misère et une famine qu'aggrava le pillage des ressources naturelles turques par les Allemands au bénéfice de leur effort de guerre. Le ministre de l'Economie, Djevad bey, dressa le 3 mars 1917 un bilan catastrophique de la situation financière de son pays. La dette totale turque atteindrait en avril 340 millionsde livres turques et le déficit du budget était déjà de 34 millions de livres3. La situation militaire se dégrada en 1917 et 1918, mais les dirigeants turcs ne perdirent espoir dans la victoire finale qu'après l'échec de la contre-offensive de Ludendorff en France en juin 1918 et surtout après la retraite du 8 août, le « jour noir ». A la fin de l'été 1918, l'armée turque était menacée d'un désastre. Les désertions massives de 500 000 hommes, pour la plupart regroupés en bandes criminelles, et l'étalement du front interdisaient toute défense du territoire. L'armée turque ne disposait plus que de 560 000 hommes armés et elle n'avait plus de réserve à mobiliser. L'ultime percée sur le front du Caucase et le regroupement de toutes les forces disponibles pour la réalisation de l'objectif de plus en plus mythique d'une réunion de tous les peuples touraniens laissaient ouverts les fronts de Macédoine et de Palestine. Le gouvernement Talaat pacha se résignait à perdre la guerre et il lâchait du lest. Le ministre des Affaires étrangères accepta le 12e point de Wilson, c'est-à-dire d'accorder des garanties aux minorités nationales de l'Empire. Le projet d'anéantissement des derniers survivants arméniens fut rapporté4. La censure de la presse fut levée et, en juillet, Ismaïl Djambolat bey, une « colombe » notoire, fut nommé ministre de l'Intérieur. En août 1918, on commença à parler d'un changement de ministère et du remplacement de Talaat par des hommes mieux placés pour négocier avec l'Entente comme Ahmed Tewfik pacha et le général Ahmed Izzet pacha, ancien ministre de la Guerres. Talaat s'efforça de remanier son ministère en excluant Enver et Djemal et en s'appuyant sur Djambolat afin de se dégager des pressions des militaires sur le gouvernement qui n'avaient cessé depuis le début de la guerre, mais qui devenaient intolérables car Enver, pour écarter une paix séparée de la Turquie, cachait à ses collègues la situation désespérée de l'armée. La signature par la Bulgarie d'un armistice, le 30 septembre, et la percée britannique au même moment sur le front de Palestine, rendirent la défaite inévitable5. Au sein du cabinet, quatre ministres- Enver, Halil (ministre de la Justice), le docteur Nazim (ministre de l'Economie), et Djemal (ministre de la Marine) – préféraient continuer la guerre. Mais Talaat l'emporta et on décida de préparer un nouveau gouvernement moins lié au Comité Union et Progrès. Talaat démissionna le 7 octobre6. Le sultan Mehmed VI, confia à Tewfik pacha la tâche de former un nouveau cabinet. Mais Tewfik n'accepta pas de garder des membres du Comité Union et Progrès. Après une semaine d'efforts, il dut renoncer. Talaat était intervenu en faveur d'Izzet pacha qui constitua un cabinet où il désigna des Unionistes comme Ali Fethi bey à l'Intérieur, Djevad bey aux Finances, Hussein Raouf bey à la Marine. Le 13 octobre, Talaat et Enver quittèrent leurs ministères. Izzet devint Premier Ministre et ministre de la Guerre. Il négocia aussitôt un armistice et envoya avec un émissaire turc le major anglais Townshend qui était depuis deux ans le prisonnier anglais de grade le plus élevé, auprès des Anglais. La commission d'armistice fut constituée à la fin octobre. Le sultan tenait à ce que son beau-frère, Damad Ferid pacha, la dirigeât. Mais Izzet l'écarta et ce fut Raouf bey qui partit pour Moudros où l'armistice fut signé le 30 octobre avec l'amiral Calthorpe, représentant la Grande-Bretagne7. Le ministère Izzet pacha couvrit la retraite des dirigeants jeunes-turcs. Le surlendemain de la signature de l'armistice de Moudros, le 1er novembre 1918, dans l'après-midi, Talaat pacha réunit une dernière fois le Comité central du parti Union et Progrès et décida sa dissolution. L'ancien préfet de Constantinople, Ismaïl Djambolat, fut chargé d'organiser sa résurgence dans un nouveau parti, Tedjeddoud. Quelques heures après, les principaux dirigeants jeunes-turcs embarquèrent sur le croiseur allemand Lorelei vers Odessa. La fuite des chefs de l'Ittihad, principaux organisateurs des massacres arméniens, bouleversa les libéraux turcs qui commençaient seulement à pouvoir s'exprimer après avoir subi pendant quatre ans la censure du Comité Union et Progrès. Le sultan ordonna au président du Conseil, Izzet pacha, d'éloigner de son cabinet les ministres unionistes et d'arrêter les responsables de la fuite des dirigeants de l'Ittihad. Izzet pacha répondit au sultan qu'il outrepassait les droits que lui accordait la Constitution. Le président du Sénat, Ahmed Riza bey, fut convoqué à la Sublime Porte pour se prononcer sur ce point de droit constitutionnel. Ahmed Riza confirma que la Constitution ottomane autorisait l'intervention du sultan. Le cabinet Izzet pacha fut contraint de démissionner et Tewfik pacha forma un cabinet d'où les membres du parti Union et Progrès furent exclus8.

Le sultan désirait que la vérité fût faite sur les massacres arméniens avant que la Turquie se présentât à la conférence de la Paix à Paris. Après la disparition officielle du Comité Union et Progrès, un sentiment mélangé de colère, d'inquiétude et de honte s'exprima ouvertement et d'abord dans une presse jusqu'alors muselée par une censure féroce pendant la guerre, à peine relâchée dans les derniers mois. Ainsi, Halide Edib, porte-parole du mouvement féministe turc, responsable de la création d'orphelinats turcs ayant recueilli et converti des enfants arméniens, fit le 21 novembre 1918, dans le quotidien en langue turque Vakit, une déclaration semi-officielle : « Aujourd'hui, nous vivons les jours les plus tristes et les plus noirs de notre existence nationale. L'Amérique et l'Angleterre nous tiennent pour un Etat qui a massacré ses sujets innocents et leurs enfants9. »

En décembre, elle renouvela ses accusations contre le parti et le gouvernement jeune-turc : ils avaient perpétré contre les Arméniens des massacres dont la responsabilité retombait sur l'ensemble du peuple turc10. De même, l'ancien vali d'Alep, Djelal bey, qui avait été démis de ses fonctions en 1915, s'expliqua dans Vakit. Il révéla qu'il avait reçu de Constantinople l'ordre de déporter les Arméniens vers Deir-ez-Zor et expliqua sa stupéfaction en découvrant ce que signifiaient réellement ces ordres. Il avait d'abord protesté en adressant des télégrammes puis en se rendant à Constantinople. Il avait dû se rendre à l'évidence : la décision du Comité central ne serait pas modifiée11, Ces prises de position ne créèrent pas de surprise. A Constantinople, en novembre et décembre 1918, les massacres arméniens étaient chose connue. La faute ne devait toutefois pas retomber sur le peuple turc. Les responsables de ce crime devaient être nettement désignés et la lumière faite sur cette tragique affaire. Ali Kemal, le rédacteur en chef de Sabah, et Yunus Nadi, rédacteur en chef de Yeni Gün, ouvrirent la polémique par leurs éditoriaux en décembre 1918. « Le monde le sait : la vérité est que les massacres des Arméniens ont été organisés sur les ordres du Comité central. Ces ordres ont été transmis par l'intermédiaire d'émissaires spéciaux et ont été exécutés par des bandits sous son propre contrôle. Dévoiler ces faits n'est-il pas servir les Turcs et la cause turque Voulez-vous que nous hésitions à le faire et tombions à notre tour sous la même accusation ? » écrivait Ali Kemal12. Les Chambres et le gouvernement étaient en accord avec la presse.

Après l'armistice, le gouvernement ottoman consacra une semaine à l'examen des responsabilités dans les massacres arméniens. Une commission fut désignée. Du 5 novembre au 11 décembre 1918, cette commission tint quatorze séances d'audition. Elle interrogea quinze ministres dont deux Cheikh-ul-islam13. Les débats du parlement furent publiés dans le Journal officiel turc, Takvim-i Vekayi, et résumés dans des quotidiens. Ainsi, le 25 novembre, le Parlement ottoman entendit la requête du député Fouad bey. Celui-ci demandait que les membres des deux ministères Saïd Halim et Talaat soient jugés et formulait ses accusations en dix points dont deux concernaient les massacres14. La Chambre des députés prit cette demande en considération : « Le gouvernement doit fermement ordonner aux procureurs généraux de poursuivre et faire traduire en justice tous ces criminels, afin que, familiarisés aux idées de justice et de liberté, nous puissions nous rendre à la table de réconciliation. Il faut punir les fonctionnaires qui ont participé à ce grand crimel15. » Le Sénat ottoman demanda au gouvernement la mise en accusation des coupables des « abus, meurtres, massacres, crimes publics, atteintes à la sûreté individuelle, confiscation des biens fonciers et immobiliers : exactions et crimes perpétrés par le gouvernement contre tous les Ottomans16 ». A cette demande, le ministre de la Justice, Ali bey, répondit qu'il avait classé les responsables des massacres en trois catégories: les véritables coupables qui seraient jugés par une Haute Cour sur laquelle le gouvernement n'aurait aucune autorité ; les fonctionnaires dont le gouvernement désirait qu'ils fussent jugés par des tribunaux d'exception mais que le Conseil d'Etat voulait juger selon une procédure normale ; enfin les coupables issus du commun du peuple qui seraient jugés par des tribunaux ordinaires à mesure que seraient établis leurs actes d'accusation17. Il communiqua cette proposition au Sénat : « Les massacreurs, ou ceux qui ont participé aux massacres au cours de la déportation, qu'ils soient gouverneurs ou soldats, seront jugés comme toute autre personne devant de simples tribunaux. Il existe dans la loi une disposition selon laquelle les militaires ne peuvent pas être traduits en justice sans autorisation. Sur mon insistance cette disposition a été supprimée. [...] Soyez certains que le gouvernement est décidé à punir sévèrement les coupables18. »

Le ministre de l'Intérieur, Mustafa Arif bey, confirma que le gouvernement condamnait les deux ministères Saïd Halim et Talaat. Sa conviction paraissait établie: « Un gouvernement doit poursuivre uniquement des coupables. Aussi est-il regrettable que nos dirigeants de cette époque, inspirés par le brigandage, aient mis en oeuvre la déportation d'une manière telle que les bandits les plus audacieux et sanguinaires n'auraient pu le faire. Le gouvernement qui a ordonné de déporter les Arméniens vers Deir-ez-Zor n'avait pas même pensé à les installer ni à leur procurer de la nourriture, en plein milieu des tribus arabes. Quel était le but du gouvernement ? [...] Il n'est malheureusement pas possible de nier ou d'ignorer la question. Ils ont voulu exterminer et ils ont exterminé. De même qu'il n'est pas possible de cacher que cette décision a été prise par des membres influents du Comité central du Parti et qu'elle a été exécutée par le gouvernement. [...] Ils ont préféré exterminer les Arméniens19. »

L 'héritier du trône, le prince Abdul-Medjid, tint à son tour à expliquer la position du précédent sultan, Mehmed V, qui avait occupé le trône de façon nominale de 1909 à sa mort le 3juillet 1918. Le Prince fit une déclaration au correspondant du Morning Post : « Les massacres sont les taches les plus indélébiles qui ont discrédité notre nation et notre peuple. Le massacre était l'oeuvre de Talaat et d'Enver. Avant que ne débute l'oeuvre d'extermination, j'avais demandé à Enver s'ils avaient un projet de massacre. Il m'a répondu tout simplement qu'il y avait à ce sujet des décisions fermement arrêtées qui faisaient partie de leur projet. Je me suis adressé au Sultan en le suppliant d'intervenir. Il m'a promis d'en parler à Enver mais il n'en attendait pas grand chose. Si l' Allemagne avait voulu, elle aurait pu interdire ces carnages, mais elle ne fit rien dans ce sens20. »

L'opposition jeune-turque continuait cependant à se manifester. Le nouveau parti Tedjeddoud restait majoritaire dans les deux Chambres. Pour appliquer les décisions du ministre de la Justice, le gouvernement devait d'abord neutraliser ce parti qui défendait les gouvernements de guerre. L'ancien ministre de l'Intérieur du cabinet Izzet pacha mena une campagne de presse contre le ministère Tewfik pacha. Le 20 décembre, les Jeunes-Turcs, camouflés derrière le parti Tedjeddoud décidèrent de refuser la confiance au cabinet Tewfik au cours de la séance qui devait réunir le lendemain députés, sénateurs et ministres. Au début de cette séance, donc le 21 décembre, le ministre de l'Intérieur lut une condamnation des Jeunes-Turcs. Il les accusa d'avoir illégalement formé leur gouvernement et les Chambres et d'avoir organisé et réalisé sous les ordres du Comité central de leur parti la déportation et les massacres. Fethi bey demanda la parole pour lire le décret impérial ordonnant la dissolution t du Parlement ottoman: « La dissolution du Parlement étant nécessaire pour des raisons supérieures et, en cas de nécessité, la dissolution du Parlement faisant partie de nos droits suprêmes, nous décidons, conformément à la disposition spéciale de l'article 7 modifié de la Constitution, de dissoudre le Parlement ce jour même21. » Ce décret du sultan levait l'immunité parlementaire des députés et sénateurs. Des ordres d'arrestation furent lancés. La presse se félicita de cette sévérité : « En quelques lignes, le décret impérial a levé le rideau qui cachait et protégeait une légion de malfaiteurs qui, hier encore, établissaient des lois. Il y a des assassins qui, dès qu'il sortent du Parlement, devraient être conduits au tribunal22. » Il était évident que le Parlement avait été le complice, sinon le collaborateur, des Jeunes-Turcs, que certains députés avaient mené personnellement les massacres et que le Parlement avait voté des lois scélérates23. Le ministre de l'Intérieur transmit au président n du Tribunal d'exception, Essad pacha, la liste des anciens députés et lui demanda de désigner ceux qui avaient été complices de l'extermination des Arméniens afin qu'ils ne puissent se présenter comme candidats lors des prochaines élections24.

En novembre 1918, à la demande du Conseil d'Etat, le sultan Mehmed VI avait en effet créé par décret impérial spécial une commission d'enquête présidée par Mazhar bey, ancien vali d'Angora. Mazhar bey s'était ouvertement opposé à la déportation des Arméniens. Il avait, en juillet 1915, convoqué les notables turcs de la ville, leur avait communiqué l'ordre secret de Talaat et leur avait fait signer une déclaration selon laquelle ils n'avaient aucun grief à formuler contre les Arméniens. Cette déclaration avait été adressée au ministre de l'Intérieur. Talaat avait contraint Mazhar bey à démissionner en l'accusant de trafics illicites. Avant le cette nomination officielle, le sultan avait prié Mazhar bey de commencer à préparer les dossiers des accusés. Puis, quand la commission Mazhar fut constituée, elle fut officiellement rattachée au département de la Sûreté générale du ministère de l'Intérieur. En décembre, un autre décret du sultan institua trois tribunaux de guerre pour juger les le principaux responsables. En outre, dans les provinces, des tribunaux furent constitués pour traiter les dossiers des responsables locaux des déportations et des massacres.

Comme le nombre des accusés était de plusieurs milliers, il fut décidé de diviser l'Empire ottoman en dix régions judiciaires25. Les tribunaux qui dirigèrent les procès de ces régions étaient des tribunaux de guerre extraordinaires, c'est-à-dire des cours martiales composées de militaires et de civils. Elles étaient autorisées à mener leurs débats en public. Elles prononcèrent leurs sentences en se référant aux articles du Code pénal civil et du Code pénal militaire, Chaque région forma donc des Cours comprenant un juge instructeur, un procureur et un greffier. Tewfik pacha tenait à traduire les présidents du Conseil et les ministres des deux cabinets de guerre devant un Tribunal de guerre, mais le sultan refusa car il considéra que ce n'était pas conforme à la Constitution. Aussi Tewfik pacha présenta sa démission le 3 mars 1919. Le lendemain, Damad Ferid pacha devint Premier ministre.

La commission d'enquête et les Cours martiales commencèrent en décembre à rassembler les documents officiels concernant les massacres arméniens. La police turque procéda à des perquisitions, en particulier à Nouri Osmanié, lieu de réunion du Comité central du parti Union et Progrès où elle découvrit des pièces officielles et des télégrammes, Elle perquisitionna à Péra dans la maison d'Ahmed Ramez bey, gendre du docteur Behaeddine Chakir, et y découvrit une grande valise contenant de nombreux documents et en particulier des minutes des réunions secrètes du Comité central de l'Ittihad dans un dossier séparé26. Le 4 février 1919, la veille de l'ouverture du premier procès, celui de Yozgad, le président de la Cour martiale extraordinaire demanda officiellement au ministre de l'Intérieur que soient remis à la Cour les documents officiels – originaux ou copies certifiées conformes concernant les massacres arméniens. Dès novembre 1918, Mazhar bey avait envoyé dans toutes les provinces des questionnaires afin d'enregistrer sous serment les déclarations orales ou écrites des personnalités politiques ou militaires turques. Souvent des notables s'adressèrent directement à Mazhar bey pour dénoncer le laxisme des tribunaux locaux et réclamer le jugement de criminels toujours en activité. Ainsi, le 8 décembre 1918, six notables turcs demandèrent à Mazhar bey que l'ancien commandant de gendarmerie de Boghazlian, Khouloussi bey, soit arrêté et jugé par la Cour martiale: « Après avoir massacré des milliers d'innocents enfants arméniens dans les environs de Césarée, Khouloussi bey est actuellement le commandant de la police de notre district [cazah]. C'est lui qui avait pris les bijoux et pillé les biens inestimables [des Arméniens]. Le fait a été constaté par [les autorités du] précédent gouvernement mais ledit Khouloussi condamné à seulement deux mois d'emprisonnement. Puis il a été libéré. Après avoir exterminé les Arméniens de la sorte, il a organisé dans notre district des groupes de bandits et de maraudeurs constitués de milliers de déserteurs. Il a été la cause de troubles et de plaintes. Une enquête effectuée à l'appui de notre déclaration permettra de révéler au grand jour toute la vérité et de conduire les coupables devant les tribunaux. Aussi sollicitons-nous de votre Excellence qu'elle fasse justice27. » Les vali et les commandants militaires exécutèrent les instructions de la commission d 'enquête et collectèrent les documents demandés. Malheureusement, une grande partie de ces documents avait été détruits en octobre 1918. Sous le ministère Izzet pacha, les Jeunes-Turcs avaient, tout en préparant leur fuite, effacé les traces qui auraient permis leur inculpation ultérieure. Toutefois plusieurs hauts fonctionnaires avaient conservé des pièces compromettantes qu'ils utilisèrent comme monnaie d'échange après avoir été arrêtés ou seulement interrogés. Ainsi le vali de Kharpout, Sabit, remit à la commission d'enquête un télégramme chiffré qu'il avait reçu de Talaat. Il fit savoir aux magistrats qui l'interrogèrent après son arrestation qu'il espérait, par ce geste spontané, atténuer leur rigueur28. Les documents colligés par la commission Mazhar étaient presque tous des télégrammes chiffrés, préalablement décodés par les fonctionnaires qui les avaient reçus. Ces télégrammes avaient été, pour la plupart, adressés par le ministère de l'Intérieur aux vali, par le ministère de la Guerre au commandant des armées, par le Comité central de l'Ittihad aux secrétaires spéciaux responsables des vilayet , par les chefs de l'Organisation spéciale de Constantinople aux dirigeants de l'Organisation spéciale des provinces, ou par le bureau de l'Organisation spéciale d'Erzeroum aux responsables des provinces29. Ainsi les ordres adressés au commandant de la IIIe armée (front du Causase), Kiamil pacha, et retransmis par circulaire aux vali des provinces sous sa juridiction, c'est-à-dire Erzeroum, Trébizonde, Bitlis, Van, Kharpout, Diarbékir et Sivas, furent réclamés aux vali de ces mêmes provinces par la commission d'enquête. Les vali de Sivas et de Diarbékir envoyèrent les originaux alors que ceux des cinq autres provinces conservèrent les originaux pensant pouvoir les utiliser pour leur défense comme preuve qu'ils n'avaient fait que se conformer aux ordres reçus. Suleïman Faïk pacha, commandant la division « Mamouret-ul Aziz », avoua qu'il conservait plusieurs télégrammes de Mahmud Kiamil pacha lui ordonnant d'exterminer les Arméniens30, Krieger cite des télégrammes saisis lors des perquisitions à Constantinople et rapporte plusieurs exemples de cette correspondance échangée entre les provinces et la Cour martiale de Constantinople :

– Demande adressée le 22 février 1919 au vali d'Angora d'un registre contenant la liste nominale de plus de quinze cents Arméniens massacrés à Boghazlian et dans les environs, documents se trouvant à la division militaire de cette ville.

– Le 9 février 1919, le vali d'Angora, Azmi bey, fait remettre par porteur à la Cour martiale de Constantinople les copies certifiées de télégrammes codés demandés par un télégramme du 2 février .

– En réponse à une demande du 2 février, le mutessarif de Césarée, Kemal, adresse le 8 février à la même cour les copies de seize télégrammes saisis au bureau de la division militaire « bien que la chose n'ait guère d'intérêt ».

– La direction du personnel du ministère de la Justice et des Cultes fait parvenir à la Cour martiale, le 8 février, la copie d'un télégramme envoyé par Atif bey dès sa nomination au poste de vali d'Angora, le 13juillet 1915 : il réclamait le licenciement de trois magistrats arméniens des tribunaux de Yozgad.

– Le chef de la commission de recrutement de la Ve armée remet à la Cour martiale la copie certifiée conforme du télégramme codé du remplaçant du commandant de la quinzième division de Césarée, Chehabeddine bey, à Khalil Redja bey, remplaçant le commandant de la Ve armée31. Dans un télégramme du commandant de gendarmerie de Boghazlian, Khouloussi bey, mis en cause par les notables de Césarée, télégramme daté de juillet 1915 et vérifié conforme à l'original, ce dernier reconnaît que le déplacement des Arméniens signifie bien un massacre32.

– En février 1919, le président de la Cour martiale de Constantinople demande aux responsables de Yozgad confirmation du massacre de six cents à sept cents Arméniens du village de Koum Kouyou, brûlés vifs, sur l'ordre du commandant de gendarmerie Tewfik bey, ainsi que les copies certifiées conformes des télégrammes échangés entre ce même Tewfik bey et son collaborateur Feyaz efTendi33.

– Enfin, le ministre de l'Intérieur du gouvernement turc, Djemal bey, fait parvenir en mains propres et « sous enveloppe spéciale », le 2 avril 1919 au procureur général de la Cour martiale, quarante-deux télégrammes codés envoyés du ministère de l'Intérieur aux différents vilayet du 1er mai 1915 à avril 1917 et remis par la préfecture d'Angora ainsi que d'autres documents provenant du vilayet de Konia concernant la déportation et les massacres d'Arméniens. Il inclut dans cet envoi les codes disponibles et promet d'envoyer au fur et à mesure de leur arrivée les documents venant des provinces34. Talaat avait en effet exigé des vali et de leurs subordonnés que les originaux et copies des documents officiels du ministère de l'Intérieur télégrammes, lettres, notes d'information, recensement des victimes, traitant des massacres arméniens lui fussent envoyés à Constantinople. Certains vali, on l'a vu, n'avaient pas répondu à cette requête et avaient préféré conserver les preuves de leur obéissance à des ordres supérieurs.

La commission d'enquête de Constantinople et les Cours martiales centralisèrent ainsi des milliers de pièces: originaux ou copies conformes de télégrammes, dépositions écrites, enregistrements de témoignages oraux recueillis sous serment et transmis par greffiers, rapports enregistrés après enquête. Chaque document fut authentifié par des officiers ministériels compétents et portait la note habituelle « Conforme à l'original » avant d'être introduit dans le dossier d'accusation comme pièce à conviction. L'ensemble de cette documentation colligée avant et pendant les procès fut répertorié et placé dans plus de deux cents dossiers numérotés contenant des références et des certificats d'authentification des pièces35. Une partie de ces documents fut publiée dans le supplément judiciaire du Journal officiel, Takvim-i Vekayi, consacré aux délibérations des tribunaux d'exception. Ce supplément judiciaire était bien entendu rédigé en osmanli. Mais la presse de Constantinople suivit les procès et les journaux publièrent des extraits des débats et parfois des documents. Une partie des informations sur les procès est directement accessible en français, en particulier le journal La Renaissance, quotidien édité en langue française par un Arménien, D. Agopian. Les représentants des Puissances alliées à Constantinople adressèrent à leurs ministères des exemplaires ou des Coupures de presse. A cette documentation judiciaire s'ajoute la publication au Journal officiel des séances d'audition de la commission de la Chambre des députés tenues du 5 au 11 décembre 191836.

Le premier en date de ces procès fut le procès des responsables des massacres de Yozgad. Il s'ouvrit le 9 février 1919 devant la Cour martiale extraordinaire. Les débats furent suivis par des journalistes. Plusieurs quotidiens rendirent compte des séances du procès, d'autres les résumèrent. Le Takvim-i Vekayi publia le procès-verbal de la plupart des séances de cette Cour martiale extraordinaire et ultérieurement des autres tribunaux de province ainsi que du procès principal tenu devant le tribunal militaire de Constantinople, dit « procès des Unionistes ».

Cette activité judiciaire intense menée par le gouvernement turc avait d'abord pour but d'établir la vérité sur les massacres, de révéler l'extraordinaire duplicité des deux gouvernements de guerre, de faire savoir qu'ils n'étaient que les instruments dociles du Comité central de l'Ittihad et que, par conséquent, le peuple turc, qui avait lui aussi souffert de leur cruauté, ne devait pas supporter la responsabilité collective de ce crime. L 'Union nationale arménienne tenait au contraire à disposer de sa propre documentation pour faire valoir auprès de la conférence de la Paix que, si l'extermination des Arméniens avait bien été organisée et ordonnée par l'Ittihad, les Turcs y avaient participé et qu'il était indispensable de démembrer l'Empire ottoman et d'accorder à l'Arménie un territoire national. C'est en fonction de cet intérêt supérieur qu'Andonian avait agi illégalement et subtilisé des documents qui revenaient de droit à la commission Mazhar .

La définition de ce contexte rend hautement improbable la fabrication de pièces falsifiées, à une époque où, dans chaque province, les fonctionnaires remettaient des ordres qu'ils avaient prudemment conservés au lieu de les détruire. Il convient d'ajouter que les archives turques n'ont depuis 1920 jamais révélé si elles avaient conservé les dossiers de la commission Mazhar et qu'il est probable que ces dossiers ont disparu car ils constituent à eux seuls une preuve infiniment plus accablante que les documents Andonian. Enfin, si l'on considère que les archives des ministères des Affaires étrangères allemand, autrichien, anglais et américain contiennent des milliers de pièces tout aussi accablantes, on voit mal pourquoi les historiens turcs concentrent leurs efforts sur les télégrammes publiés par Andonian, à moins que, dans une manoeuvre propre au révisionnisme, ils n'espèrent en abattant l'arbre détruire la forêt.

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1)
A. ANDONIAN, op. cit., pp. 167-168.
2)
Ibid., p. 162.
3)
A. MANDELSTAM, La Société des nations et les Puissances devant le problème arménien, Paris, Pedone, 1926 (rééd. .Beyrouth, Hamaskaïne, 1970, pp. 154-166).
4)
Cf. infra, doc n° 52.
5)
Ismaïl Djambolat était avec Midhat Choukrou le fondateur en septembre 1906 de la « Société de liberté ottomane » qui, un an plus tard, fut transformée en Comité Union et Progrès. Ahmed Tewfik pacha avait été Grand Vizir d'Abdul-Hamid et ambassadeur à Londres. Le général Ahmed Izzet pacha était également ancien Grand Vizir (B. LEWIS, Islam et laïcité, Paris, Fayard, 1988, p. 183 et pp.210-211).
6)
G. DYER. « The Turkish Armistice of 1918 », International Journal of Middle East Studies (Cambridge), vol 8, n° 2, mai 1972, pp. 152-153.
7)
Ibid., pp. 161-169.
8)
Loi constitutionnelle ottomane publiée à Bagdad le 12 mars 1921, cité par KRI.[2].
9)
Jamanag (Constantinople), 22 octobre 1918 (toutes les citations de journaux ottomans qui suivent sont extraites de KRI.[2]).
10)
Article de Yeni Gün, reproduit par La Renaissance (Constantinople), 22 décembre 1918
11)
L'article de Vakit fut reproduit par La Renaissance (Constantinople), 13 décembre 1918.
12
) L'article de Sabah fut reproduit dans La Renaissance (Constantinople), 15 décembre 1918.
13)
DAD.[1], note 106, p.356.
14)
Jamanag (Constantinople), 26 novembre 1918.
15)
Ibid., 27 novembre 1918.
16)
La Renaissance (Constantinople), 10 décembre 1918.
17)
Jamanag (Constantinople), 13 décembre 1918.
18)
Ibid., 25 décembre 1918.
19)
La Renaissance (Constantinople), 14décembre 1918.
20)
Ibid., 18 décembre 1918.
21)
Ibid., 21 et 22 décembre 1918.
22)
Ibid., 27 décembre 1918.
23)
Ibid., 15 décembre 1918.
24)
Ibid., 1er fevrier 1920.
25)
Stamboul (Constantinople), 15 décembre 1918. La Renaissance (Constantinople), 13 et 15 janvier 1919.
26)
Ariamard (Constantinople), 18 décembre 1918. En décembre 1918, ce journal remplaça pour quelques mois Azadamard.
27)
Cité par KRI.[2], pp. 79-80.
28)
Jamanag (Constantinople), 12 décembre 1918; Ariamard (Constantinople), 13 décembre 1918
29)
Cf. infra, « Troisième partie »,le Chapitre IV sur l'Organisation spéciale.
30)
La Renaissance (Constantinople), 20 avril 1919.
31)
Cf. le texte de ce télégramme, infra, « Deuxième partie », Doc. F.
32)
Cf. le texte de ce télégramme, infra, Doc. H. Ce télégramme comporte des erreurs de date : décembre 1914 au lieu de juillet 1915. Cette erreur est soulignée par KR.[2], p. 90
33)
KRI.[2], p. 91.
34)
KRI [2], pp.95-97 La plupart de ces documents ont été utilisés par la Cour martiale extraordinaire lors du procès de Yozgad.
35)
DAD.[1], p.340 et note 106, p.356
36)
DAD[1], note 106, p. 356 On peut consulter à la Bibliothèque Nubar (Paris) les collections du journal La Renaissance et du Takvim-i Vekayi.
Ternon, Yves. Enquête sur la négation d'un génocide, Marseille, Parenthèses, 1989
Description : 229 p. couv. ill. 24 cm
ISBN : 2-86364-052-6
72, cours Julien 13006 Marseille (France)
ed.parentheses@wanadoo.fr
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Nous remercions Yves Ternon et les éditions Parenthèsed de nous avoir autorisés à reproduire ce livre

 
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