Les passes du Taurus et de l'Amanus. Extrait d'une lettre de A. datée d'Alep du 5 novembre 1915, du Dr. L. {Shepard} un résident étranger en Turquie à Mr. N. {Peet} à Constantinople. Communiquée par le Comité Américain de Secours aux Arméniens et aux Syriens.

Ainsi que je vous l'ai télégraphié d'Adana, j'ai eu un voyage sans incident. Je sentis que je ne pouvais pas consacrer toute une semaine à Koniah ; personne ne vint à ma rencontre à l'arrivée du train, et je n'eus que le temps d'aller en ville. De très grands nombres d'Arméniens sur la route, souffrant de la faim, du manque de vêtements et du froid ; un grand nombre d'entr'eux, très âgés ou très jeunes ou des femmes voyagent à pied, portant des fardeaux ou des enfants etc. etc.. J'ai vu Miss M. et je lui ai laissé 100 livres turques. Elle peut les employer pour les déportés en route, entre Osmanié et Entilli. Alep est le grand centre pour les travaux de secours, et les besoins dépassent toute évaluation. Je pense que les 150.000 déportés (et peut-être y en a-t-il davantage), passeront par ici ; ils sont maintenant en route entre Koniah est Alep. Il y en a un grand nombre dans cette ville en ce moment et un grand nombre aussi près d'ici. Des amis indigènes de confiance sont à même de dépenser beaucoup d'argent par petites sommes. Le Catholicos va être envoyé d'ici à Jérusalem.

Il n'y a malheureusement aucun moyen d'atteindre efficacement des milliers de déportés qui sont en route ; il y en a 10.000 entre Bozanti et Tarsous ; 20.000 à Tarsous ; 40.000 entre Osmanié et Islahié (qui est actuellement le terminus de la ligne du chemin de fer) ; et 40.000 à 50.000 à Kotmo. J'ai vu ce matin Djemal Pacha au sujet de nos professeurs d'Aïntab. Il semble bienveillant et il me demanda de m'informer si quelqu'ordre aurait été envoyé du Ministère de l'Intérieur et du Vali d'Alep Je vous préviendrai s'il en résulte quelque chose.

P. S. Le typhus a éclaté ici.

 

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