Je vous prie de trouver ci-dessous les actes du colloque du 20 janvier dernier.
Philippe Kaltenbach
Sénateur des Hauts-de-Seine
Président du Groupe d'Amitié France-Arménie

AVANT-PROPOS
Plus d’un siècle après le génocide qui a frappé les populations arméniennes de l’ancien Empire ottoman, cette tragédie demeure niée par la Turquie, née de l’effondrement et de l’éclatement de l’Empire en 1918. La République turque en conteste la qualification, ce qui, en plus de refuser la réalité historique, paralyse ses relations avec la République d’Arménie.
L’Organisation des Nations unies a reconnu officiellement le génocide en 1985, le Parlement européen en 1987. De nombreux pays ont suivi la même voie, à commencer par la France avec l’adoption, par le Parlement, de la loi n° 2001-70 du 29 janvier 2001.
Parallèlement, le Sénat, tout en affirmant la reconnaissance par la loi de ce dramatique événement de l’histoire humaine, a souhaité contribuer au rapprochement des deux parties en leur offrant une enceinte de dialogue. Dans cet esprit, l’ancien président du Sénat, M. Christian Poncelet, avait réuni, le 8 novembre 2001, les maires d’Erevan et d’Istanbul pour mettre en place un programme de coopération décentralisée entre les deux villes et faciliter la compréhension mutuelle des deux peuples à travers leur jeunesse.
Les sociétés civiles arménienne et turque se sont impliquées par le lancement de diverses initiatives pour favoriser le développement des relations entre les deux États, en matière économique notamment.
Les Gouvernements arménien et turc eux-mêmes ont initié diverses actions en faveur d’une réconciliation. Le processus de rapprochement lancé en 2008 et 2009 avait abouti à la signature, à Zürich (Suisse) en octobre 2009, de protocoles sur le rétablissement des relations diplomatiques et l’ouverture de la frontière. Il avait aussi permis aux présidents arménien et turc d’assister, chacun dans le pays de l’autre, à un match entre les deux équipes nationales de football.
Ce processus qui avait suscité tant d’espoir est malheureusement aujourd’hui au point mort, la partie turque ayant décidé de lier la ratification des protocoles à la résolution du conflit territorial du Haut-Karabagh opposant l’Arménie et l’Azerbaïdjan.

À ce jour donc, isolées l’une de l’autre par leur histoire commune non apaisée, l’Arménie et la Turquie n’entretiennent toujours pas de relations diplomatiques et leur frontière demeure fermée depuis 1993.
Pourtant, le développement de cette région aux marches orientales de l’Europe impose que la paix s’y établisse, que les États normalisent leurs rapports, que leurs peuples cultivent les relations fraternelles auxquelles les conduisent naturellement leur voisinage.
Des femmes et des hommes de bonne volonté s’y emploient de part et d’autre de la frontière. Leur action courageuse dans des conditions difficiles mérite d’être soutenue.
C’est pourquoi le groupe interparlementaire d’amitié France-Arménie a souhaité donner la parole à celles et ceux qui, en Turquie, militent pour la reconnaissance du génocide arménien.
Une conférence a ainsi été organisée au Sénat réunissant quatre intervenants d’origines diverses : parlementaire, universitaire, journaliste et militante des droits de l’Homme, qui poursuivent un combat commun pour parvenir à terme à cette grande œuvre humaine : la reconnaissance du génocide arménien de 1915 par la Turquie elle-même.