RHAC II Partie II. Témoignages sur les camps de concentration de Syrie et de Mésopotamie

Témoignages sur Deir-Zor, Marat, Souvar et Cheddadiyé

49 - ARAM ANDONIAN

Le camp de Salihiyé, à Deir-Zor*

Salihiyé est une sorte de camp composé de maisons séparées qui servirent un certain temps de caserne. Ce sont des déportés arméniens qui construisirent ces maisons qui allaient par la suite devenir le point de départ des massacres de Zor. Il est situé à dix minutes à l’ouest de Zor. Bien plus tard, les maisons de Salihiyé firent office d’hôpital pour l’armée turque qui refluait du front de Bagdad et furent dès lors connues sous le nom de «Vatan hastahanesi» (= Hôpital de la patrie).

Lors des massacres de Zor, les Arabes rentraient en ville avec les bijoux volés aux déportés. Les hommes portaient des ornements féminins. Après la chute de Damas, lorsqu’il est également devenu évident que les Turcs allaient évacuer la ligne de Bagdad, les officiers et les fonctionnaires présents à Zor commencèrent à vendre l’énorme butin qu’ils avaient fait en pillant tout particulièrement les déportés. Sachant qu’ils ne seraient pas en mesure d’emporter des effets trop encombrants dans leur retraite, ils vendaient tout. A un certain moment, Deir-Zor s’étaient transformée en un véritable marché d’un bout à l’autre de la ville. Tous les biens, tapis, vêtements, literie, ustensiles de cuisine, hérités des Arméniens originaires de la ligne Constantinople-Cilicie, absolument tout pouvait se trouver sur le marché où on les vendait à vil prix.

* BNu/Fonds A. Andonian, Matériaux pour l’histoire du génocide, P.J.1/3, liasse 52bis, Meskéné, f° 88.