Les districts métropolitains : informations publiées dans le journal arménien « Gotchnag » de New-York.

a ) Thrace : Examen de la situation, publié le 38 août 1915.

A Andrinople, tous les fonctionnaires arméniens des Administrations, des services publics ou financiers, ont été renvoyés par ordre du gouvernement. Les soldats turcs, venant des autres districts, qui ont été transférés ici, commettent des atrocités sans précédent. Les Arméniens sont continuellement exposés à des persécutions; environ 50 Arméniens de la ville ont été emprisonnés ou exilés. On défend aux Arméniens de partir pour l'étranger, ou même de voyager dans les limites de la province.

Les Arméniens de Kéchan ont été exilés. Les bateliers arméniens de Silivri ont été emprisonnés sous l'accusation de ravitailler les sous-marins anglais.

Le Gouvernement a confisqué à Dimétoka l'église et le monastère arméniens. Deux semaines furent accordées aux Arméniens de cette localité pour se préparer à émigrer vers d'autres lieux.

Deux semaines de grâce furent accordées aussi aux Arméniens de Malgara, avant leur exil. Leurs maisons sont destinées à recevoir les réfugiés turcs de Serbie.

Les Arméniens de Tchorlou ont été déportés.

b ) Constantinople: Information1 publiée le 4 septembre 1915. Dans tous les quartiers de Constantinople, ils ont commencé à inscrire sur un registre les noms des Arméniens, en tenant des listes séparées pour ceux qui sont nés en Arménie et ceux qui sont nés à Constantinople. On croit qu'ils vont déporter les immigrants d'Arménie. On a empoisonné six élèves arméniens de l'école normale des professeurs ottomans à Constantinople, pendant un repas. L'un d'eux, — Khosrov, né à Van, — est mort; les cinq autres sont en traitement à l'hôpital. La presse turque à Constantinople commence à préparer l'opinion publique à la destruction des Arméniens. Le « Tanin » et le « Sabah », en particulier, ont consacré des articles à ce sujet, développant l'idée qu'il était préférable, dans L'intérêt des Turcs, d'avoir une population homogène ; ils concluent que les Arméniens doivent être éliminés comme des ennemis irréconciliables.

c ) Constantinople et les alentours : Information, publiée le 2 octobre 1915.

D'après une dépêche publiée dans la presse américaine, les Arméniens du quartier de Péra (à Constantinople), se sont sauvés. Près de 4.000 Arméniens de Constantinople ont trouvé asile en Bulgarie. Des bruits ont circulé dernièrement que tous les Arméniens de Scutari allaient être déportés. Enver Pacha confirma ces rumeurs et ajouta que, s'il le voulait, il pouvait, dans l'espace de quinze jours, déporter tous les chrétiens de Constantinople, de façon à ce qu'il ne reste plus à Constantinople que des Turcs et des Allemands. D'après d'autres rumeurs, les Arméniens de Scutari et d'Ortakeui ont déjà été déportés. De même les villages du Bosphore supérieur ont été vidés de leurs habitants arméniens. Nous avons appris, par une lettre, que les jeunes filles arméniennes que l'on élève à l'Ecole Américaine de Constantinople ont été emmenées par les Turcs.

A Brousse, tous les riches Arméniens ont été convertis à l'islamisme; les pauvres ont été déportés; leurs enfants ont été vendus pour vingt piastres chacun, (environ 4 francs).

A Smyrne, plusieurs Arméniens ont été pendus récemment. Le Consul autrichien de la ville demanda à l'Ambassadeur d'Autriche à Constantinople, de demander des explications au gouvernement turc. Il lui fut répondu que les Arméniens avaient un Patriarcat et devaient protester par son entremise. « Quant à vous, si vous êtes notre allié, vous ne devriez pas vous mêler de pareilles questions. »

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1) La source n’est pas spécifiée.