Leslie A. Davis

Dépêches consulaires de 1915

n° 173 Consulat des Etats-Unis
Mamouret-ul-Aziz (Kharpout),
Turquie le 30 décembre 1915

A S. E. Monsieur Henry Morgenthau
Ambassadeur des Etats-Unis
Constantinople

Monsieur l'ambassadeur,

J'ai l'honneur de poursuivre comme suit mes rapports des 30 juin, 11 juillet, 24 juillet, 23 août et 7 septembre (dossier n° 840.1) concernant la déportation et le massacre des Arméniens dans cette région.

Les quatre derniers mois ont été pleins d'incertitude et d'angoisse pour tout le monde. Il n'y a eu aucune sécurité assurée pour aucun des quelques Arméniens laissés ici après les déportations de juillet et d'août, qu'ils aient été autorisés à rester parce qu'ils étaient protestants, catholiques, citoyens américains ou pour d'autres raisons, et il n'existe aucune assurance digne de confiance prouvant que la question arménienne est close. A une ou deux reprises, le crieur de ville a annoncé par ordre du vali qu'aucun Arménien ne serait plus déporté et que tous pouvaient se montrer sans crainte, mais la fausseté de ce genre d'annonce est apparue quelques semaines plus tard, lorsqu'intervinrent l'arrestation en masse et la déportation de ceux qui avaient cru pouvoir y ajouter foi. La ruse a été si efficace qu'elle se répétera probablement mais, aussi souvent que se répétera le procédé, je ne doute absolument pas que d'autres s'y laisseront prendre de la même façon tant qu'il en restera. Il semble qu'il y ait autant de raisons de craindre de nouvelles arrestations et déportations des Arméniens demeurés ici qu'il y en a eu à tout moment au cours des six derniers mois. Personne ne sait ce qui va pouvoir se passer ni quand cela se produira. Personne ne sait si les quelques-uns qui y ont échappé jusqu'ici seront finalement épargnés ni si ceux qui ont perpétré ce crime, probablement le plus atroce qui ait été commis contre une race ou un peuple, vont continuer jusqu'à l'extermination du dernier Arménien dans ce pays.

Les prédictions faites et les craintes exprimées dans mes rapports précédents sur ce sujet ne se sont pour la plus grande part que trop pleinement réalisées. Etant donné que deux d'entre eux (n° 62 du 30 juin et n° 71 du 24 juillet) ont été apparemment égarés ou bien ont été interceptés par les autorités, je joins des copies de ces rapports à ma dépêche d'hier, numéro d'envoi 172. On remarquera qu'il s'agit de rapports qui n'étaient pas destinés à être lus par des fonctionnaires turcs, mais je présume que c'est quand même ce qui s'est produit. On a accusé réception de mes rapports des 11 juillet, 23 août et 7 septembre.

Dans ce dernier, je parlais du fait que l'on avait fait partir un grand nombre de protestants quelques jours avant réception de l'ordre exemptant les protestants de la déportation. On a dit qu'ils se trouvaient près de Malatia au moment où l'ordre est arrivé, et j'ai tout fait pour essayer de les faire revenir ici, mais sans succès. Quelques-uns cependant ont réussi à revenir, sans toutefois avoir la permission des autorités. Ils y sont parvenus en payant des sommes considérables, souvent de 50 à 100 livres turques, à des Kurdes qui les amenaient ici de nuit. Bien entendu, c'étaient pour la plupart des femmes puisque tous les hommes avaient été déportés plus tôt au cours de l'été. La police a fait la chasse à ceux qui étaient revenus de cette façon et en a pris beaucoup. Ils ont été de nouveau déportés et leur sort est facile à imaginer.

L'un des épisodes les plus notables de la terrible tragédie qui se déroule est la vente par les autorités aux enchères publiques de grandes quantités de vêtements d'occasion saisis sur les déportés arméniens qui ont été assassinés. De nombreux ballots de vêtements de ce genre ont été amenés en ville et la vente s'est déroulée pendant des jours et des jours sur la place du marché. J'ai appris que la même chose avait lieu dans les autres villes du vilayet. J'y ai assisté ici moi-même. On imagine difficilement quelque chose d'aussi sordide et d'aussi affreux. Un autre acte de barbarie encore plus effarant et qui m'a été relaté par des survivants des massacres, c'est que les gendarmes vendaient les déportés par groupes de cinquante ou de cent à des Kurdes qui devaient les tuer et à qui revenait tout ce qui se trouvait sur eux. Etant donné que les déportés étaient soigneusement fouillés et volés par les gendarmes, les Kurdes obtenaient rarement autre chose que quelques vieux vêtements de ceux qu'ils tuaient. C'est ainsi que s'est effectué le « déplacement » des Arméniens.

Un autre fait qui doit être mentionné dans le cadre de la situation actuelle est la destruction partielle des églises des villages voisins. Toutes les églises de la région sont bien entendu aux mains des Turcs.

Le dimanche 26 septembre, le vali a fait annoncer que les Arméniens ne seraient plus déportés. Pendant plusieurs semaines après cette annonce, tout parut tranquille, et de nombreux Arméniens, qui étaient jusqu'alors restés cachés, s'aventurèrent à sortir. Certains se firent musulmans en pensant que cela les mettrait à l'abri. Soudain, au milieu de l'après-midi du jeudi 4 novembre, jour de foire où la foule affluait dans les rues et sur la place du marché, la police se mit à arrêter tous les Arméniens et tous les Syriens qu'elle pouvait trouver. Beaucoup furent pris dans les rues ; on perquisitionna les maisons connues pour abriter des Arméniens, et les occupants tramés dehors, parmi lesquels la famille de l'un de mes cavas ; l'hôpital américain fut encerclé, la police y pénétra et arrêta un grand nombre de gens qui s'y trouvaient ; un policier fut mis en faction devant le consulat pour empêcher quiconque d'entrer pour y chercher refuge ; parmi ceux qui furent arrêtés et mis en prison se trouvaient certains des citoyens américains que j'avais protégés et un grand nombre d'autres personnes pour lesquelles j'avais obtenu l'autorisation de rester. En deux ou trois heures, la police réunit à la prison environ 500 personnes trouvées dans la ville. Je passai tout l'après-midi et toute la soirée, ainsi que toute la journée du lendemain, à essayer de retrouver ceux que j'avais tenté de protéger, de voir lesquels étaient saufs, lesquels avaient été arrêtés, et je rendis visite au commandant militaire, qui faisait alors fonction de vali, ainsi qu'au chef de la police, afin d'obtenir la libération de ceux qui avaient été appréhendés. Je n'oublierai jamais la scène à laquelle j'assistai ce soir-là, lorsque j'allai voir le chef de la police une seconde fois avec la liste des personnes arrêtées que je voulais faire libérer. La foule des prisonniers était rassemblée devant son bureau, chacun étant en danger de mort et s'y attendant, mais espérant quand même que quelqu'un viendrait les sauver. On les appelait un par un dans le bureau où je me trouvais avec le chef de la police et le commandant de gendarmerie. Tous ceux en faveur desquels j'intervins furent relâchés, sauf un : il s'agissait d'un jeune homme qui avait enseigné dans une école turque et qui était un ami de mon secrétaire. Au cours de l'été, j'avais obtenu la permission qu'il reste et je l'avais gardé au consulat pendant plusieurs mois. Il avait cependant décidé de se faire mahométan et avait quitté le consulat quelques semaines avant cette décision, cela contre l'avis de la plupart d'entre nous. Il avait essayé alors de retrouver son emploi à l'école et de toucher les arriérés de son traitement. En compagnie de deux autres jeunes gens qui avaient également embrassé le mahométisme et qui essayaient de toucher les sommes dues par les autorités, ils furent sortis de prison un ou deux jours plus tard et abattus à quelque distance de la ville. Je tiens de bonne source que la raison essentielle pour laquelle ces jeunes gens ne furent pas libérés est le fait qu'ils avaient essayé de récupérer l'argent que les autorités leur devaient. La vie humaine n'a pas grande valeur ici et les fonctionnaires ont une méthode efficace de faire faire des économies à l'Etat.

Tous les Syriens et un grand nombre d'Arméniens de cette ville arrêtés le 4 novembre ont finalement été relâchés d'une façon ou d'une autre. Le lendemain, il y eut une arrestation massive d'Arméniens à Kharpout mais la plupart furent relâchés. Cela se passa moins bien dans les villages. Toute la population arménienne de la plupart avait déjà été déportée et massacrée, ainsi que je l'ai déjà signalé (voir ma dépêche du 7 septembre, page 17, dossier n° 840.1, et ma dépêche du 9 octobre, page 2, dossier n° 310). Dans d'autres cependant, un assez grand nombre de femmes et d'enfants avaient été laissés sur place. Parmi ceux-ci, beaucoup furent arrêtés et amenés ici le vendredi 5 et le samedi 6 novembre. J'en vis un convoi de plusieurs centaines conduit ici comme un troupeau par plusieurs gendarmes. Ils venaient d'un village situé à quelque distance et étaient déjà épuisés. Les mères avaient des enfants dans les bras, une femme en portait une autre sur son dos, les vieillards, les infirmes, les aveugles titubaient, comme stupéfiés et hébétés, et étaient brutalement poussés en avant par les gendarmes s'ils s'attardaient. Je les vis rassemblés devant le bureau du chef de la police où des ordres furent donnés à leur sujet et ils durent partir. Il est probable que de 1 000 à 2 000 personnes furent envoyées sur les routes à ce moment-là et j'ai appris leur sort par quelques survivants qui ont réussi à revenir. Il s'avère que, peu de temps après avoir quitté la ville, ils furent divisés en petits groupes et emmenés dans des directions différentes ; ceux qui se trouvaient dans ces groupes, et probablement d'autres aussi, furent emmenés dans des vallées isolées et tués à la baïonnette par des gendarmes. Ceux-ci couvrirent alors les corps de broussailles et tentèrent de les brûler. Quelques-uns seraient arrivés jusqu'à Diarbékir mais depuis on n'a plus entendu parler d'eux, du moins à ma connaissance, et il fait peu de doute qu'ils aient été tous finalement assassinés. Il faut noter qu'il y a peu, et peut-être pas, de villageois déportés, soit à ce moment, soit auparavant, qui soient jamais arrivés sains et saufs à leur prétendue destination. Les rares dont on sait qu'ils sont parvenus quelque part sont pour la plupart des gens des villes qui avaient quelques moyens et purent probablement, pour avoir la vie sauve, payer les gendarmes qui les accompagnaient ; mais apparemment, tous les paysans ont été massacrés. En ce qui concerne beaucoup de gros bourgs, on n'a reçu aucune nouvelle d'aucune des personnes qui en avaient été déportées.

Le terme de « vilayet-abattoir », ainsi que j'ai qualifié celui-ci dans mon dernier rapport sur le sujet (7 septembre), s'est trouvé pleinement justifié par ce que j'avais appris et vu effectivement depuis cette date. Il s'avère que tous ceux des convois mentionnés à la page 15 de ce rapport, hommes, femmes et enfants, ont été massacrés à environ cinq heures de distance d'ici. En fait, il est presque certain que, à l'exception d'un très petit nombre de ceux qui furent déportés pendant les premiers jours de juillet, tous ceux qui sont partis d'ici ont été massacrés avant d'atteindre les limites du vilayet. Il est assez difficile de comprendre le plan qui a permis d'amener jusqu'ici tous les gens déportés de Trébizonde, Ordou, Kherassoun, Zara, Erzeroum et Erzindjan, pour être massacrés dans ce vilayet. Au cours de la deuxième semaine de septembre, plusieurs centaines d'Arméniens, qui étaient allés chercher des céréales à Mouch pour les autorités, sont rentrés ici avec leurs chars à bœufs. Presque tous furent conduits en prison, puis sortis quelques jours plus tard, et enfin massacrés. Au cours des deux derniers mois, un grand nombre de soldats arméniens ont été amenés ici d'Erzeroum par groupes de deux ou trois cents. Ils étaient dans un état absolument lamentable en raison des intempéries et des privations qu'ils avaient subies. Après tout ce qu'ils avaient enduré et après avoir parcouru une aussi longue route, il s'avère que presque tous ont été tués quelques heures après être partis d'ici. Quelques-uns ont pu s'échapper et ont raconté que les gendarmes les avaient liés ensemble à peu de distance de la ville. Le sens de cette mesure était apparent et certains résistèrent : on peut voir leurs cadavres le long de la route. Les autres furent emmenés un peu plus loin et tués dans la montagne. L'un des tristes spectacles auxquels on assiste dans cette ville est de voir les unités de ces soldats amenés ici de temps à autre lorsque l'on sait qu'on les massacre comme des animaux. Nous nous demandons tous pourquoi ce vilayet a été choisi comme abattoir.

L'un des aspects les plus frappants de la situation actuelle dans la région est le nombre d'immigrants musulmans arrivant des régions de Van, Mouch et Bitlis. Nombreux sont les villages arméniens entièrement dépeuplés au cours de l'été et occupés maintenant par les immigrants musulmans. Certains pensent que l'un des mobiles pour l'élimination des Arméniens était de faire de la place pour ceux-ci. Quoi qu'il en soit, ils semblent assez nombreux pour remplir tous les lieux laissés disponibles. Comme ils semblent être de très pauvres gens, reste à savoir quel sera l'effet que ce changement dans la composition de la population aura sur l'industrie de la région.

Sur 100 000 Arméniens qui habitaient ce vilayet il y a un an, il n'en reste probablement pas plus de 4 000. On a dit récemment qu'il ne resterait ici pas plus de cinq pour cent des Arméniens. Ce chiffre même semble maintenant douteux. Il y en a probablement plus proportionnellement dans les villes de Mamouret-ul-Aziz et Kharpout qu'en tout autre endroit, car beaucoup sont venus de villages où il ne reste plus aucun Arménien, qu'ils ne peuvent y vivre, et que c'est ici qu'ils ont cherché refuge. On estime qu'entre 15 et 30 % de la population arménienne subsistant dans ce vilayet se trouve maintenant dans ces deux villes et dans deux ou trois villages voisins, mais les individus sus-mentionnés récemment arrivés ici représentent maintenant une proportion considérable. Les enfants de l'orphelinat allemand, au nombre de 4 ou 500, constituent un autre élément important de la population subsistante. Il resterait aussi un grand nombre d'Arméniens cachés chez les Kurdes du Dersim, mais il est impossible d'apprécier leur nombre de façon précise. Ils sont peut-être 500 ou 1 000. Dans d'autres parties du vilayet, on en trouve très peu, et aucun dans beaucoup de bourgades et de villages si l'on excepte les femmes qui ont accepté d'embrasser le mahométisme et qui vivent avec des Turcs.

Dans ma brève dépêche n° 170 d'hier, je mentionnais la pression exercée sur presque toutes les femmes arméniennes, y compris sur les épouses d'Ottomans naturalisés américains, afin qu'elles se fassent musulmanes. Conformément à l'instruction de l'ambassade datée du 30 novembre, je m'efforce de les dissuader d'avoir recours à ce moyen. Un très grand nombre de femmes sont venues me trouver au cours des dernières semaines pour me parler de cet aspect des choses. Elles disent que, si elles refusent, la déportation les menace, ce qui signifie une mort presque certaine. Il n'est en aucune façon improbable que ce soit dans de nombreux cas effectivement le résultat d'un refus. Bien entendu, je ferai tout ce qui est possible pour sauver et d'un sort et de l'autre toutes les femmes qui ont à un quelconque titre droit à la protection américaine.

L'une des déceptions que l'on éprouve dans la terrible situation actuelle et l'un des commentaires les plus tristes que l'on puisse faire sur l'action des Missions américaines parmi les Arméniens sont leur absence de principes religieux et moraux et la bassesse générale de la race. Au cours de tout ce qui s'est passé pendant l'année qui vient de s'écouler, je n'ai pas entendu parler d'un seul acte d'héroïsme ou de sacrifice, et les actes nobles, s'il y en a eu, ont été fort peu nombreux. Au contraire, des mères ont donné leurs filles aux Turcs les plus vulgaires et les plus vils pour sauver leur propre vie ; pour la plupart des gens, changer de religion est une affaire de peu d'importance ; le mensonge et la fourberie et un amour immodéré de l'argent sont les péchés habituels de presque tous, même lorsqu'ils se trouvent dans les ombres de la mort. Lorsque les étudiants du séminaire américain de théologie ont été arrêtés, presque tous ont menti sur tel ou tel point afin d'avoir la vie sauve. La sincérité absolue est presque inconnue parmi les membres de cette race. On recherche l'argent à tout prix, même au risque de sa vie, comme dans le cas d'un jeune homme déjà mentionné dans cette dépêche, que j'avais sauvé de la mort, et que j'avais essayé d'aider en le gardant plusieurs mois au consulat. Toutes les ruses et tous les stratagèmes sont employés, tant par ceux qui ne sont pas dans le besoin que par ceux qui cherchent à obtenir de l'argent, souvent en en privant d'autres qui sont bien plus nécessiteux. A tous les points de vue, c'est une race qu'on ne peut admirer bien qu'on doive en avoir pitié.

C'est maintenant le moment de considérer ses besoins et non pas ses mérites. Les 1 000 ou 2 000 Arméniens qui se trouvent dans les environs immédiats sont, pour la plupart, dénués de tout et dépendent de la charité. Beaucoup attendent des envois de fonds d'Amérique, mais beaucoup d'autres ne peuvent attendre aucune aide, ni de là-bas ni d'ailleurs. Pratiquement tous ceux qui restent ici sont des femmes et des enfants, et très peu d'entre eux ont de quoi acheter du pain ou la possibilité de gagner de quoi s'en procurer. Les secours sont assurés par les missionnaires allemands et américains, mais il ne suffit pas en ce moment de répondre aux besoins. Je serai heureux de faire tout ce qui est possible pour soutenir cette action, ainsi que je l'ai fait avec les fonds déjà envoyés par l'ambassade à cette fin, et je continuerai avec tous les fonds que l'ambassade pourra m'envoyer à l'avenir.

L'important est pour l'instant de maintenir les gens en vie puis de les aider à quitter le pays aussitôt que cela sera possible. Il n'y a toutefois aucun moyen de savoir quelles autres mesures pourront être prises contre les quelques survivants qui restent ici, et la difficulté, dans les conditions présentes, qu'il y aura à les sauver en cas d'urgence du couteau des égorgeurs de cette région est peut-être plus grande que ne sauraient l'imaginer ceux qui vivent en des lieux plus civilisés. Le seul moyen efficace que j'ai trouvé, ainsi que je l'ai déjà expliqué, a été de garder les gens au consulat et le nombre de ceux que l'on peut ainsi sauver est naturellement limité.

J'ai l'honneur d'être, Monsieur l'ambassadeur,
votre très obéissant serviteur,
/signé/
/Leslie A. Davis/
consul

Chiffré :

J'ai l'intention de compléter ces rapports sur la déportation et le massacre des Arméniens par un compte-rendu sur les deux déplacements que j'ai faits jusqu'à aujourd'hui près d'un lac situé à quelque cinq heures de distance d'ici et où j'ai vu les cadavres d'au moins 10 000 personnes, dont beaucoup avaient été tués récemment, et d'illustrer ces comptes-rendus par des photographies que j'ai prises de déportés encore en vie dans les camps. Il ne serait pas prudent d'envoyer un tel rapport maintenant.


Source : Leslie A. Davis à Kharpout à Henry Morgenthau, ambassade des Etats-Unis, Constantinople, le 30 décembre 1915, inclus dans l'envoi de Hoffman Philip [Chargé d'Affaires] à Constantinople au Secrétaire d'Etat, 17 février 1916, N.A., D.S., R.G. 59, Dec. File No. 867.4016/269.

Extraits de: Leslie Davis. La province de la mort : archives américaines concernant
le génocide des Arméniens, 1915.
Complexe, 1996.

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