Dossier   PÉDAGOGIQUE

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fiches : 01 à 10 | 11 à 20 | 21 à 30 | 31 à 40 | 41 à 50 | 51 à 60 | 61 à 70 | 71 à 80 | 81 à 90
001 - Que désigne-t-on par « génocide des Arméniens » ?

Par cette expression, on désigne l'extermination des deux tiers de la population arménienne de l'Empire ottoman pendant la Première Guerre mondiale, en 1915-1916, sur ordre du gouvernement «jeune-turc » de l'époque - soit de 1 ,2 à 1,5 million de victimes, à la fois militaires (soldats mobilisés dans l'armée ottomane) et civiles (femmes, enfants et vieillards restés dans les villes et les villages).
002 - Quelle est la définition d'un génocide ?

Le génocide est défini dans l'article II de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, adoptée par l'Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1948 et entrée en vigueur le 12 janvier 1951.
 Dans cette convention, « le génocide s'entend de l'un quelconque des actes ci-après, commis dans l'intention de détruire, ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel :
 a. meurtre de membres du groupe ;
 b. atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe ;
 c. soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ;
 d. mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ;
 e. transfert forcé d'enfants du groupe à un autre groupe ».
 
 Cette convention a été signée par la Turquie le 31 juillet 1950.
003 - L'extermination des Arméniens correspond-elle à la définition du génocide?

Oui. La communauté arménienne de l'Empire ottoman a souffert de chacune des exactions citées comme constitutives d'un génocide par l'ONU. Les Arméniens ont été exterminés non pour ce qu'ils avaient fait, mais pour ce qu'ils étaient.
004 - Quand a eu lieu le génocide des Arméniens?


Il s'est principalement déroulé d'avril 1915 à juillet 1916, période au cours de laquelle la plus grande partie de la population arménienne de l'Empire ottoman a été physiquement détruite.
005 - 24 avril, jour de commémoration du génocide des Arméniens. Pourquoi cette date?

 Cette date commémore le début du génocide : c'est le 24 avril 1915, à la veille de la bataille de Gallipoli, qu'a lieu la première rafle des élites de la capitale, Istanbul, visant à décapiter la nation arménienne. Environ 650 notables et intellectuels (il y en aura en tout plus de 2 000) sont arrêtés, déportés en Anatolie et assassinés.
006 - Qui a perpétré ce génocide ?

Ce meurtre de masse a été planifié et exécuté par le gouvernement ottoman, alors dirigé d'une main de fer par le « Comité Union et Progrès » (Ittihad ve Terraki), issu de l'organisation nationaliste des Jeunes-Turcs. Ce mouvement, apparu en 1889 au sein d'étudiants de l'école militaire de médecine d'Istanbul, et composé de plusieurs courants (décentralisateur ou, au contraire, jacobin), avait pour objectif de sauver l'Empire ottoman en déclin. Le Comité Union et Progrès, représentant l'aile la plus radicale et la plus nationaliste du mouvement, avait opté pour une politique de « turquification » du territoire et de la population et de « pantouranisme », c'est-à-dire d'une alliance des peuples turcs, des Balkans à l'Asie centrale.
007 - Y avait-il eu des antécédents aux massacres de 1915 ?

Oui. Ce processus génocidaire avait commencé deux décennies plus tôt, avec les massacres de 1894-1896, sous le « sultan rouge » Abdulhamid Il (1876-1909), qui firent de 200 000 à 250 000 morts. Ils furent suivis par les massacres d'avril 1909, principalement à Adana, en Cilicie (30 000 morts), durant cette période trouble de transition entre la chute d'Abdulhamid Il et la mise en place du nouveau régime des Jeunes-Turcs, qui avaient mené la révolution constitutionnelle de juillet 1908.
008 - En-quoi le génocide de 1915 se distingue-t-il de ces précédents massacres ?
L'ambassadeur américain à Istanbul, Henry Morgenthau, qui fut l'un des grands témoins des événements de 1915, rapporte que Talaat Pacha, le principal architecte du génocide, se vantait d'avoir « plus fait pour la solution du problème arménien en trois mois qu'Abdulhamid en trente ans ». Le génocide de 1915 se distingue par son ampleur (il vise à faire disparaître l'ensemble de la population arménienne de l'Empire et non plus à « remettre à sa place» une minorité dominée) ; son organisation méthodique et planifiée (les déportations et massacres ont lieu simultanément dans tout l'Empire, et suivant un même modèle) ; sa modernité dans les moyens (large utilisation du télégraphe) et dans son idéologie - le nationalisme paranoïaque d'un groupe révolutionnaire proto-totalitaire, excluant l'adversaire supposé, privé de son humanité, comme un danger mortel : le Comité Union et Progrès voit en effet les Arméniens comme de dangereux ennemis de l'intérieur, supposés russophiles et séparatistes, gênant leur projet d'un État ethniquement homogène et d'une « économie nationale », L'année 1915 se distingue aussi par le contexte propice, empêchant toute intervention extérieure, d'une guerre totale comme l'a été le premier conflit mondial, auquel l'Empire ottoman participe aux côtés des Puissances centrales (Allemagne, Autriche-Hongrie) contre l'Entente (France, RoyaumeUni, Russie).
009 - Comment a été organisé ce génocide ?
On ignore la date précise de la décision. En février 1915, le génocide commence par le désarmement, l'affectation à des bataillons de travail (amale tabouri) puis l'exécution des soldats arméniens mobilisés dans l'armée ottomane. Il se poursuit par la destitution des fonctionnaires et l'arrestation puis l'élimination des élites (députés, médecins, avocats, enseignants, journalistes, commerçants, etc.). Enfin, il débouche sur l'expulsion du reste de la population des villes et des villages sous prétexte de les déplacer loin des zones de front : les rares hommes valides non mobilisés sont séparés de leurs familles et assassinés, tandis que les femmes, les enfants et les vieillards sont soit massacrés sur place, soit affamés, soumis à toutes sortes d'atrocités (viols, tortures, mutilations) et déportés vers les déserts de Syrie et d'Irak où les rares survivants de ces marches de la mort sont regroupés dans des camps de concentration, puis dispersés et anéantis. Les déportations, à pied ou, quand il existe une voie ferrée, dans des wagons à bestiaux, sont à la fois le moyen principal d'extermination et de dissimulation du génocide. La conversion à l'islam n'offre souvent qu'un répit temporaire, à la différence des années 1894-1896. À noter, l'enlèvement fréquent de jeunes filles et d'orphelins, turquisés de force, ce qui sera plus tard à l'origine de la définition d'un des éléments constitutifs du génocide en dehors des massacres - à savoir le « transfert forcé d'enfants du groupe à un autre groupe ".
 
010 - Où ces massacres ont-ils été perpétrés ?




Dans toutes les provinces peuplées d'Arméniens en Anatolie, dans les six vilayet (provinces) de l'est (autour des villes d'Erzeroum, Van, Bitlis, Diyarbakir, Sivas, Kharpout, Trébizonde) qui constituaient leur principale aire de peuplement historique avec la Cilicie au sud, mais aussi dans les régions du centre et de l'ouest (Adabazar, Boursa, Kastamouni, Konya, Angora, Yozgat, Amasya, etc.), où existaient de fortes communautés arméniennes.