PROCÈS DU GÉNOCIDE

 Dossier :  LE RÔLE DES ALLEMANDS

Le rôle allemand dans le Génocide Arménien,
tel que le voient Eitan Belkind et Aaron Aaronsohn


Eitant Belkind

Aaron Aaronsohn

Écrivant en 1916 depuis le Danemark neutre au cours de la Première Guerre Mondiale au juge Julian Mack, un sioniste d'Amérique de premier ordre, Aaron Aaronsohn déclarait :

N'avais-je pas, dans mes conversations privées et conférences [aux USA avant la Première Guerre Mondiale 1], mis en garde contre le danger allemand ?
[Shmuel Katz, The Aaron Saga (Jerusalem; Gefen 2007); page 73]

Aaronsohn comprit que l'Allemagne [et l'Autriche-Hongrie] avait permis que le massacre des Arméniens se produise, massacre qu'il craignait de voir étendu aux Juifs. En fait, des recherches récentes ont démontré jusqu'à quel point les forces allemandes étaient impliquées dans les massacres. Mais Aaronsohn était au courant de la collaboration allemande au génocide des Arméniens de l'Empire ottoman dès son début. Il soumit un rapport à la Grande-Bretagne appelé Pro-Armenia. Il y rapportait le témoignage oculaire de Sarah Aaronsohn qui avait assisté aux massacres. Son rapport, ou mémorandum, avait été diffusé par les Britanniques parmi ceux de leurs officiels qui étaient concernés par la guerre avec l'Empire Ottoman et avec le Moyen-Orient. Mais curieusement, les Britanniques avaient supprimé deux passages :

1—Les critiques de Aaronsohn envers les Allemands qui s'abstenaient de faire aucune pression sur le gouvernement ottoman pour qu'il mette fin aux massacres; et
2—ses prévisions selon lesquelles l'État ottoman pourraient faire de même avec les autres sujets Chrétiens de l'empire et aussi aux Juifs. [S Katz, p.119]

Le compte-rendu de Ronald Florence, Lawrence et Aaronsohn (New-York : viking 2007), confirme le compte-rendu de Katz concernant le comportement d'Aaronsohn vis-à-vis des Allemands et de la collaboration allemande avec l'état ottoman pour le génocide. Katz est réputé pour sa biographie excellente et approfondie de Ze'ev Jabotinsky. Cependant, avant d'écrire sur la conduite des événements, Katz faisait partie du mouvement nationaliste juif sioniste dirigé par Jabotinski jusqu'à sa mort en 1940, puis plus tard par Menahem Begin. Katz faisait parti du haut-commandement de l' Irgun Tsava'i Le'umi, une organisation nationale militaire, un corps clandestin qui combattit les Britanniques et les chassa d'Israël, au moins de la partie des territoires d'Israël qui sont devenus l'état d'Israël dans la guerre de 1947-1949 d'indépendance.

Les raisons qui ont fait que ces deux passages soient écartés de la version distribuée du rapport d'Aaronsohn par les Britanniques ne sont pas connues. Mais Aaronsohn avait ouvertement peur que le génocide des Arméniens ne soit étendu aux Juifs. L'expulsion de leur maison de 9 000 Juifs à Jaffa et à Tel Aviv en 1917 ne fait que confirmer cette crainte. Les livres de Katz et de Florence démontrent tous les deux que les Juifs, sur la terre d 'Israël, vivaient alors dans la crainte. Cette crainte tait partagée par Eitan Belkind, dont le compte–rendu du témoignage sur le génocide a été cité dans diverses chapitres d'Emet m'Tsiyon. Cette crainte est à l'origine de la constitution du NILI dans la clandestinité.

Continuons à présent jusqu'au dernier chapitre du livre de Belkind sur le Génocide arménien. Ce passage montre comment Belkind lui-aussi releva l'attitude allemande vis-à-vis du génocide.

1 - L'auteur du texte entre crochets est le signataire de la page Eliyahu m'Tsiyon


J'ai envoyé une lettre à ma nièce, Tsilya, qui était étudiante à Berlin…dans ma lettre, qui avait été acheminée par la poste de l'armée allemande, je décrivais tout ce qui était arrivé aux Arméniens. Ma lettre m'a été retournée avec une injonction de ne plus jamais lui écrire de telles choses, de se méfier de l'armée allemande, parce que ma lettre pourrait être ouverte par les agents de la censure...

A Deir ez-Zor, j'étais avec Arto, un pharmacien, qui avait maintenant cinq femmes arméniennes qu'il avait épousées afin de sauver leur vie. Il m'a raconté qu'environ trente Arméniennes travaillaient dans l'hôpital militaire. Telle était la méthode du Docteur Bekhor pour les secourir.

Je dois dire que pendant tout le temps où je me trouvais à Aram-Naharayim, je n'ai pu manger du poisson de l'Euphrate, que j'appréciais particulièrement, me rappelant que ces poissons s'étaient nourris des corps d'Arméniens assassinés, y compris de ceux de jeunes enfants….

Tandis que je me trouvais, tranquille, à Damas… je passais mes rapports sur les massacres d'Arméniens à Yosef Lishansky.

Une fois de retour au centre d'essai [agricole, à Atlit, Israël près de Zikhron Ya'agov], je restais avec Sarah [Aaronsohn, la sœur d'Aaron]. Elle me dit que mes comptes-rendus sur les massacres arméniens, qu'elle avait envoyés [aux Britanniques] en Égypte, avaient fait grande impression.

Au cours de mes voyages au sud de la Syrie et d'Irak, j'ai vu de mes propres yeux l'extermination de la nation arménienne. J'ai vu les meurtres atroces et des têtes d'enfants coupées et vu livrés aux flammes des innocents dont le seul méfait était d'être Arméniens…

Sur les conseils des Allemands, les Turcs ont commis des massacres brutaux d'Arméniens en recourant aux services de fanatiques musulmans circassiens.
Livre d'Eitan Belkind, That's How It Was, the Story of a Member of Nili (Tel Aviv 1977) (C'était comme ça, l'histoire d'un membre du Nili).

Dans ses Remarques sur les Allemands, Aaronsohn semble avoir été prophétique sur l'arrivée de l'Holocauste;

Source :
http://ziontruth.blogspot.ca/2008/07/armenian-genocide-german-role-in-it-as.html
Traduction Gilbert Béguian

NDLR - Les parents d'Aaron Aaronsohn s'établissent en Palestine alors sous contrôle turc en 1882 alors qu'il avait six ans. Il sera l'un des principaux fondateurs du Nili (avec entre autres sa soeur Sarah), ce réseau d'espionnage juif créé en 1915 pour espionner la Turquie au profit des Britanniques. L'idée était de contribuer à la victoire des alliés contre les Turcs afin d'obtenir la cession de la Palestine aux Juifs la guerre une fois terminée. Par profession, Aaronsohn était agronome et botaniste. Après la Première Guerre Mondiale, il participera à l'action politique sioniste.
En dépit de son affinité avec la droite israélienne, tout au moins en apparence, (cf la page Obama et Franklin D. Roosevelt, les socialistes, la gauche et la haine des Juifs), on n'hésite pas une seconde sur le Génocide arménien, et sur son exécution par le gouvernement turc. Il est vrai que le rapport d'Aaron Aaronsohn repose sur des événements dont sa sœur a été témoin direct et que lui-même, plus tard a été témoin des massacres d'Arméniens en Syrie et en Irak. GB